Les banques américaines en forme, mais Wall Street s'inquiète

JP Morgan, Citigroup, Wells Fargo et Bank of America ont vu leurs bénéfices grimper au troisième trimestre, profitant du dynamisme de l’économie américaine et de la réforme fiscale. Mais les investisseurs restent prudents, au vu des premiers effets de la remontée des taux d'intérêt sur la production de crédit et des incertitudes généralisées sur la croissance mondiale.
Estelle Nguyen
JPMorgan a enregistré un profit en hausse de 24,5%, à 8,4 milliards de dollars, au troisième trimestre, mais les prêts immobiliers ont souffert de la hausse des taux, avec une baisse de 16% sur un an.
JPMorgan a enregistré un profit en hausse de 24,5%, à 8,4 milliards de dollars, au troisième trimestre, mais les prêts immobiliers ont souffert de la hausse des taux, avec une baisse de 16% sur un an. (Crédits : © Mike Segar / Reuters)

La remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis commencent à produire ses premiers effets sur l'activité des banques. Pourtant, les plus grands établissements américains ont publié d'excellents résultats trimestriels. Dans le sillage de JP Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo, qui ont annoncé vendredi dernier des profits en forte progression, Bank of America a indiqué ce lundi 15 octobre avoir enregistré le « meilleur bénéfice trimestriel » de son histoire, en hausse de 32% sur un an, à 7,2 milliards de dollars.

« Une croissance responsable, soutenue par une solide économie américaine et des consommateurs américains en forme, combinée à des taux élevés, nous ont permis d'enregistrer le plus gros bénéfice opérationnel de l'histoire de l'entreprise », s'est réjoui le Pdg de la deuxième banque américaine, Brian Moynihan, cité dans un communiqué.

Profitant également de l'allègement de la fiscalité aux Etats-Unis voté fin 2017, les premières banques à avoir donné le coup d'envoi des publications trimestrielles ont aussi affiché une croissance à deux chiffres de leur bénéfice net pour la période de juillet à septembre 2018 :  +24,5% pour JPMorgan, à 8,4 milliards de dollars, largement au-dessus des prévisions des analystes, +32% pour Wells Fargo, à 6 milliards de dollars, grâce aux efforts de réduction de coûts. De son côté, Citigroup a annoncé un bond de 12% sur un an, à 4,6 milliards de dollars, principalement grâce à une baisse de son ardoise fiscale, des économies et ses activités de prêts au Mexique.

Lire aussi : Profits record pour les banques américaines : Merci Trump!

Malgré ces bonnes performances et après un net rebond vendredi dernier, les incertitudes économiques et géopolitiques continuent de peser à Wall Street. Les indices restent en retrait ce lundi, les investisseurs « se demandant ce qu'il va se passer par la suite », a expliqué Sam Stovall de la société de recherches en investissement CFRA, cité par l'AFP.

La semaine dernière, les indices ont enregistré leur plus lourde chute hebdomadaire depuis mars, le Dow Jones lâchant plus de 4% et le Nasdaq 3,7%. Ce lundi, le Dow cède 0,17% vers 18h30, heure de Paris, le S&P500 0,4% et le Nasdaq 0,6%.

Ralentissement de la production de crédit

Les investisseurs craignent que le relèvement continu et progressif des taux d'intérêt de la part de la Fed freine l'appétit des consommateurs et des entreprises pour les emprunts. Certes, la hausse des taux a tendance à améliorer la rentabilité des prêts pour les établissements financiers, mais elle risque de ralentir la production de crédit sur le territoire américain.

Au troisième trimestre, cet effet négatif a déjà été visible notamment chez JP Morgan Chase. Si les crédits auto, à la consommation et les recettes générées par les cartes de crédit se portent bien, les prêts immobiliers ont reculé de 16%, impactés par la remontée des taux. Selon une information du Wall Street Journal, la première banque des Etats-Unis, qui a indiqué avoir mis de côté 948 millions de dollars au cours du trimestre pour faire face à un potentiel retournement du marché et pallier d'éventuelles défaillances d'emprunteurs (en baisse de 37% sur un an), serait en train de licencier 400 personnes dans son activité de prêt immobilier.

« L'économie américaine et mondiale fait toujours preuve de vigueur, en dépit d'incertitudes économiques et géopolitiques grandissantes qui pourraient, dans une certaine mesure, avoir à l'avenir des effets négatifs sur l'économie », a prévenu le Pdg Jamie Dimon dans un communiqué qui a salué la politique fiscale du président Trump.

De son côté, Wells Fargo a accordé 46 milliards de dollars de prêts immobiliers, en repli de 22% sur un an. Les activités de courtage, dont la performance repose beaucoup sur la volatilité des marchés, devraient également continuer à être affectées par les craintes liées à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Chez JP Morgan, les recettes générées par le courtage affichent un repli de 2% sur un an (et de 10% sur le trading obligataire). Toutefois, Citigroup a enregistré, dans cette activité, une hausse de 7% au troisième trimestre.

Les résultats trimestriels de Goldman Sachs et Morgan Stanley sont attendus ce mardi 16 octobre.

Estelle Nguyen

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 15/10/2018 à 19:39
Signaler
Trump a donné à manger aux banques américaines, maintenant ce sont à celles-ci de donner à manger aux états unis. Meilleur série américaine de tous les temps, le suspens est total.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.