Les secrets d’Airbus pour faire décoller les athlètes paralympiques

Il y a un an, le constructeur signait un partenariat avec l’Agence nationale du sport pour mettre sa technologie au service de l’équipe de France. Retours d’expérience.
Le champion de parabadminton David Toupé chez Airbus, à Blagnac (Haute-Garonne).
Le champion de parabadminton David Toupé chez Airbus, à Blagnac (Haute-Garonne). (Crédits : © LUCE BORREL/AIRBUS)

Grâce à son fauteuil entièrement refait et à ses nouvelles roues, David Toupé a perdu 3 kilos et gagné cinq ans de préparation physique. « C'est comme si j'avais rajeuni, s'enthousiasme celui qui, à 46 ans, est un espoir de médailles en parabadminton à Paris 2024. Quand vous poussez 15 kilos et que, du jour au lendemain, votre fauteuil n'en fait plus que 12, ça vous change la vie. »

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Il y a sept ans, en quête de partenaires financiers, cet habitant de la région toulousaine frappe à la porte d'Airbus. Les responsables de la mission handicap le mettent en contact avec les ingénieurs du ProtoSpace, le laboratoire d'innovation du constructeur aéronautique européen. En son sein, un Humanity Lab propose cette expertise pour des projets en lien avec le handicap. Une quarantaine de personnes ont ainsi planché sur le fauteuil de David Toupé, élaborant des prototypes successifs, plus légers, plus maniables et surtout entièrement réglables : l'athlète peut modifier l'orientation de son assise, avancer ou reculer son siège, ajuster son dossier et tout démonter s'il le faut. « Pouvoir le désosser et le remonter à ma guise est un luxe incroyable », apprécie-t-il.

Devenu paraplégique après un accident de ski, David Toupé avait auparavant pratiqué le badminton à haut niveau.

« J'ai une des meilleures techniques du circuit, dit-il sans fausse modestie. Mais j'ai aussi le plus gros handicap de ma catégorie, car je suis paralysé assez haut et je n'ai aucuns abdos, contrairement à de nombreux joueurs que je dois affronter. » Son nouveau fauteuil, réalisé en partie avec des pièces d'A350 recyclées, compense mieux ce handicap dans le handicap. Il a été notamment financé par l'Agence nationale du sport (ANS).

En mars 2023, l'ANS a finalisé un contrat avec Airbus et son ProtoSpace pour fabriquer ou améliorer les fauteuils ou les prothèses d'athlètes paralympiques. La collaboration concernait initialement 19 projets issus de cinq fédérations. « Il y a des choses qui ont été testées et abandonnées, car elles ne donnaient pas satisfaction », précise l'ingénieur Christophe Debard. C'est ce dernier, amputé d'une jambe à 13 ans des suites d'un cancer, qui a impulsé bénévolement le Humanity Lab et a bénéficié du premier prototype. « Au total, dix de nos projets seront présents aux Jeux paralympiques », reprend-il.

Une quarantaine de personnes ont planché sur le fauteuil de David Toupé, élaborant des prototypes successifs, plus maniables

Poignée en inox

Pour l'escrimeur en fauteuil Maxime Valet, médaillé de bronze en individuel aux Jeux de Rio 2016 puis en équipe à Tokyo 2021, Airbus a imprimé en 3D une poignée qui lui fait gagner 8 centimètres d'allonge. Passé la phase de test, une version en inox a été fabriquée. « Ça a surpris certains de ses concurrents », assure Christophe Debard. La rameuse basque Elur Alberdi, qui a perdu la mobilité de son poignet droit, avait du mal à ne pas lâcher sa rame. Les ingénieurs ont conçu un système afin de sécuriser sa prise en main sans qu'elle soit gênée dans son mouvement.

Ils travaillent aussi avec des tireurs amputés ou nés sans bras qui, jusqu'alors, bricolaient artisanalement des supports pour charger et décharger leur arme. « J'ai reçu le premier prototype en novembre, j'ai pu le tester dès la Coupe du monde un mois plus tard et j'ai fini médaille d'argent au tir au pistolet à 50 mètres », sourit Romain Ramalingom, qui vise la plus haute marche du podium à Paris. David Toupé apprécie, lui, de parler « le même langage de performance et de progression » avec les ingénieurs du ProtoSpace : « Ils banalisent la peur de l'échec, qui fait partie du processus. Ça n'est pas évident pour les sportifs de haut niveau que nous sommes, mais moi, ça m'a aidé. »

Avec des étudiants de l'École des mines d'Albi, l'équipe planche sur une lame de course conçue, là encore, à partir de chutes de carbone de l'A350. Leur objectif : rendre aussi accessible au plus grand nombre ces équipements parfois hors de prix. Une autre manière, selon Christophe Debard, de « contribuer à créer les champions de demain ».

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2024 à 13:05
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Allez, un petit coup de com....c'est bien de supporter les para-olympiques (sans jeu de mots) mais Airbus n'emploie qu'une minorité d'handicapés, loin des exigences légales....Encore un effort....

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