Vente des actions Nissan : moins 1 milliard d'euros pour Renault, la moins-value réduite mais toujours colossale

Renault a confirmé ce mercredi avoir cédé 211 millions d'actions de Nissan pour 764 millions d'euros, soit 5% des 28,4% qu'il détenait. Le groupe français a annoncé une moins-value avec cette opération, mais celle-ci est finalement moindre qu’estimée. Elle s’élève à environ un milliard d’euros contre 1,5 milliard attendu initialement.
Cette vente a lieu dans le cadre du détricotage des liens entre les deux groupes, Renault et Nissan ayant remis à plat début novembre l'alliance qui les lie depuis 1999.
Cette vente a lieu dans le cadre du détricotage des liens entre les deux groupes, Renault et Nissan ayant remis à plat début novembre l'alliance qui les lie depuis 1999. (Crédits : STEPHANE MAHE)

C'est officiel : Renault a vendu les premières parts de son partenaire nippon Nissan. Le groupe a annoncé ce mercredi 13 décembre lui avoir cédé « 211.000.000 actions représentant 5% du capital » du constructeur japonais.

Pour rappel, cette vente a lieu dans le cadre du détricotage des liens entre les deux groupes. Renault et Nissan ont remis à plat début novembre l'alliance qui les lie depuis 1999, à laquelle s'est rajouté Mitsubishi Motors en 2016, comme annoncé en début d'année. Leur relation avait été compliquée par la montée surprise de l'État français au capital de Renault en 2015, puis par la spectaculaire chute de Carlos Ghosn, alors patron de l'alliance, arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières. Le but de cette nouvelle forme de partenariat est de repartir sur des bases moins fusionnelles mais plus égalitaires.

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Un milliard de moins-value dans les comptes de Renault

Cette vente permet en tout cas à Renault de récupérer 764 millions d'euros. Ce flux de trésorerie « couvrira les investissements financiers réalisés par Renault Group en 2023 ainsi que ceux prévus en 2024 », explique le constructeur dans un communiqué. Par ailleurs, « cela permettra d'accélérer le désendettement du groupe et de soutenir la volonté du groupe de revenir à une notation financière » favorable.

Cette cession entraîne néanmoins une moins-value par rapport à la valeur à laquelle Renault avait acheté ces titres. D'abord estimée à 1,5 milliard d'euros maximum, elle s'avère finalement moindre mais toujours colossale, « d'environ un milliard d'euros ». Cela s'explique par la baisse de valeur des actions Nissan ces dernières années, comme précisé par Renault dans un autre communiqué ce mardi. Cette charge plombera le résultat net annuel, qui affichait 2 milliards d'euros de bénéfice net au premier semestre. Elle sera toutefois exclue du résultat net part du groupe sur lequel se base le calcul du dividende, précise-t-il.

« Cette transaction n'a pas d'impact sur la marge opérationnelle » et Renault « confirme pleinement ses perspectives financières pour l'exercice 2023 », prévoyant notamment une marge « record », ajoute-t-il.

Le constructeur automobile français vise une marge opérationnelle et un free cash-flow record en 2023. Ses résultats seront publiés le 15 février.

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Partenaires particuliers

Malgré cette vente, Renault dispose et disposera toujours de parts au capital de Nissan. Le rééquilibrage amorcé a pour but de déboucher sur une participation croisée de 15% entre les deux partenaires, contre 43,4% pour Renault auparavant.

Renault avait déjà transféré les parts qu'il comptait céder (celles au-delà de 15%) dans une fiducie française, réservant à Nissan un droit de première offre. Il avait précisé en début d'année privilégier cette option pour que les droits de vote associés à ces parts soient écartés des décisions. « L'idée est d'annuler les droits de vote mais de garder les droits économiques, donc Renault va continuer de toucher les dividendes associés à ces parts », expliquait un analyste spécialiste du secteur automobile.

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À l'issue de la vente de ce mercredi, 24,63% d'actions Nissan restent dans la fiducie, et la part détenue directement par Renault passe à 15,79% car Nissan a décidé d'annuler les titres rachetés. Renault n'a pas l'obligation de céder les 0,79% dépassant le seuil de 15%, précise le groupe.

Toujours des projets communs

Cette refonte de l'alliance ne signifie pas la fin du travail en commun entre les constructeurs. La méthode de travail a juste changé. Alors que les partenaires partageaient leurs brevets, chacun travaille désormais sur ses propres projets, partageant des technologies comme des châssis ou fabriquant des véhicules pour un autre, au cas par cas. Ils ont annoncé la suppression de leur centrale d'achat commune et les salariés ne partagent plus leurs fichiers et données.

Reste que ces changements génèrent des inquiétudes au sein des 375.000 salariés de l'alliance. « On parle beaucoup de transactions financières, mais on se demande si on va préserver les sites français et les emplois », indiquait à l'AFP Fabien Gloaguen, délégué syndical FO de Renault. Le syndicaliste est notamment inquiet de « l'incertitude » qui plane autour de l'avenir des 1.400 salariés travaillant à la centrale d'achat commune ou dans les usines françaises de Renault, produisant entre autres des voitures Nissan, comme à Maubeuge, Batilly ou encore Sandouville. Contacté début novembre par l'AFP, le groupe Renault avait indiqué qu'aucun collaborateur de la centrale d'achat ne serait licencié et que « la réorganisation est en cours ». Il avait aussi réaffirmé que les véhicules, dont Nissan a confié la construction à Renault, continueraient d'être fabriqués dans ses usines françaises.

(Avec AFP)

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