Airbus a raté ses objectifs annuels l'an dernier, pas question de recommencer cette année. En dépit d'un environnement toujours compliqué, le constructeur d'avions poursuit sa trajectoire de montée en cadence à marche forcée. S'il reste encore une grosse marche à franchir au dernier trimestre, Guillaume Faury, président exécutif du groupe, n'entend pas revoir ses ambitions à la baisse.
« La demande pour nos avions commerciaux est très forte et la reprise du marché des gros porteurs se poursuit. Nous nous attendons à ce que la chaîne d'approvisionnement reste difficile à mesure que nous progressons dans la montée en cadence de la production. Dans ce contexte, nous maintenons nos prévisions pour l'ensemble de l'année », a déclaré le patron du groupe Airbus.
Une montée en puissance depuis le printemps
De fait, Airbus a livré 172 avions commerciaux entre juillet et septembre. Cela l'amène à 488 appareils sur les neuf premiers mois de l'année, soit 12 % de plus que l'année précédente à la même période. Preuve que cette montée en cadence a été complexe, à la fin du premier trimestre 2023, Airbus accusait un retard de 10 % par rapport à la même période en 2022. L'avionneur a ensuite su retourner la situation pour afficher des progressions de 22 % au deuxième comme au troisième trimestre.
Pour le quatrième et dernier trimestre, actuellement en cours, Airbus est sur la même tendance. Il a livré 71 avions au mois d'octobre, soit une hausse de 18 % par rapport à octobre 2022. Il reste donc à l'avionneur 161 avions à livrer sur novembre et décembre pour réaliser son objectif de 720 appareils commerciaux livrés sur l'année. La marche est encore élevée mais loin d'être impossible à franchir au vu des habituelles accélérations des livraisons dans les derniers mois de l'année. En 2022, le constructeur avait ainsi remis 164 avions à ses clients au cours des deux derniers mois de l'année. Soit le score, à trois appareils près, qu'il doit faire cette année.
2026 en ligne de mire
Airbus a d'ailleurs confirmé ses objectifs pour les prochaines années. Pour la famille A320 NEO, le constructeur indique qu'il « progresse bien » vers les 75 avions par mois en 2026, tout comme vers les 14 appareils pour la famille A220. Sur les appareils long-courriers, Airbus vise les 4 A330 NEO produits chaque mois dès l'an prochain et surtout les 10 A350 mensuels en 2026.
En parallèle, Airbus a quasiment doublé ses prises de commandes sur les neuf premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2022. Il a ainsi vendu 1.241 avions. Ce qui lui permet de consolider encore son carnet de commandes qui n'a jamais été aussi près de passer la barre des 8.000 appareils avec 7.992 unités.
La situation a été un peu plus compliquée pour les hélicoptères avec un recul des commandes de plus de 22 % par rapport à l'an dernier, avec 191 machines vendues sur les neuf premiers mois de l'année. Dans le même temps, Airbus Helicopters a augmenté sa production de 2 % avec 197 machines livrées. D'où un léger affaiblissement de son carnet de commandes. Pour Airbus Defence & Space, c'est la situation inverse avec une hausse de 6 % des prises de commandes, à 8,5 milliards d'euros, notamment avec le renouvellement du contrat de soutien en service de la flotte allemande d'A400M. Mais la division a connu un recul de son chiffre d'affaires de 6 % également, à 7,1 milliards d'euros.
Une rentabilité en recul
Cette course aux cadences s'est en revanche ressentie sur les résultats financiers d'Airbus, même s'ils restent largement positifs. La hausse des investissements industriels et de R&D, ainsi que des financements de clients, ont impacté le flux de trésorerie disponible, divisé par trois par rapport à la même période l'an dernier. Il est ainsi de 718 millions d'euros. Cela donne une trésorerie nette de 8,3 milliards d'euros, en recul d'un peu plus d'un milliard d'euros par rapport à la situation fin 2022.
La hausse des livraisons a logiquement poussé le chiffre d'affaires vers l'avant, à 42,6 milliards d'euros, soit une hausse de 12 %. Et Airbus revendique un profit opérationnel ajusté (Ebit ajusté) de 3,6 milliards d'euros, en légère progression par rapport à 2022.
Mais le fait est que son profit opérationnel tel que reporté dans ses comptes (Ebit reporté) n'est que de 2,7 milliards d'euros, soit un recul de 25 %. Ce décalage entre résultat ajusté et reporté vient principalement de décalages dans les paiements avant livraison (les acomptes versés par les compagnies) et de réévaluation du bilan, dont l'impact n'a cessé de croître durant l'année pour atteindre de plus de 800 millions d'euros à fin septembre.
Les avions commerciaux touchés
C'est ainsi la division Avions commerciaux, principale division du groupe, qui a vu son bénéfice opérationnel reculer par rapport à l'an dernier. Et ce de pas moins de 29 %, à 2,3 milliards d'euros. Sa marge opérationnelle a ainsi chuté de près de 5 points à 7,3 %.
Deux indicateurs viennent nuancer quelque peu ce recul. Tout d'abord, celui-ci vient essentiellement d'un premier trimestre très compliqué. Depuis, Airbus n'a réussi à compenser que partiellement cette contre-performance malgré un très bon deuxième trimestre. Ensuite, en se basant sur les données ajustées mises en avant par le constructeur, les avions commerciaux continuent d'afficher une marge de plus de 10 %.
A l'inverse, les deux autres divisions ont amélioré leurs performances sur neuf mois malgré un troisième trimestre plus difficile. Depuis le début de l'année, Airbus Helicopters a dégagé un bénéfice opérationnel en hausse de 8 % à 410 millions d'euros, pour une marge de 8,8 %. Airbus Defence and Space a de son côté réduit ses pertes, qui ne sont plus que de trois millions d'euros contre 64 millions l'an dernier à la même époque.
Cette tendance se retrouve de façon moindre dans le bénéfice net, même si celui-ci reste là aussi largement positif. Le résultat net reporté est de 2,3 milliards d'euros, soit un recul de 9 % par rapport à la performance de 2022 à la même période.
Tout cela n'a donc pas empêché Guillaume Faury de confirmer les objectifs financiers pour l'année. C'est-à-dire un résultat opérationnel ajusté de 6 milliards d'euros, ainsi qu'un flux de trésorerie disponible avant les fusions et acquisitions et le financement des clients de 3 milliards d'euros (qui est de 1 milliard d'euros après neuf mois).
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