Renault : des profits historiques pour le redressement le plus rapide de l'histoire automobile

Porté par des ventes en hausse de 9% et une diminution de ses coûts de production, le groupe Renault a dégagé des profits historiques en 2023. Pour autant, malgré l'arrivée de 10 nouveaux modèles, l'année 2024 s'annonce plus compliquée avec une marge opérationnelle qui pourrait légèrement reculer, selon les analystes.
Le groupe français affiche un chiffre d'affaires record de 52,4 milliards d'euros pour 2023, soit une hausse de 13,1% par rapport à 2022.
Le groupe français affiche un chiffre d'affaires record de 52,4 milliards d'euros pour 2023, soit une hausse de 13,1% par rapport à 2022. (Crédits : TOBY MELVILLE)

Aux abois il y a trois ans, Renault brille de tous ses feux. Des profits historiques liés notamment à une baisse des coûts drastiques, des lancements de nouveaux modèles à gogo : jamais depuis un quart de siècle un constructeur automobile n'aura retourné une situation défavorable aussi rapidement que ne l'a fait le groupe Renault sous la houlette de Luca de Meo. Même Carlos Ghosn chez Nissan en 1999, ou Sergio Marchionne chez Fiat en 2004, voire même Carlos Tavares chez Stellantis entre 2014 et 2018 ont mis un peu plus de temps pour redresser leur entreprise.

 « C'est le plus rapide redressement de l'industrie automobile », admet Thierry Piéton, le directeur financier du groupe, en présentant des résultats record avec un bénéfice d'exploitation proche de 2,5 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 52 milliards d'euros, tous deux en hausse de 13%. En progression de 1,5 milliard, à 4,1 milliards d'euros, la marge opérationnelle a gagné 2,4 points par rapport à 2022 et a représenté 7,9% du chiffre d'affaires, une performance record, largement supérieure à l'objectif, lequel était compris entre 7% et 8%.

Le résultat net augmente quant à lui de 2,3 milliards d'euros, en hausse de 3 milliards d'euros malgré la vente des actions à Nissan pour 880 millions d'euros. Bref, des résultats historiques, même s'ils risquent de faire pale figure à côté de ceux que présentera Stellantis ce jeudi. Les actionnaires ne sont pas oubliés : Ils se verront verser un dividende de 1,85 euros par action, soit 1,60 euros de plus qu'en 2022 !

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Ces très bons chiffres sont principalement dus à l'écoulement du carnet de commandes du groupe après les multiples crises du secteur ces dernières années. Mais aussi « au succès du lancement de nouveaux véhicules et à la réduction des coûts de production », a renchéri Thierry Piéton. Résultat : les ventes sont en croissance de 9 % par rapport à 2022 et Renault a écoulé plus de 2,2 millions de véhicules l'an dernier. Parmi eux, les Renault Austral et Espace qui sont les plus rentables, a affirmé Thierry Piéton. Le groupe est tout de même rentré dans la guerre des prix lancée par Tesla en baissant le prix de certains de ses modèles depuis janvier, comme la Mégane E-Tech.

Ampere a rassuré le marché

Les nouveaux modèles électriques sont désormais regroupés dans la filiale baptisée Ampere, créé officiellement le 1er novembre dernier. Après avoir multiplié les annonces de sa potentielle entrée en Bourse, Luca de Meo, le directeur général de Renault a fini par renoncer, estimant que « les conditions de marché n'étaient pas réunies » et que son groupe avait suffisamment de cash pour financer les premières étapes du projet. En 2024, Renault a en effet dégagé un cash-flow record de 3 milliards d'euros, en augmentation de 900 millions d'euros par rapport à l'année dernière.

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Ampere portera des projets d'ampleur pour Renault. Dans deux semaines, le groupe présentera sa nouvelle Renault 5 électrique lors du salon de Genève. Cette voiture historique doit faire entrer la marque au losange dans la catégorie des citadines électriques, la plus prisée du marché, mais aussi celle qui fait l'objet de la concurrence la plus forte. Ainsi, le groupe espère faire de cette voiture un produit « mass market » et qui lui permettra d'atteindre son objectif de produire 1 million de voitures électriques d'ici à 8 ans contre 45.000 actuellement. Renault compte également sur le Scenic électrique et la nouvelle Dacia Spring pour relancer son carnet de commandes cette année. Au total 10 nouveaux modèles sont attendus pour cette année.

