Crypto-actifs : les investisseurs français restent motivés mais prudents

L'investissement dans les cryptomonnaies a encore occupé les esprits de nombreux investisseurs français. En 2024, un Français sur huit possède des cryptos, un chiffre en hausse de 28% sur un an. Le profil ? Ils sont jeunes, urbains, s'informent sur les réseaux sociaux, et cherchent des rendements à court terme autant que la valeur refuge par excellence, constate l'Adan dans son étude sur l'adoption des cryptomonnaies.
Jeanne Dussueil
Près des deux tiers (63%) des acquéreurs de crypto-actifs pensent que la France ne favorise pas le développement du secteur Web 3 en 2023, selon l'Adan.
Près des deux tiers (63%) des acquéreurs de crypto-actifs pensent que la France ne favorise pas le développement du secteur Web 3 en 2023, selon l'Adan. (Crédits : DR)

Les aventuriers français des cryptomonnaies n'ont pas perdu la foi quant à leur placement fétiche en 2023. Après avoir pris le bouillon en 2022, année qui a vu fondre 1 trillion de dollars de valorisation du marché suite aux scandales, leurs convictions se sont maintenues, attirant même de nouveaux investisseurs ces onze derniers mois, selon l'étude annuelle de l'Adan sur l'adoption de ces jetons numériques. Ainsi, début 2024, 12% des Français possèdent des crypto-actifs, soit une augmentation de 28% du nombre de détenteurs par rapport à l'année passée (9,4%), a constaté l'association française qui défend ces actifs.

Concrètement, en 2023, ce sont 6,5 millions de Français qui ont pratiqué l'achat-vente de crypto-actifs dont la notoriété est tirée par les niveaux faramineux du bitcoin. Et pour cause, ce dernier franchit régulièrement de nouveaux records. Si l'Adan parle d'une « industrie résiliente » l'an passé, l'adoption des cryptomonnaies dans l'Hexagone reste toutefois loin du regain d'intérêt pour la Bourse observé, au même moment, auprès de 32% des Français (+7 points par rapport à 2022, selon l'AMF), ou encore des indétrônables produits d'épargne et des 55 millions de particuliers détenant un Livret A.

Mais cette troisième édition, qui a interrogé 2.001 personnes « de plus de 18 ans et représentatif de la population française » en décembre 2023, permet d'appréhender un peu mieux les comportements des crypto-boursicoteurs.

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Epargne et précautions

Ainsi, l'appétence à l'achat et à la découverte marque le pas. Au total, 23% des Français envisagent d'acquérir des cryptomonnaies à l'avenir, soit une baisse de 3 points depuis début 2023 et de 6 points depuis début 2022. Traduction ? L'heure est à la conservation et à l'attentisme plutôt qu'à la conquête.

Pourtant, leurs motivations à se projeter dans l'univers des échanges décentralisés via les blockchains restent intactes. Pour ces spéculateurs, le bitcoin et consorts sont, plus que jamais, la quête d'un rendement financier à court terme. Ils incarnent aussi une valeur refuge avec 34,4% des acquéreurs convaincus par cette idée contre 30,3% en début d'année 2023. Un sentiment renforcé par « le contexte inflationniste (de 4,9% sur l'année 2023 après un pic à 5,2% en 2022) et la hausse des valorisations des crypto-actifs », juge l'Adan.

Malgré cela, ces détenteurs tricolores ne se sentent pas confortés. Et pour cause, près des deux tiers (63%) des acquéreurs de crypto-actifs pensent que la France ne favorise pas le développement du secteur Web 3. Seuls 21% estiment qu'elle le soutient, note l'association.

Résultat, tandis que les mouvements sont dynamiques et même très lucratifs pour leurs homologues aux Etats-Unis, le pays champion des plus-values sur les cryptos, les Français se montrent beaucoup plus timorés. Pour preuve, une écrasante part (80%) des Français possédant des cryptomonnaies réalisent moins de deux transactions par mois, écrit l'Adan. Et en moyenne, seule 21% de la capacité d'épargne des investisseurs est allouée aux crypto-actifs à la fin d'année 2023.

