Salon aéronautique de Singapour : le constructeur chinois COMAC présente son plus gros avion jamais produit

Le plus gros avion de transport de passagers produit en Chine sera présenté ce mardi lors du plus grand salon aéronautique d'Asie, qui s'ouvre à Singapour. C'est la première fois que ce modèle, baptisé C919, est présenté à l'international. Avec lui, Pékin espère concurrencer les avions de ligne occidentaux dont l'A320 d'Airbus et du 737 MAX de Boeing, tout en réduisant sa dépendance à l'égard de la technologie étrangère.
Le développement du C919 avait commencé en 2008, mais l'appareil n'a reçu que l'année dernière la certification officielle pour voler.
Le développement du C919 avait commencé en 2008, mais l'appareil n'a reçu que l'année dernière la certification officielle pour voler. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

[Article publié le mardi 20 février 2024 à 9h55, mis à jour à 14h27] C919 : une lettre et trois chiffres qui représentent les ambitions aéronautiques de la Chine. Car c'est le nom du plus gros avion de ligne construit par l'entreprise publique du pays, Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC). Il sera présenté ce mardi 20 février à l'occasion du plus grand salon aéronautique d'Asie qui se tient à Singapour.

Cet avion peut être configuré entre 158 et 192 sièges et son rayon d'action maximum est de 5.555 kilomètres, d'après les autorités chinoises. Elles avaient souligné fin décembre la « conception aérodynamique avancée, le système de propulsion de pointe et les matériaux avancés » de l'avion qui, selon elles, permettent de réduire l'empreinte carbone et d'améliorer le rendement énergétique.

Lors d'une présentation aux médias à Singapour dimanche dernier, le C919 a effectué son premier vol en dehors de la Chine, arborant une livrée blanche, verte et bleu marine. Il participera à des démonstrations de vol quotidiennes pendant les six jours du salon, et figurera parmi les appareils exposés dans un vaste centre de conventions près de l'aéroport de Changi.

Concurrencer l'A320 et le 737 MAX

Avec ce modèle, Pékin a un double objectif : chambouler un secteur dominé depuis des décennies par les grands constructeurs aéronautiques Airbus et Boeing et réduire sa dépendance à l'égard des technologies étrangères. L'élégant avion au fuselage étroit, monocouloir, se veut d'ailleurs comme un concurrent potentiel de l'A320 de l'européen Airbus, l'avion le plus vendu au monde, et du 737 MAX de l'américain Boeing, qui se retrouve dans la tourmente après un incident en matière de sécurité. Reste que si sa fabrication est bien chinoise, bon nombre des pièces utilisées proviennent de l'étranger.

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Le développement du C919 avait commencé en 2008, mais l'appareil n'a reçu que l'année dernière la certification officielle pour voler. Depuis son vol inaugural en mai 2023, il effectue des vols commerciaux en Chine. Il a été présenté pour la première fois en dehors de la Chine continentale à Hong Kong en décembre. À cette époque, il avait fait l'objet de 1.061 commandes (en provenance) de plus de 30 clients, comme l'avaient indiqué les autorités chinoises.

Le désavantage du "made in China"

Selon l'analyste aéronautique Shukor Yusof, de la société de conseil Endau Analytics basée à Singapour, il sera toutefois difficile pour le C919 de trouver rapidement un acheteur parmi les grands transporteurs.

« Le "made-in-China" est encore stigmatisé dans l'industrie aéronautique, même si la Chine est aujourd'hui leader mondial sur le marché des véhicules électriques », a-t-il déclaré à l'AFP.

Et d'ajouter :

« Il faudra du temps pour que le C919 soit commandé par un grand transporteur », même si « la question est de savoir quand, et non pas si une compagnie aérienne de premier plan achètera un avion commercial fabriqué en Chine ».

