
Avec un certain décalage dans le temps, la néo-banque allemande N26 a publié ses résultats 2021. Et ils ne sont pas bons. L'an dernier, la fintech aux ambitions européennes (et non plus mondiales après l'arrêt de ses activités aux Etats-Unis) a accusé une perte nette de 172 millions d'euros, après une perte nette de 151 millions en 2020. Pour autant, la banque compte bien tenir son agenda pour une future entrée en Bourse, « avec un horizon de rentabilité à 24 mois », précise à l'Agence France presse, Jérémie Rosselli, directeur général de N26 France et Bénélux. La banque compte en effet sur une hausse des revenus, notamment avec la hausse des taux d'intérêt, et une maîtrise des coûts.
Pourtant, la croissance des revenus nets est au rendez-vous, en hausse de 67% à 120 millions d'euros. Sur 2021, la marge sur les intérêts a doublé (à près de 30 millions), tandis que les commissions nettes progressent de plus de 30%. Côté charges, en augmentation de 30%, ce sont les dépenses « administratives » qui ont le plus progressé (+47% à 167,7 millions). On peut supposer qu'elles recouvrent pour l'essentiel les coûts d'acquisition de nouveaux clients. Le fonds de commerce atteint désormais 8 millions de clients fin 2021, soit 1 million de plus qu'en 2020.
Croissance bridée en Europe
Le groupe précise cependant, dans un communiqué, que cette hausse des charges « s'explique par des investissements nécessaires pour développer une plateforme bancaire pérenne », avec, à la clé, des dépenses en matière de gouvernance, de conformité et de prévention des fraudes.
Crise de croissance oblige, la banque N26 a eu en effet de nombreux problèmes de conformité et maille à partir avec des régulateurs, notamment en Allemagne en 2021 et en Italie en 2022. Sans parler de la dégradation de la qualité de service au fur et à mesure de l'accroissement rapide du nombre de clients, sans que la banque mette nécessairement toutes les ressources en face (équipes techniques, équipes juridiques...). A ce titre, N26 est loin d'être un cas isolé dans l'univers des néo-banques. Toutefois, la banque a même été contrainte par le régulateur allemand de limiter sa croissance à 50.000 nouveaux clients par mois dans les 24 pays européens.
Valorisation en berne
Reste que les grandes néo-banques brûlent du cash à grande vitesse, malgré leurs efforts de revoir leur modèle d'affaires, en poussant notamment les offres premium pour assurer des revenus plus récurrents, ou le crédit, notamment le paiement fractionné. N26 a cependant toujours les moyens : la banque avait levé plus de 900 millions d'euros fin 2021, pour une valorisation proche de 9 milliards d'euros à l'époque.
Les prochaines levées de fonds risquent cependant d'être plus difficiles, sur des bases de valorisation divisées par deux ou plus. La banque brésilienne Nubank, introduite en Bourse fin 2021, a ainsi perdu plus de 60% de sa capitalisation en moins d'un an. Reste que la Bourse reste la meilleure option pour N26 pour lever des fonds après ses multiples tours de table. Cette équation se pose aussi pour d'autres fintechs d'envergure, notamment le britannique Revolut, elle aussi en lourdes pertes (sur 2020, les chiffres 2021 n'étant pas encore connus).
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !