Fermeture des agences, incertitudes sur l'avenir, visites annulées... Le marché de l'immobilier a été mis à rude épreuve lors du premier confinement. Si bien que le nombre de ventes réalisées a diminué de 75% sur la période qui s'étendait de mi-mars à mi-mai, soit 120.000 ventes en moins que le volume attendu, d'après le « Baromètre national des prix de l'immobilier », publié par Meilleurs agents en mai 2020. Mais le choc n'a pas duré très longtemps : dès juin, 8 Français sur 10 assuraient vouloir maintenir leur projet immobilier, selon une étude OpinionWay/Egide informatique. Et pour concrétiser leurs plans, ils sont allés toquer à la porte des agences immobilières en ligne qui ont saisi l'opportunité. Welmo, Equinimo, Imop, IMMO-POP... Ces néoagences, à mi-chemin entre les entités 100% digital et l'accompagnement proposé par des agences physiques, ont séduit les Français.
En 2020, 90% des transactions immobilières attendues ont pu avoir lieu, profitant à toutes les agences, physiques comme en ligne, soit une perte limitée à 10% par rapport aux prévisions, selon Meilleurs Agents dans « 1 an après le début de la crise : où en est le marché de immobilier ? ».
990.000 transactions en un an
Car après un coup d'arrêt brutal au premier confinement, le marché de l'immobilier a vite rebondi. Ainsi, début juillet, le volume de ventes réalisées était en hausse de 35% par-rapport à la même période en 2019, d'après le « Baromètre national des prix de l'immobilier » publié en juillet 2020 par Meilleurs Agents. Et ce rattrapage opéré à l'été a même permis de limiter la casse : à la fin du mois de septembre 2020, les Notaires de France enregistraient 990.000 transactions sur les douze derniers mois, soit une baisse légère de 5% en un an.
« Le Covid a été un accélérateur d'habitudes qui prenaient du temps à se mettre en place », raconte Nicolas Gay, fondateur de Welmo, agence immobilière 100% digital qui propose des commissions allant de 1,9% à 2,9% du prix de vente. En particulier pour l'usage du numérique dans l'immobilier : en 2020, 19% des Français ont eu recours à Internet pour trouver une agence, soit 1% de plus qu'en 2021, d'après l'édition 2020 de l'étude « Perception & Attitude à l'égard des avis clients » réalisée par Ifop et Opinion System.
En plus de la signature électronique des contrats déjà existante, Welmo a numérisé une grande partie de ses services. Pour les vendeurs, le site, qui a attiré plus de 400.000 cette année et regroupe près de 1.500 projets de vente, permet d'estimer en visioconférence le bien, la date optimale de vente, une fourchette de prix ou le nombre potentiel d'acheteurs. Et pour les acheteurs, Welmo a développé la géolocalisation et des visites virtuelles.
De son côté, l'agence IMMO-POP, qui propose une commission fixe à 3.500 euros si la vente est réalisée, a mis en place la visite en 360 degrés de tous les biens et la possibilité de pré-réserver des visites. Ainsi, ce sont près de 150 visites qui ont été pré-organisées pendant le confinement de mars, raconte Théo Sudre, CEO et co-fondateur, à La Tribune. Avec ces initiatives payantes, le site a déjà réalisé 410.000 euros de chiffre d'affaires depuis le début de l'année 2021, contre 500.000 euros en 2020.
Des séances de coaching et des mandats de recherche
Pour accompagner les clients à distance, les agences en ligne ont aussi renforcé leurs services annexes. Par exemple, Welmo propose des séances de coaching aux propriétaires qui réalisent eux-mêmes les visites. Le site a aussi développé une offre de courtiers en ligne et un marketplace de déménageurs, précise Nicolas Gay à La Tribune. Avec l'ensemble de ces initiatives, le chiffre d'affaires de la plateforme a connu une croissance de 100% entre 2019 et 2020 et le site vise 1.000 agents d'ici à trois ans, contre 50 aujourd'hui. De son côté, IMMO-POP aussi offre la possibilité de réaliser directement les visites à la place des vendeurs, pour un surcoût de 1.000 euros, explique Théo Sudre.
D'autres agences ont même fait de cet accompagnement complet leur principale proposition de valeur. Equinimo, fondée en 2010 et qui opère dans toute la région parisienne ainsi qu'à Nice et Cannes, propose de « tout gérer (...), de l'estimation à la vente définitive chez le notaire et même les visites », expliquent Guillaume de Pelet et David Cardoso, co-fondateurs du site. En particulier cette année, pour aider les clients qui ont télétravaillé loin de leur résidence principale, l'agence leur a proposé de trouver des biens à leur place à travers un mandat de recherche. Et grâce à l'ensemble de ces offres, le site, qui facture une commission fixe de 6.500 euros à la charge de l'acquéreur, a vendu « environ 150 millions d'euros de biens » en 2020, un volume qui traduit une « bonne activité » selon ses fondateurs.
Une hausse de la recherche des biens en région
Par ailleurs, ces agences immobilières, qui disposent souvent de réseaux en région, ont bénéficié de l'intérêt des Français pour les villes de province après le confinement. En effet, alors que les recherches de biens à Paris ont diminué de 12,6% en 2020, elles ont augmenté de 89,7% dans les zones rurales, révèle une étude menée par PAP, site d'immobilier spécialisé dans le particulier particulier.
Sur Imop aussi, « la curiosité » des Français « s'est transformée en projet », souligne Laurent Sabouret, co-fondateur d'Imop, agence présente dans une douzaine de villes en France et qui propose une commission fixe à 4.900 euros. Désormais, sur le site, 25% des projets de ventes à Paris s'expliquent par des départs en région, ajoute-t-il. Grâce à l'ensemble de ces leviers, la plateforme a réalisé sur les quatre premiers mois de 2021 autant de ventes qu'en 2020, pour une transaction moyenne à 450.000 euros. De son côté, Welmo réalise, en volume, 25% de ses ventes dans les grandes villes de France, hors Paris.
Enfin, si le volume de transactions n'a pas trop chuté en 2020, c'est parce que le pouvoir d'achat des Français a résisté à la crise. Après une hausse de 2,1% en 2019, leur revenu disponible brut a tout de même accéléré de 0,6% l'année dernière, selon l'INSEE, auquel s'ajoute une hausse inédite de leur épargne, à 21,6%. Reste à savoir si ces niveaux se maintiendront dans l'après-crise Covid-19, notamment lorsque les aides aux entreprises se tariront.
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