Crédit Agricole s'engage à ne plus financer de nouveaux projets d'extraction d'énergies fossiles

La banque Crédit Agricole a confirmé cesser tout financement de nouveau projet d'extraction d'énergies fossiles et réduire de 75% le CO2 émis par les projets pétroliers et gaziers qu'elle finance, d'ici 2030. Une annonce faite au lendemain de l'accord trouvé par la COP28 à Dubaï mais qui n'est qu'une précision de sa politique climatique.
Cela aura « pour conséquence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur deux fois plus vite que le scénario Net Zero 2050 publié par l'Agence internationale de l'énergie », a affirmé Philippe Brassac, le DG de Crédit Agricole
Cela aura « pour conséquence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur deux fois plus vite que le scénario Net Zero 2050 publié par l'Agence internationale de l'énergie », a affirmé Philippe Brassac, le DG de Crédit Agricole (Crédits : DR)

Le timing n'aurait pas pu mieux tomber. Alors que la COP28 s'est terminée hier, mercredi 13 décembre, le Crédit agricole a réitéré ce jeudi un engagement en matière de transition écologique.

« Nous décidons (...) de cesser tout financement de nouveaux projets d'extraction d'énergies fossiles et d'adopter une approche sélective dans l'accompagnement des énergéticiens inscrits dans cette transition », a indiqué Philippe Brassac, le directeur général du groupe bancaire, l'un des principaux en France et en Europe, dans un communiqué annonçant la mise à jour de la politique climatique.

Lire aussiClimat : la COP28 conforte la stratégie des groupes pétrogaziers

Cela aura « pour conséquence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur deux fois plus vite que le scénario Net Zero 2050 publié par l'Agence internationale de l'énergie », a-t-il indiqué.

A noter, en décembre dernier, Crédit Agricole avait déjà annoncé l'arrêt des financements de nouveaux projets d'extraction de pétrole et précisé certains de ses objectifs climat.

Engagement dans le renouvelable

Dans le détail de cette nouvelle précision, le groupe s'engage à une « baisse des émissions financées de -75% sur le secteur pétrole et gaz d'ici 2030 (vs 2020) contre -30% annoncés en 2022 », est-il dorénavant inscrit dans sa politique climatique.

Crédit Agricole s'est par ailleurs aussi engagée, ce jeudi, à tripler les « financements annuels en France » sur « les énergies renouvelables entre 2020 et 2030 ». Un engagement en ligne avec l'accord de Dubaï signé la veille, qui appelle à « tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial » d'ici à 2030.

Lire aussiCrédit Agricole SA dépasse les attentes au troisième trimestre

La banque a par ailleurs dévoilé des objectifs climatiques pour cinq nouveaux secteurs : le transport maritime, l'aviation, l'acier, l'immobilier résidentiel et l'agriculture.

Les banques pointées du doigt

Plusieurs banques ont profité de la médiatisation de la COP28 pour rappeler leurs engagements climatiques : ainsi BNP Paribas a annoncé le 23 novembre qu'elle ne financerait plus le charbon métallurgique, destiné essentiellement à la sidérurgie. Selon l'ONG Reclaim France, seules cinq banques sur les cinquante passées au crible par Reclaim Finance ont pris un tel engagement sur le charbon métallurgique. Quelques jours plus tôt, c'était au tour de Société Générale de préciser des engagements pris en septembre, en ajoutant un volet sur la décarbonation du secteur de l'immobilier commercial.

Si les banques communiquent beaucoup et mettent régulièrement à jour leur politique limitant leur impact sur le réchauffement climatique c'est en partie car elles sont souvent critiquées par les ONG pour leur soutien aux énergies fossiles. BNP Paribas avait par exemple été épinglé par Reclaim Finance en mai dernier quand elle avait annoncé arrêter tous les financements dédiés aux projets de développement de nouveaux champs gaziers. Pour cause, l'ONG affirmait que la banque ne renonçait pas à financer les grandes majors pétrogazières qui ont la capacité de développer ces mêmes projets. Les engagements climatiques de BNP Paribas ne couvrent pas non plus le financement des terminaux GNL, ni le financement des entreprises via les obligations, pointait l'association.

Et la première banque européenne n'est pas la seule à être pointée du doigt. Dans une enquête du Monde, du 31 octobre sur les « bombes carbone », les sites d'extraction de pétrole, gaz et charbon super-émetteurs en CO2, Crédit Agricole était classée au septième rang des banques apportant un important soutien indirect à ses projets.

« Le marché bancaire est ainsi fait que les banques ne financent que très rarement les projets d'extraction fossile directement. Elles préfèrent accorder des prêts aux entreprises extractrices », indiquait alors le quotidien.

Les compagnies pétrogazières font aussi leur communication sur la COP28

Les banques ne sont pas les seules à profiter de la médiatisation autour de la COP28 pour communiquer sur leurs actions en faveur de la transition écologique. Juste après l'annonce de l'accord, mercredi 13 décembre, TotalEnergies s'est lui aussi exprimé positivement sur le sujet. « TotalEnergies salue l'accord trouvé à Dubaï qui appelle à la "transition dans les systèmes énergétiques" d'une manière "juste, ordonnée et équitable" », a indiqué le groupe à La Tribune, reprenant les termes inscrits sur le texte de 21 pages. Pour rappel, l'accord approuvé par consensus appelle le monde à « effectuer une transition hors » (« transitioning away » en anglais) des énergies fossiles. Mais il ne parle pas, comme le réclamaient plus d'une centaine de pays et nombre d'ONG, de « sortie » de ces énergies (« phase out » en anglais), ce terme faisant office de drapeau rouge pour certains États pétroliers notamment.

Surtout, le géant français s'est réjoui de la conclusion de la COP sur le gaz. « Dans ce cadre, TotalEnergies note avec intérêt la mention dans l'accord de l'utilité » des carburants de « transition comme le gaz », considéré dans de nombreux pays comme un substitut au charbon. Ce dernier est en effet un poids lourd mondial de l'extraction de gaz.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 14/12/2023 à 19:28
Signaler
Ce souci de morale ne sera-t-il pas préjudiciable au bénéfice?

à écrit le 14/12/2023 à 16:52
Signaler
Pour ma part, mon souhait profond même, je préfèrerais qu'ils arrêtent de financer l'agro-industrie.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.