Inquiétudes sur 2024

Pour autant, le marché de l'automobile en 2024 s'annonce incertain en Europe, le principal marché de Renault. « Vu l'investissement des industriels dans l'électrique, il y a une inquiétude sur les volumes qui ne sont pas là comme attendus », a annoncé ce mercredi la Plateforme automobile (Pfa). Le groupe pâtit également de son historique et du doute sur certains projets en particulier son Software defined vehicle, qui prendrait du retard selon une information révélée par Les Échos cette semaine.

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Malgré cette inquiétude, le consensus des analystes table plutôt sur une augmentation du chiffre d'affaires de Renault pour 2024, à 54,7 milliards d'euros. La marge opérationnelle devrait quant à elle diminuer légèrement, à 3,9 milliards d'euros, selon eux. De son côté, Renault prévoit une marge opérationnelle supérieure à 7,5% du chiffre d'affaires. Et 10% en 2030.

Demain, Renault devra également convaincre le marché de sa stabilité pour les années à venir après les récents propos de Carlos Tavares, le dirigeant de Stellantis, sur une nécessité de fusion du constructeur français, trop petit selon lui. Une idée de rapprochement entre Stellantis et Renault avait été même été évoquée. Cette potentielle fusion serait « illogique » pour Philippe Houchois, analyste chez Jefferies. Renault, de son côté, n'a pas souhaité faire de commentaires.

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Commentaires 10
à écrit le 17/02/2024 à 13:45
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Excellent apparéciation à tout point de vue des services rendus par un KOLEOS 150 cv 4x4 de 2008 amené à plus de 427500 km, n'ayant nécessité qu'un remplacement des jeux de "silent-blocs" à 205726 km ! Toujours sur la route !

à écrit le 17/02/2024 à 7:23
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Je ne vous cache pas ma surprisse de ces bons resultats en connaissant la qualite des vehicules Renault et surtout leur fiabilité mais on va se rejouir quand meme

à écrit le 16/02/2024 à 9:58
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C'est comme EDF: il a fallu peu de chose pour qu'une entreprise passe de l'abime au pinacle. Et si on appliquait la même recette à la France? Je prévois un avenir radieux pour nos enfants, un avenir -passé qu'on nous a refusé depuis cinquante ans; un...

à écrit le 15/02/2024 à 15:13
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Oui!, Mais là, ils étaient deux à la tâche: le président et son directeur général, car il ne faut pas cacher que le président a eu un rôle de diplomate essentiel, compte tenu d'un actionnaire difficile qui avait pourri la situation.

à écrit le 15/02/2024 à 8:22
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Bah il n'a fait que suivre la tendance de hausses des prix et augmentation des marges bénéficiaires, en rapport au great reset de davos, on s’ennuie dans leur économie mais qu'est-ce qu'on s’ennuie.

à écrit le 15/02/2024 à 4:21
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Mouis , pas convaincu que cela va durer, ce groupe a toujours fabriqué et fabriquera toujours des véhicules de qualité médiocre,donc si le basculement vers la motorisation électrique se confirme Renault va vite couler face aux fabriquants chinois. ...

à écrit le 14/02/2024 à 21:16
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des superprofits !!!!!!!!!!!! on va de nouveau avoir une comedia del arte, avec cris d'indignation et tout le tintsouin!!! evidemment il faudra mettre a profit (!!) ces superprofits pour financer le transit energetique, c'est a dire la retraite a 30 ...

le 14/02/2024 à 21:25
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Surtout que ces superprofits ne sont pas dus aux subventions sur la voiture électrique, En plus, ils vont bien évidemment être réinvestis pour assurer l'avenir de RTENAULT. Et que REANULT cesse de demander l'aide de l'Etat à tout bout de champs.....

à écrit le 14/02/2024 à 21:07
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trop peu d'informations dans cet article pour se faire une idée précise de la nature de cette rafle dans les poches des consommateurs. part de l'électrique (l'avenir même si très contestable pour le moment) par rapport au thermique. Part de l'occa...

à écrit le 14/02/2024 à 20:05
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Visiblement tout cela ne sont que des visions médiatiques car qui pourrait le croire si ne n'est l'actionnaire ! ;-)

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