Cosmétique : comment Beautymix compte devenir une major du « fait maison »

CHARTRES (EURE-ET-LOIR). En rachetant le distributeur d’ingrédients naturels Mycosmetik, Beautymix, fabricant chartrain d’un mini-robot de fabrication de produits cosmétiques « maison », maîtrise tous les maillons de sa chaîne de valeur. Sur ce créneau en plein boom depuis 2020, la société espère porter ses recettes à 40 millions d’euros d’ici cinq ans.
Le robot Beautymix s’est écoulé à 50 000 exemplaires en quatre ans.
Le robot Beautymix s’est écoulé à 50 000 exemplaires en quatre ans. (Crédits : Reuters)

Beautymix, qui commercialise depuis trois ans avec succès un robot d'auto-fabrication de produits de soins vendu moins de 130 euros, vient de franchir une nouvelle étape dans sa croissance en faisant l'acquisition de Mycosmetik. Basée à Neuville-sur-Saône, au nord de l'agglomération lyonnaise, cette société vend en ligne une gamme de quelque 320 références d'ingrédients naturels destinés à fabriquer ses propres produits de soins.

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L'ouverture de magasins juste avant la crise sanitaire puis le confinement ont mis en difficulté Mycosmetik. A la clé, une cession par ses deux créateurs, Jérôme Boy et Alexandre Colin, de la société qui a réalisé deux millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 et emploie huit salariés. Pour ne pas brouiller son message vis-à-vis des consommateurs, Beautymix reprendra la dénomination juridique de la société rachetée et continuera la commercialisation de ses produits sous la marque Mycosmetik.

Située à Chartres, Beautymix a été co-fondée en 2018 par Nelly Pitt. Cette polytechnicienne, diplômée de Stanford qui a travaillé 15 ans dans le dessalement d'eau de mer, s'est associée avec son frère Mathieu Cannesson pour concevoir le premier robot permettant de fabriquer ses produits de soins. Présenté en 2019 au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas, ce laboratoire cosmétique simplifié n'excède pas 20 cm de hauteur. Objectif, le logement facile dans les placards de salles de bain. D'une utilisation aisée, il est accompagné d'une application mobile et d'une balance de précision pour réaliser ses recettes.

« Nos clientes bénéficient dans ce cadre d'un diagnostic dermique personnalisé et d'un accompagnement pas à pas, explique Nelly Pitt, présidente de la société. L'objectif est d'assurer une fabrication des produits de soins dans des conditions de sécurité sanitaire optimales ». Jusqu'à présent, Beautymix se fournit en ingrédients auprès de sous-traitants extérieurs. Les huiles végétales et les plantes hydrolats proviennent ainsi de Pont-Saint-Esprit dans le Gard tandis que les actifs aromatiques sont issus des Hauts-de-France et de Bretagne. 50.000 robots auraient été vendus depuis le lancement pour moitié en ligne et pour moitié principalement dans les enseignes Nature & découverte, Fnac et Boulanger. Beautymix a réalisé 2,5 millions d'euros de recettes en 2022 et emploie une douzaine de collaborateurs.

Phénomène identique à la cuisine

Grâce au rachat de Mycosmetik, le repreneur ambitionne de changer de dimension en réintégrant en son sein tant les aspects industriels que logistiques. Ainsi, Mycosmetik dispose d'une usine de production dans le Rhône. Beautymix compte investir plusieurs millions d'euros à la fois pour en tripler la surface et moderniser les équipements à l'horizon 2025. La société poursuit deux objectifs majeurs.

Pour Beautymix, il s'agit d'une part de gonfler sensiblement les volumes actuels, et d'autre part d'enrichir son catalogue déjà porté à 400 références et 1.000 produits avec sa récente acquisition. Cette maîtrise complète de la chaîne de valeur constitue un atout dans un marché de la cosmétique maison en forte hausse tout en restant très éparpillé. Aujourd'hui largement dominé par le groupe Aroma zone (90 millions d'euros de chiffre d'affaires et 300 salariés en 2022), ce segment ne représente encore que 8 à 10% des ventes totales annuelles de cosmétiques en France, de l'ordre de 2 milliards d'euros l'année dernière.

« A l'instar de la cuisine familiale, qui s'est recentrée à partir des années 90 vers les produits frais et naturels, l'on assiste au même phénomène dans les produits de soins, se félicite Nelly Pitt. Réaliser soi-même sa cosmétique permet non seulement de s'assurer de la traçabilité des ingrédients et principes actifs, mais encore de réaliser de substantielles économies ».

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Dans ce contexte porteur, Beautymix table également sur un fort développement en Europe de ses ventes. Déjà installée sur un arc Suisse, Luxembourg, Allemagne et Belgique, la société chartraine compte également s'implanter en Espagne et en Italie en 2024. D'ici quatre ans, elle vise un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros, dont 50% serait réalisé hors des frontières de l'Hexagone.

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