Dexia croule sous les appels de clients inquiets

Alors que les autorités belges et françaises préparent un nouveau plan de sauvetage de Dexia, la banque franco-belge, première victime bancaire de taille de la crise de la dette en zone euro, a dû faire face mercredi à des retraits de dépôts et croulait sous les appels téléphoniques de clients inquiets.
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Bruxelles et Paris devraient bientôt finaliser un plan de démantèlement de l'ancien leader mondial du financement des collectivités locales, déjà sauvée de la faillite à l'automne 2008 après la chute de Lehman Brothers. Le scénario privilégié passe par un adossement des principales activités de Dexia en France à la Caisse des dépôts (CDC) et à la Banque postale.

Le Premier ministre belge, Yves Leterme, a dit que les négociations entre les Etats français et belge sur le futur de la banque Dexia s'ouvriront jeudi et ne devraient pas durer plus de quelques jours.

Interrogé sur la RTBF, il a ajouté que ces discussions viseraient notamment à ce que l'activité bancaire soit consolidée en Belgique alors que l'activité de prêts aux municipalités françaises sera redirigée vers les autorités françaises.

Signe de inquiétude des épargnants, le service d'assistance téléphonique mis en place par la banque est surchargé d'appels. Toutefois, ni aucun signe de panique ni aucune file d'attente n'ont été observés dans les agences de Dexia à Bruxelles mercredi matin.

"Nous avons eu certains clients qui ont retiré leur argent, mais cela a été limité", a déclaré une porte-parole de la banque franco-belge. "Nous recevons beaucoup de questions et nous nous efforçons d'expliquer la situation le plus possible", a-t-elle ajouté.

D'après le journal belge De Tijd, les clients auraient retiré 300 millions d'euros. Ce chiffre exclut les transactions en ligne.

De son côté, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France (BdF), a promis que Dexia disposerait de tous les financements nécessaires à son sauvetage sans que la note "triple A" de l'Etat français s'en trouve menacée.

A la Bourse de Bruxelles, l'action Dexia a fini en hausse de 1,29% à 1,0210 euro après s'être adjugé près de 9% dans les premiers échanges. Le titre avait chuté mardi de 22,46%, portant à près de 60% sa baisse depuis le début de l'année.

SOUS SURVEILLANCE DE FITCH

Fitch Ratings a par ailleurs placé sous surveillance avec implication négative la note de viabilité B+ de Dexia.

"Il est clair que l'on va vers un démantèlement de Dexia qui se fera vraisemblablement sur des tracés frontaliers et avec la création d'une "bad bank" dont la taille pourrait aller jusqu'à 200 milliards d'euros", estime Jean-Pierre Lambert, analyste chez KBW.

Incapable de se relever de la crise financière malgré une première vague de restructuration entamée fin 2008 et début 2009, Dexia, fortement exposée à la crise de la dette au sein de la zone euro, est aujourd'hui plus que jamais menacée d'un démantèlement, faute de pouvoir se financer normalement.

Plusieurs responsables politiques français et belges ont évoqué mardi publiquement le projet de création d'une "bad bank", une structure de défaisance distincte où serait cantonné le portefeuille obligataire à risque de la banque, d'un montant de quelque 100 milliards d'euros.

"Je pense que demain, une solution devrait être trouvée", a dit François Baroin sur RTL, ajoutant que "Dexia ne pourra pas rester en l'état, c'est incontestable".

Interrogé sur l'éventualité d'un adossement des activités de financement des collectivités locales de Dexia à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et à La Banque postale, le ministre a répondu: "C'est évidemment la piste la plus sérieuse, parce que c'est la plus solide, parce que c'est la plus expérimentée, parce que c'est celle que l'on connaît le mieux".

"Le schéma qui est envisagé aujourd'hui, qui je pense va déboucher, sous réserve d'un certain nombre de questions techniques qui restent à régler, consiste à faire prendre le relais par une structure qui serait conjointement constituée par la Caisse des dépôts et par Banque postale", a dit Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale." "Cette structure consentirait de nouveaux prêts aux collectivités locales", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

BDF ET BNB FOURNIRONT DES LIQUIDITÉS

Parallèlement, à Bruxelles, le premier ministre belge chargé des affaires courantes, Yves Leterme, a estimé qu'une nationalisation des activités belges de Dexia (Dexia Bank Belgium) était une "possibilité".

"Il est possible que la Belgique reste avec une banque nationalisée jusqu'au moment où le marché s'améliore et où la santé du secteur bancaire se redresse et où il y a une possibilité de transactions ", souligne Jean-Pierre Lambert, chez KBW.

Un scénario de démantèlement de Dexia reviendrait à scinder définitivement les branches belge et française du groupe créé il y a 15 ans par le rapprochement du Crédit local de France et du Crédit communal de Belgique.

Ce démantèlement se fera avec le soutien des banques centrales des deux pays, a assuré de son côté le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

Il a assuré que la participation de l'Etat français au sauvetage de Dexia ne menacerait pas la note souveraine de la France.

L'ancien Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, avait estimé que la France exposerait sa note "AAA" si elle se portait au secours de Dexia.

"Je trouve ce propos très excessif et à vrai dire assez inexact", a réagi Christian Noyer. "Les Etats eux-mêmes ne vont pas garantir davantage que ce qu'ils ont garanti il y a quelques années."

Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement français, a aussi assuré qu'il n'y avait aucun rapport entre la situation de Dexia et celle des autres banques françaises.

Lors de son premier sauvetage, en 2008, la banque franco-belge avait bénéficié de 150 milliards d'euros de garanties des Etats, dont 55 milliards pour la France.

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Commentaires 6
à écrit le 07/10/2011 à 13:45
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la tribune pourrait peut etre nous rappeler qui était à la commission de surveillance de la cdc et au gouvernement a chacune des étapes caecl devenant clf puis dexia ; il me semble qu il ya des noms qui sont toujours dans l actualité aujourd hui

à écrit le 06/10/2011 à 8:22
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Vive la cupidité et le mensonge des dirigeants et des politiques, on a donné des milliards, laisser nos entreprises mourir et mettre à la porte des millions de chômeurs en Europe, maintenant les salariés de Dexia qui ont servi des escrocs vont connaî...

à écrit le 06/10/2011 à 6:38
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Je me demande qui des sportifs ou des banquiers prélève la plus grosse part individuelle ? Les Footballeurs millionnaires valent bien les traders, non ? En quoi est-il raisonnable de payer un tel salaire à un adulte courant après une balle en culott...

à écrit le 06/10/2011 à 3:09
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"Dexia croule sous les appels de clients inquiets" lol ils ont encore des clients?!!! Je savais les gens longs à la détente mais là... Je ne laisse même pas mon argent dans les banques dîtes sûres moi :)

le 06/10/2011 à 8:02
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il est urgent de ne plus avoir ses économies en banque , juste des dettes ( prêts )

à écrit le 05/10/2011 à 20:59
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En effet il y a de quoi être inquiet. Je pense même qu'ils devraient recevoir de nombreux appels de contribuables inquiets, vu qu'on va leur reprendre pour 125 000 millions d'euros d'actifs pourris. De quoi payer 10 000 000 de smicards pendant un an ...

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