A Hinkley Point, le PDG d'EDF ne veut pas reproduire les mêmes erreurs qu'à Flamanville

Alors qu'EDF doit mettre en oeuvre la relance du nucléaire, son PDG a estimé que le chantier britannique des EPR de Hinkley Point allait lui permettre d'entrer dans une « cadence industrielle » et d'éviter les écueils rencontrés sur le chantier de Flamanville pour la construction des futures centrales nucléaires.
Le 19 mai 2022, EDF a annoncé un nouveau retard minimum d'un an pour l'EPR d'Hinckley Point au Royaume-Uni.
Le 19 mai 2022, EDF a annoncé un nouveau retard minimum d'un an pour l'EPR d'Hinckley Point au Royaume-Uni. (Crédits : PETER NICHOLLS)

« C'est vraiment l'un des aspects fondamentaux de toute filière industrielle : plus vous faites, meilleur vous êtes », a assuré jeudi le PDG d'EDF, Luc Rémont. Ce dernier était en visite sur le chantier britannique des deux EPR de Hinkley Point qui, selon lui, va permettre à l'énergéticien d'entrer dans une « cadence industrielle », mais surtout, d'éviter les écueils rencontrés sur le chantier de Flamanville (Manche) lors de la construction des futures centrales nucléaires françaises.

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Et pour cause, le chantier de Flamanville accuse déjà 12 ans de retard et son budget initial a été multiplié par quatre. En décembre dernier, un délai supplémentaire de six mois a, de nouveau, été annoncé pour la mise en service de ce réacteur nucléaire EPR alors qu'elle devait intervenir à la fin 2023 selon le précédent remaniement du calendrier. Elle a donc été repoussée à la mi-2024. Un retard qui a impliqué un nouveau surcoût du programme, à hauteur de quelque 500 millions d'euros, liés pour l'essentiel au maintien des personnels et entreprises sur place, selon un responsable d'EDF. Le coût total de ce premier EPR construit sur le sol français s'élève désormais à 13,2 milliards d'euros.

« Nous sommes rentrés dans une phase de cadence industrielle »

« Ce chantier est très différent de notre expérience de Flamanville », a donc voulu rassurer Luc Rémont, jeudi, ajoutant qu'« à Flamanville, nous construisions notre premier réacteur en France, depuis très, très longtemps (...). Ici, nous en construisons deux d'un coup, après l'expérience de Taishan en Chine, d'Olkiluoto en Finlande et de Flamanville et avec un retour d'expérience de l'ensemble de ces chantiers ».

« Là, nous sommes rentrés dans une phase de cadence industrielle dont Hinkley Point est le démarrage puisque c'est la première fois qu'on en fait deux (EPR) d'un coup », s'est-il encore félicité lors de cette visite en compagnie de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et de son homologue britannique Grant Shapps. « Quand on va passer de Hinkley Point à Sizewell (autre chantier EPR porté par EDF au Royaume-Uni), on va répéter les mêmes gestes et quand on va passer sur l'EPR 2 (version optimisée de l'EPR), on va également passer directement sur une série en répétant les mêmes gestes », a-t-il fait valoir. Le PDG d'EDF a également évoqué une numérisation du chantier « qui permet de savoir exactement ce que chacun doit faire à chaque instant et d'en tenir compte dans notre programmation de travaux ».

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« Renaissance du nucléaire »

Et l'enjeu est de taille pour EDF alors que la France souhaite relancer le nucléaire avec au moins six EPR à construire. Une véritable « renaissance du nucléaire » sur le territoire, comme l'a promis Emmanuel Macron à Belfort en février 2022. D'autant que le parc nucléaire est touché par un défaut de corrosion détecté dans plusieurs réacteurs de l'Hexagone, obligeant EDF à passer au crible l'ensemble de son parc et à mettre plusieurs sites à l'arrêt.

Si Luc Rémont a fait preuve d'une optimisme assumé jeudi, il ne saurait faire oublier les contretemps qu'a connu le chantier de l'EPR Hinkley Point situé dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre. Le dernier en date remonte au 19 mai 2022 lorsque EDF avait annoncé un nouveau retard minimum d'un an et des coûts supplémentaires d'au moins 3 milliards de livres, pour une mise en service de la première unité désormais prévue en juin 2027, au lieu de fin 2025. Interrogé sur de possibles nouveaux aléas, le PDG d'EDF a assuré que « la totalité des équipes sont tendues pour tenir » l'objectif de calendrier.

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Concernant les inquiétudes exprimées à l'origine, notamment par les syndicats, au sujet de la prise en charge par EDF de l'essentiel du risque financier de Hinkley Point, Luc Rémont a estimé que ce projet permettait aujourd'hui de « supporter une vision de long terme ». Sans lui, la filière industrielle française « ne serait pas en état de se lancer dans la séquence (...) nécessaire pour la pérennisation de la fourniture électrique » avec la construction d'au moins six EPR2.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 28/04/2023 à 23:20
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En fait mettre en titre "A Hinkley Point, le PDG d'EDF ne veut pas reproduire les mêmes erreurs qu'à Flamanville", ne fournit aucune information au lecteur. Ce serait une information si la titre avait été : "A Hinkley Point, le PDG d'EDF veut re...

à écrit le 28/04/2023 à 18:59
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Qu'il y ait des déboires sur ces technologies non matures n'est pas trop un problème puisqu'il suffira d'amortir sur plus longtemps ... Mais le problème principal serait plutôt que les ENR sont en prix de revient en baisse alors que le nucléaire se...

à écrit le 28/04/2023 à 15:27
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Le premier chantier EPR foiré par Areva, c'est Olkiluoto en Finlande. Lancé en 2003, cette centrale devait commencer a me livrer du courant, à Helsinki-Reimarla le 1° juillet ...2009 ! Elle commence à le faire le dernier week-end. Voyant la foirade, ...

à écrit le 28/04/2023 à 15:25
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Du coup, l'investissement sera amorti dans ~45 ans au lieu de ~40. Pour une centrale conçue pour durer 80 ans, je crois pas que ça change grand chose pour le contribuable Français...

à écrit le 28/04/2023 à 13:45
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personne n est debile; # La mise en service de la première unité est désormais prévue en juin 2027, au lieu de fin 2025. Le coût réel du projet (coût à terminaison) avait alors été réévalué entre 25 et 26 milliards de livres sterling de 2015, contre...

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