Le choc Lehman Brothers a ébranlé la planète finance

Le monde se remet progressivement de la pire crise depuis 1929. Dans la finance et sur les marchés, les pratiques ne seront plus les mêmes demain. Douze mois après la faillite de Lehman, la physionomie du monde financier a profondément évolué. Mais les banques, toujours plus puissantes, ont du mal à modifier leurs mœurs. Bonus, réglementation, régulation : les chantiers sont ouverts.

Tout devait changer, mais la révolution n'a pas eu lieu. Il y a un an, le monde tremblait après la faillite du géant américain Lehman Brothers. Le gouvernement venait de laisser tomber la quatrième banque d'affaires de Wall Street, dotée d'un bilan de 600 milliards de dollars et de 28.000 salariés. En quelques jours, le modèle des banques d'investissement indépendantes de Wall Street disparaissait, alors que Goldman Sachs et Morgan Stanley se réfugiaient sous la protection de la Réserve fédérale. Au cours des semaines suivantes, plusieurs banques manquaient, à leur tour, de s'écrouler, obligeant les États à intervenir. Fortis, Dexia, ING, HBoS, Royal Bank of Scotland, UBS, Citigroup ont été nationalisées. Quant à Merrill Lynch, Wachovia, Washington Mutual, Alliance & Leicester, Dresdner, l'État a dû organiser en catastrophe leur rachat par des concurrents. Sans compter la centaine de petites banques américaines qui a fait faillite.

Un an après ce « big bang » bancaire forcé, le monde financier n'est pas aussi bouleversé qu'attendu. La crise n'a pas balayé toute l'industrie des banques d'investissement comme certains l'imaginaient. Elle a surtout creusé les écarts sous l'effet d'une accélération de la consolidation. Les survivants règnent en maître et les banques de « second rang » ont perdu un peu plus de terrain. Ce mouvement a provoqué l'émergence de véritables mastodontes bancaires comme JP Morgan, Wells Fargo ou Bank of America, plus puissants que jamais.

Interconnexion
Cette nouvelle « course à la taille » est un véritable pied de nez au débat de l'époque qui annonçait la fin des géants bancaires, comme Citigroup, tenus pour responsables de la crise et de ses excès. Aujourd'hui, la question de la taille est redevenue centrale et ne suffit plus à expliquer la crise. Le vice-président de Credit Suisse, Urs Rohner, estimait la semaine dernière que l'impact de la faillite de Lehman Brothers n'a pas été provoqué par sa taille importante, mais par sa totale interconnexion avec l'ensemble des grandes banques mondiales.

Surtout, la concentration du secteur bancaire a permis aux banques de regonfler leurs marges, de dégager des profits souvent plantureux au premier semestre 2009 et de renouer avec des pratiques anciennes, même si cela contredit la confession récente de Lloyd Blankfein, le patron de Goldman Sachs. Une situation qui a relancé les critiques sur les excès persistants du système, concernant en particulier les rémunérations. Si le secteur bancaire s'est largement recomposé, il tarde à changer ses mœurs. Dans le cadre du G20, un bras de fer est engagé entre Européens et Américains sur la question de l'encadrement des bonus. Ils devront également tomber d'accord sur les problématiques de normes de solvabilité (ratio mesurant la solidité des banques), autre pomme de discorde.

En revanche, un consensus semble se dessiner sur les évolutions réglementaires. Depuis la faillite de Lehman, les banques sont décidées à limiter le risque et surtout à le tracer pour éviter sa propagation aléatoire. Elles commencent à accepter la suppression des produits les plus complexes, porteurs de gros risques. Plus de transparence et de standardisation des produits financiers, encadrement des marchés dérivés : quelques grandes réformes devront « normaliser » les marchés financiers. Si tous ces changements parviennent à s'imposer, la question de leur respect se posera alors. À terme, des pays souhaitent la création d'un superviseur mondial des marchés et des banques. Mais l'unanimité est difficile à obtenir. Un long chemin reste à parcourir.

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