
Du "Made in America" à la sauce chinoise. Aux États-Unis, l'Arkansas (sud) accueillera dès 2018 une usine du fabricant chinois de vêtements Suzhou Tianyuan Garments Company aux capacités de production très importantes : environ 23 millions de tee-shirt sortiront chaque année de cette usine une fois les 21 lignes de production en fonctionnement, à raison de 1,2 million par ligne de production.
L'investissement, à hauteur de 20 millions de dollars, permettra certes l'embauche sous quatre ans de 400 employés à temps plein, plus hautement qualifiés que des postes créés dans une usine "traditionnelle" puisque la grosse partie de la main d'œuvre de l'usine sera robotique.
"Les gens achètent 11 milliards de tee-shirts par an. C'est un marché intéressant où l'automatisation a du sens, parce que les robots sont capables de produire de très importants volumes", a souligné Palaniswamy Rajan, directeur général de Softwear Automation, le fabricant américain des robots utilisés, dans une interview au site Fast Company.
Inondation de produits à très bas coûts
Plus que sur les emplois en Arkansas, c'est sur le secteur manufacturier de tout le pays que cette nouvelle infrastructure risque de peser. Seule usine chinoise du genre sur le sol étasunien, elle pourra coudre avec ses 21 lignes de productions des t-shirts à des prix rivalisant avec ceux d'entreprises à la main d'œuvre peu chère, peu qualifiée et très largement délocalisée - le pays importe 97,5% de ses vêtements d'après l'American Apparel & Footwear association.
"Partout dans le monde, même le marché du travail le moins cher ne peut pas rivaliser avec nous", a d'ailleurs commenté Tang Xinhong, président de Tianyuan Garments, interrogé par le China Daily.
Coût estimé de chaque pièce : 0,33 dollar pour un temps de fabrication estimé entre 22 et 26 secondes. De quoi convaincre de nouveau client pour Tianyuan, qui fournit principalement l'équipementier allemand Adidas, lui-même fervent utilisateur de robots.
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Malgré une baisse de compétitivité, la Chine reste de très loin le premier exportateur de vêtements vers les États-Unis - 41,87% en volume, 34,35% en valeur, avec 27,9 milliards de dollars d'habillements importés en 2016 -, viennent ensuite le Vietnam (13,86% en valeur) et le Bangladesh (6,44%). Comme le note l'étude annuelle "US Fashion Industry Benchmarking Study", ces deux pays séduisent de plus en plus une industrie de la mode américaine désireuse de délocaliser ailleurs qu'en Chine. Le pays pourrait bien avoir trouvé la parade en ramenant directement sur le sol américain son savoir-faire.
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