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L'Hexagone, qui est, lui, le pays champion de l'épargne, influence aussi les comportements des investisseurs en cryptos. Dans le détails, « 54% des investisseurs en crypto-actifs consacrent moins de 10% de leur épargne à cette classe d'actifs (...) et seuls 10% des investisseurs y consacrent entre 50% et 100% », apprend-on. En données brutes, l'exposition moyenne du patrimoine de ces particuliers reste stable par rapport à l'année dernière, entre 4.650 euros et 6.000 euros.

Jeunes hommes urbains, en quête de stabilité

Qui sont donc ceux qui marient une part de risque avec la prudence française ? Ce sont principalement des jeunes : 57% ont moins de 35 ans. Leur part était de 50% début 2023. La tranche d'âge 18-24 ans, elle, voit sa représentation doubler, passant de 12% à 24% de détenteurs en 2024, constate l'Adan. Ces jeunes (hommes à 70%) résident principalement en région parisienne (30%) et dans les grandes villes.

Ces jeunes investisseurs ont ensuite besoin d'être rassurés. « D'un point de vue fiscal, 56% des répondants estiment que le cadre français n'est pas favorable à l'adoption des crypto-actifs, et 63% qu'il n'est pas adapté à leurs activités Web 3. Une des mesures les plus décriées est la taxe de 30% sur les plus-values réalisées en cryptomonnaies par les investisseurs particuliers », porte l'Adan.

A cela s'ajoute, malgré la promulgation de la loi MiCA (Market in Crypto Assets) au niveau européen, « des doutes sur la qualification de certains crypto-actifs par rapport à leur usage et un manque de clarté », soutien l'Adan. Le divorce avec les régulateurs est plus qu'entamé : « Seuls 6% des Français estiment que l'Europe soutient cette industrie et une grande majorité n'a pas d'avis sur la question », apprend-on.

Cette quête de sécurité ouvre même une porte vers les acteurs de la finance traditionnelle puisque 21% expriment une préférence pour leurs banques comme acteurs privilégiés dans l'hypothèse d'acquisition et de conservation de crypto-actifs, et ce, devant le recours à des intermédiaires spécialisés (6%) et des banques en ligne (6%), selon le lobby crypto.

Si une première clarification réglementaire survenue en 2023 n'a pas participé à l'adoption massive des cryptomonnaies, c'est aussi parce que ces particuliers attendent d'en savoir davantage sur la taxation d'autres actifs, tels les stablecoins et les NFT qui peinent aussi à rentrer dans les usages.

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Jeanne Dussueil

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Commentaires 5
à écrit le 20/03/2024 à 14:56
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Et dire qu'il y en a qui sont millionnaires en bitcoin mais qui ne reverrons jamais leur argent faute d'avoir oublié leur mot de passe !

à écrit le 20/03/2024 à 11:42
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Autrefois la spéculation mortifère financière n'était réservée qu'aux riches qui s'en servaient uniquement pour massacrer la biodiversité, maintenant elle est réservée à tout le monde et n'a pas de massacre direct à son actif. Oui le minage bla bla b...

le 20/03/2024 à 12:59
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Je crois que ça représente 150TWh/an, les crypto-monnaies (le Btc est le pire avec son système de bloc-chain, énergivore par structure/nature). Est-ce de l'électricité décarbonée ? Les gens ayant acheté du Btc à haute valeur et vu leur placement fon...

le 21/03/2024 à 9:31
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Et la spéculation financière ça représente combien ?

le 21/03/2024 à 9:32
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Et la spéculation financière ça représente combien ? C’est marrant comme on connait le cout écologique du tout nouveau bitcoin mais par contre celui de nos vieux lobbys ancestraux non.

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