« On est attachés à la bagnole, on aime la bagnole. Et moi je l'adore. » En septembre, Emmanuel Macron n'avait pas caché son soutien à l'automobile, contestée par certains pour son impact environnemental. La bagnole, oui, mais électrique et de préférence française, ou du moins européenne, pour répondre à la fois aux enjeux de réindustrialisation et à la lutte contre les émissions de CO2. Avec à la clé des subventions massives pour mettre en place des gigafactories de batteries dans l'Hexagone et aider les Français à se tourner vers la voiture électrique. Pour autant, pas question d'en faire profiter davantage les constructeurs chinois, largement en avance sur cette technologie. Dévoilé cette semaine, le nouveau bonus écologique du gouvernement français, d'un montant de 5 000 euros pour l'achat d'une voiture électrique neuve, concerne uniquement les modèles fabriqués en Europe.
Si toutes les voitures asiatiques font les frais de l'opération, la Spring de Dacia et la Tesla Model 3, toutes deux fabriquées dans l'empire du Milieu, sont aussi concernées. Sans ce bonus, la voiture de Tesla voit son prix grimper à 42 990 euros contre 37 990 euros jusqu'ici. Un coup dur pour le géant américain, dont les ventes de ce modèle ont dépassé les 20 000 unités en France depuis le début de l'année. Pour autant, Tesla sauve les meubles puisque sa Model Y - la version SUV de sa Model 3 -, fabriquée en partie dans l'usine de Berlin, continuera de bénéficier du bonus. Visiblement, la société fondée par le milliardaire Elon Musk a pris les devants. « Depuis octobre, nous constatons un changement des origines d'approvisionnement en Model Y dans les concessions en prévision de ce bonus écologique », explique Marc Bruschet, président des concessionnaires au sein du syndicat Mobilians. Résultat, aucune Tesla Model Y d'entrée de gamme vendue en France ne devrait provenir de Chine, contrairement aux autres pays européens.
En France, Tesla devrait donc miser essentiellement sur son SUV électrique, sorti en août 2022 en Europe, et devenu son best-seller mondial. Plus de 30 000 unités écoulées en France depuis janvier, 190 000 en Europe, rien ne semble arrêter son ascension. Une hausse expliquée par la baisse de prix de près de 5 000 euros depuis janvier pour la Model Y Propulsion, la version la moins chère. Selon les analystes financiers, Tesla ne cherchera pas à imposer sa Model 3, exclue du bonus, en réduisant de nouveau son prix et par conséquent ses marges. « Cela n'aurait aucun intérêt. Le coût du transport depuis la Chine pour la Model 3 est très élevé, ils ne vont pas prendre sur leurs marges. »
Il faudra donc trouver d'autres solutions pour compenser d'éventuelles baisses de ventes à venir. Car Elon Musk souhaite atteindre les 20 millions de voitures vendues dans le monde dans la prochaine décennie. Un objectif très ambitieux, alors même que le groupe atteindra tout juste 1,8 million de voitures écoulées cette année. Pour cela, le dirigeant américain a peut-être la solution : le marché des petites voitures électriques, le plus prisé des Européens.
Ses équipes travailleraient ainsi sur la production d'un petit modèle à 25 000 euros, une Tesla Model 2 ou Model A, fabriquée dans l'usine de Berlin. Les ingénieurs auraient trouvé une innovation leur permettant de fabriquer la quasi-totalité du dessous de caisse du véhicule électrique en une seule pièce. Pour réduire les coûts, Tesla veut, à terme, assembler ses voitures en gros blocs, comme des Lego. « Avec nos machines de moulage géantes, nous essayons littéralement de fabriquer des voitures grandeur nature de la même manière que les petites voitures », se réjouissait Elon Musk sur Twitter en janvier 2021.
Reste à savoir si Tesla parviendra à augmenter ses capacités de production au sein de sa gigafactory à Berlin. Pour l'heure, près de 5 000 Model Y sortent des usines chaque semaine. Mais le site peut en produire le double actuellement, et Tesla a déposé en juillet dernier un permis pour produire 1 million de véhicules par an à l'avenir. Avec un tel investissement en Allemagne, pas sûr que la création d'une autre usine en Europe, comme l'espère la France, soit toujours d'actualité.
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