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La compagnie aérienne chinoise Tibet Airlines a en tout cas profité du salon pour finaliser une commande de 40 appareils C919, ainsi que de 10 avions ARJ21, modèle que la COMAC a également fait venir à Singapour. Il s'agit d'un avion régional bimoteur, plus petit et plus ancien que le C919. Autre commande conclue ce mardi avec le groupe Henan Civil Aviation Development and Investment, qui a signé un accord pour six ARJ21, configurés pour des opérations de lutte contre les incendies et des opérations médicales. La COMAC n'a toutefois pas chiffré les montants de ces deux commandes.

50.000 visiteurs attendus

Outre le C919 et l'ARJ1, la Chine profite de ce salon pour présenter des modèles militaires. Elle a notamment exposé pour la première fois l'hélicoptère d'attaque Z-10ME, sa réponse à l'Apache de fabrication américaine. Plus de 1.000 entreprises du secteur de l'aviation et de la défense participent à cet événement, qui a lieu tous les deux ans. La Chine, la Corée du Sud et la République tchèque disposeront pour la première fois d'un pavillon national.

Les organisateurs s'attendent à ce que 50.000 visiteurs professionnels du monde entier foulent les allées, ce qui est proche des niveaux d'avant la pandémie. Un salon édulcoré avait été organisé en 2020, en plein Covid, après le retrait de nombreux exposants, et l'édition 2022 avait eu lieu sans les deux jours ouverts au public. Rappelant que 2018 avait été l'édition la plus importante du salon, Leck Chet Lam, directeur général d'Experia, l'organisateur de l'événement, a souligné que 2024 était proche de ce niveau, reflétant la reprise mondiale du transport aérien.

« Le trafic international de passagers est presque revenu aux niveaux d'avant la pandémie et devrait plus que doubler d'ici 2040 », a souligné Cindy Koh, vice-présidente exécutive du Conseil de développement économique de Singapour.

Le transport de passagers par avion a en effet retrouvé l'année dernière 94,1% de son trafic mondial de 2019, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata). Selon elle, cela augure d'un « retour à des modèles de croissance normaux en 2024 ».

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Boeing la joue discret

Le constructeur américain sera lui aussi présent au salon de Singapour mais ne présentera pas d'avion commercial, contrairement aux années précédentes. Boeing ne s'est pas encore remis de l'incident spectaculaire survenu en janvier lorsqu'une porte d'un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s'est détachée de la carlingue en plein vol.

Un rapport préliminaire de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a conclu début février que quatre boulons censés maintenir la porte étaient manquants. Ils avaient été retirés à l'usine de Renton (État de Washington) lors d'une réparation, mais n'avaient pas été remis en place, selon l'enquête. Cet incident, qui n'a fait que des blessés légers, a conduit l'administration fédérale de l'aviation américaine (FAA) à immobiliser plus de 170 avions MAX 9 pendant environ trois semaines. « Boeing fait intentionnellement profil bas et évite les feux de la rampe alors qu'il se débat avec une ligne de produits obsolète, la famille 737 », a commenté Shukor Yusof.

Boeing s'attend d'ailleurs à un premier trimestre difficile, marqué par des livraisons plus faibles que prévu et l'indemnisation de compagnies affectées par ce maintien au sol. Il a en tout cas annoncé ce mardi lors du salon de Singapour avoir enregistré une commande de la compagnie aérienne Thai Airways pour 45 appareils Dreamliners et une autre pour quatre avions de ce modèle destinés à Royal Brunei Airlines.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 20/02/2024 à 23:20
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Vive le recel de brevets européens suite aux vols répétés chez Airbus et ses sous-traitants...

à écrit le 20/02/2024 à 18:21
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Il sera honnête de préciser que à part la cellule, facilement réalisable par les chinois, l'ensemble des systèmes techniques de l'avion sont achetés en occident.... Moteurs, trains d’atterrissage, navigation, etc, etc !!!!

à écrit le 20/02/2024 à 12:10
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et voilà on le savait. Quand on fait des lignes de montage en chine, un jour on est copiés. Merci Airbus . Bientôt une copie des moteurs Snecma? Ou tout autre boite qui s'y est implémentée. Nous sommes des enfants de coeur. Quand aux gros transporteu...

à écrit le 20/02/2024 à 10:33
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COMAC...comme Lulu la Nantaise?😂

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