
Des centaines de milliards d'euros de prêts irrécouvrables, ou ayant peu de chances de l'être, continuent de plomber les bilans des banques européennes : 865 milliards d'euros à la fin du premier trimestre 2017, selon les derniers chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), pour ce qui concerne les établissements importants. Un niveau certes en baisse (5,92% du total des encours de prêts contre 6,17% à fin 2016), mais la résorption de ce stock de créances douteuses s'avère très lente, ce qui maintient un risque pour la stabilité financière de toute l'UE.
La BCE a donc décidé de durcir encore le traitement comptable de ce "trou noir" dans les bilans des banques, sachant que les créances douteuses ne sont provisionnées qu'à hauteur de 60% environ en moyenne en Europe .
"Les banques sont invitées à assurer une couverture intégrale de la fraction non garantie des nouveaux NPL [prêts non performants, ndlr] au plus tard après deux années et au plus tard après sept années en ce qui concerne la part garantie", indique ce mercredi l'institution européenne dans un communiqué.
Quid du stock actuel ?
Les banques devront en outre "justifier aux autorités de surveillance tout écart par rapport aux lignes directrices" en matière de pratiques de provision comptable en temps utile et de passage en pertes. Le texte est soumis à consultation publique jusqu'au 8 décembre.
Ce nouveau dispositif renforçant les attentes prudentielles du superviseur pour éviter une sous-estimation du risque de défaut ne porte que sur les nouveaux prêts, pas sur le stock de créances douteuses, qui peut atteindre des proportions inquiétantes dans certains pays. Derrière la moyenne européenne de 5,92% (en France le taux est de 3,52%), la part des créances pourries dans les bilans des banques peut grimper à 46% en Grèce, 20% au Portugal, 14% en Italie ou 13% en Irlande. Les banques italiennes détiennent à elles seules 28% des NPL en Europe.
[Qualité des actifs par pays. Total des prêts en milliards, total des NPL et ratio de NPL. Crédit : BCE, Supervisory Banking Statistics First Quarter 2017]
La BCE prévient qu'elle dévoilera "d'ici à la fin du premier trimestre 2018" de nouvelles mesures pour réduire l'encours de "prêts non performants", à travers des "dispositifs transitoires appropriés". Plusieurs pistes circulent depuis plusieurs mois, telles que la création de "bad banks", des structures de défaisance, ou de sociétés de gestion d'actifs (AMC) dédiées par pays, qui rachèteraient les NPL à leur valeur économique, ou en passant par la titrisation de certaines créances, avec le soutien des Etats.
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