Le choc du coronavirus raconté par les Bourses mondiales

DATA VS DATA. De New York à Tokyo en passant par Paris, La Tribune retrace en 3 graphiques la réaction des principales places boursières face à la crise. Les Etats-Unis, portés par la Tech, relèvent rapidement la tête, les Bourses asiatiques profitent de l'engouement des investisseurs pour leurs marchés, alors qu'en Europe, la reprise se fait en ordre dispersé. Cette crise, plus brutale qu'en 2008, est néanmoins mieux maîtrisée grâce à la réactivité des banques centrales.
(Crédits : La Tribune)

Mi-février 2020, le choc est inédit. La pandémie de Covid-19 a fait s'effondrer les Bourses mondiales. Les indices, en chute libre, ont tous perdu entre 35 et 40% de leur valeur en un temps record. Le krach a été suivi d'un net rebond, mais les indices ne sont pas tous remontés de la même manière. En Allemagne, le Dax 30 a repris des couleurs dès le mois de juin - avec plus de 6% de hausse sur le mois -, alors que le CAC 40 évolue plus lentement (moins de 3% de hausse sur la même période). Comment expliquer de telles disparités entre les indices ?

L'indice allemand, qui atteint aujourd'hui plus de 13.200 points, a pu bénéficier rapidement de l'impact de la reprise du commerce mondial. Le pays est en effet très industrialisé et très ancré dans le commerce mondial. Le CAC 40 est quant à lui à la traîne et se situe encore 20% en dessous de sa valeur de début d'année. Et l'écart risque de se creuser... « En France, le plus gros du choc va probablement se produire dans les deux prochains trimestres », anticipe l'économiste Véronique Riches-Flores.

« Le plan de relance a été mal pensé en France. Le gouvernement a prévu 30 milliards d'euros pour 2021. C'est trop peu et trop loin. A force de vouloir étaler dans le temps, on n'aura pas de choc positif. L'Allemagne de son côté a anticipé car les mesures sont concentrées sur 2020 et 2021 », poursuit-elle.

La crise n'a pas non plus épargné l'économie espagnole qui peine à se relancer. A date, l'Ibex 35 se trouve encore privé d'un tiers de sa valeur d'avant-crise avec à peine 7.000 points contre plus de 9.500 en janvier. Toutefois, le possible rapprochement entre les deux établissements bancaires espagnols, CaixaBank et Bankia, pourrait redonner une impulsion positive aux marchés. « Les OPA plaisent généralement aux investisseurs, cette union pourrait être une bonne opportunité pour rebooster l'économie espagnole », d'après Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés d'IG France.

Lire aussi : Covid-19 : le déficit commercial espagnol se réduit, celui de la France s'envole

De l'autre côté de l'Atlantique, l'indice vedette américain affiche lui des gains plutôt solides depuis juin. Le Dow Jones se situe à plus de 90 (sur une base 100 en début d'année) avec un indice supérieur à 25.000 points depuis trois mois. « La baisse du dollar a aidé temporairement les indices de la Bourse américaine. La hausse de l'euro quant à elle a d'abord été favorable aux indices européens mais cela n'a pas duré. Une fois que l'incertitude est revenue, la montée de l'euro est apparue comme un facteur de risque », analyse Véronique Riches-Flores. Un euro était en effet équivalent à 1,12 dollar américain (USD) mi-juin, contre 1,18 dollar aujourd'hui. Une tendance plutôt stagnante en ce début du mois de septembre.

Premiers touchés, mais pas premiers coulés, les Chinois quant à eux ont réussi à passer le trou d'air du Covid. Le Shanghai Composite, avec plus de 3.300 points début septembre va même jusqu'à dépasser son niveau d'avant-crise (aux alentours de 3.100 points). L'appel du gouvernement chinois début juillet à investir sur ses marchés a prouvé son efficacité puisque le Shanghai Composite a grimpé de près de 500 points en seulement 15 jours (entre le 30 juin et le 14 juillet). De même, le Hang Seng (Hong Kong) suit la trajectoire du Shanghai Composite, notamment début juillet, car l'indice boursier de Hong Kong est très corrélé à celui de la Chine. Néanmoins, du fait d'un contexte politique très tendu qui pèse sur la confiance des investisseurs, le Hang Seng est encore largement en-dessous de son niveau d'avant-crise (environ 10% de moins).

« Le soutien de la Chine est moins important qu'en 2015-2016 (Ndlr : phase de fort ralentissement de l'économie chinoise), mais le gouvernement a invité, au début du mois de juillet, les Chinois à participer à la reprise de l'économie en investissant sur les marchés financiers. Il y a eu une ruée des investisseurs chinois sur leur propre marché. De plus, il y a globalement un appétit mondial pour les actions chinoises », explique Alexandre Baradez.

La Chine n'est pas le seul pays d'Asie dont les valeurs ont bien résisté. Au Japon, le Nikkei 225 a également repris rapidement des couleurs alors que la Banque du Japon n'a pas mis en place une relance puissante.

« Les investisseurs considèrent le Nikkei 225 comme étant solide. Il y a une politique très accommodante puisque le Japon fixe sa propre courbe de taux. Autrement dit, si le court baisse de manière trop importante, la banque centrale japonaise compense en achetant des obligations afin qu'il reste stable. C'est un financement direct par la Banque du Japon », précise Alexandre Baradez à La Tribune.

Cette politique monétaire accommodante dites des « Abenomics » a été mise en place par le Premier ministre Shinzō Abe en 2012 et est aujourd'hui toujours d'actualité. « Avec une monnaie qui se porte bien (125 JPY = 1 EUR) , il n'y a pas de raison de détricoter ce système, » ajoute Alexandre Baradez.

>> Passez la souris sur le graphique afin d'avoir une vision plus précise de l'évolution des indices (* voir la méthodologie en bas d'article).

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Pire qu'en 2008 ?

Cette crise économique liée au coronavirus rappelle les mauvais souvenirs de la crise de 2008. Avec l'arrêt net de l'activité et le confinement généralisé, le choc de cette année a été bien plus brutal, mais l'ouverture des vannes des banques centrales a freiné l'hémorragie.

« La crise de 2008 a servi de leçon. A l'époque, on avait laissé baisser le CAC jusqu'en mars 2009 alors que cette année les banques ont tout de suite réagi. Le vrai différentiel vient de la vitesse de réaction des banques centrales. On a une vitesse de récupération qu'on n'a jamais vu », confirme Alexandre Baradez.

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Aujourd'hui et depuis le début du mois de septembre, le CAC 40 se stabilise autour de 5.000 points. Néanmoins, face au nombre de contaminations qui augmente dans le monde, la crainte d'une deuxième vague freine les espoirs d'une reprise économique rapide.

Lire aussi : La crainte d'une seconde vague menace la reprise économique

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La Tech porte le S&P 500

Au coeur de la nouvelle économie confinée avec leurs services, les entreprises de la Tech ont été logiquement beaucoup moins chahutées que les autres secteurs pendant cette crise. Les GAFAM en particulier ont connu une envolée qui confirme plus que jamais la confiance des investisseurs.

« L'essentiel des écarts de performance est lié aux valeurs de la Tech. Le secteur est apparu moins risqué car il y a moins d'incertitude. Par exemple, le S&P 500 qui a retrouvé son niveau d'avant crise le doit exclusivement à la Tech qui représente 25% de la capitalisation boursière de cet indice. Hors Tech la performance est très proche de l'Europe », relève Véronique Riches-Flores.

Le S&P 500, l'indice qui réunit 500 grandes entreprises américaines dont la Tech, a gagné entre 5 et 10% de valeur par rapport à son niveau en janvier, avoisinant les 3.400 points contre 3.250 en début d'année.

« Le S&P a franchi son sommet d'avant crise, c'est purement lié à la Tech. Si vous enlevez les entreprises Tech du S&P 500, depuis 2015 l'indice est presque plat. Le Dow Jones quant à lui est bien moins concentré », ajoute Alexandre Baradez.

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(*) (1) Afin de pouvoir comparer l'évolution des principaux indices boursiers sur un seul graphique, La Tribune a reconverti les données sur un indice de base 100 (début janvier). Par exemple, le 6 janvier, le CAC 40 s'élevait à 6013,59 points. Au 18 mars, le CAC s'élevait à 3754,84 points, selon le calcul suivant : 3754,84 / 6013,59 * 100 = 62,44 (point le plus bas du graphique).

(2) Le NASDAQ n'a pas été inclus puisqu'il ne fait pas partie des indices les plus représentatifs d'une économie nationale.

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Commentaires 4
à écrit le 15/09/2020 à 13:48
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Les marches financiers sont soutenus par les milliards déversés par les banques centrales qui permettent à tous les canards boiteux d'échanger des créances pourries contre de la fraîche afin de racheter des actions pour à nouveau les lui refiler ......

à écrit le 15/09/2020 à 12:47
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Le coronavirus n'a causé aucun choc ... Les courbes des places boursières, ce sont les réponses aux mesures de confinement. Pourtant, on le répète sans cesse : Pas d'amalgames ...

à écrit le 15/09/2020 à 11:26
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On voit tt de suite un Gd gagnant, la Chine dt l'indice a même engrangé près de 10% par rapport à ses niveaux d'avt crise et une chute modérée de 10-15% maxi au plus fort de la dépression. Malgré la chute du commerce mondial, la Chine a pu profiter ...

à écrit le 15/09/2020 à 9:06
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" grâce à la réactivité des banques centrales" Traduction: Les mégas riches reçoivent encore plus d'argent public encore plus vite. Ce n'est définitivement pas une bonne nouvelle !

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