400 mètres de câbles suspendus à 35 mètres du sol, transitant quelque 1.500 tonnes de déchets du BTP par jour. C'est le téléphérique urbain inauguré lundi 17 juin à Clichy : une installation temporaire destinée à transporter par câble aérien jusqu'au port de la ville les 260.000 tonnes de déblais qui seront produites lors de l'aménagement du futur quartier du Bac, opération qui doit aboutir à la création de 47.000 mètres carrés de bureaux.
Déposés par les bennes suspendues dans des péniches sur la Seine, les déchets seront ensuite évacués par voie fluviale vers des sites de traitement et de valorisation en Île-de-France et en Normandie. Les rotations doivent désormais durer sept mois.
Trois millions d'euros
La solution, qui constitue une première en Île-de-France, vise à résoudre le "problème du premier kilomètre" des déchets de chantier : celui qui le sépare des voies fluviales. Elle évite les nuisances liées aux 80 poids lourds qui seraient sinon nécessaires pour amener les déchets jusqu'à la Seine : bruit, pollution, engorgement supplémentaire d'un secteur déjà très fréquenté. Il permettrait notamment de réduire de 35% les émissions de CO2, et de rendre le projet d'aménagement plus acceptable pour les habitants.
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Son coût, de 3 millions d'euros, a pour cette raison été partiellement financé par la région, qui a contribué à hauteur de 600.000 euros. Le projet contribue en effet au caractère vertueux d'un point de vue environnemental du futur quartier du Bac, qui figure parmi les "100 quartiers innovants et écologiques" sélectionnés par l'Île-de-France.
Une pluralité de parties prenantes
Imaginée par l'aménageur Citallios à partir d'une idée de S'Pace Architecture, et sur le modèle des technologies d'exploitation de minières et de carrières, la construction du téléphérique a demandé la concertation d'une pluralité d'acteurs : Vinci Construction Terrassement, qui a remporté en novembre 2018 l'appel d'offres organisé par Citallios ; Mecamont Hydro, spécialiste des téléphériques de chantier en montagne, qui s'est associé avec Vinci ; Haropa - Ports de Paris, qui est intervenu pour accueillir la zone de déchargement sur le port de Clichy ; et Voies navigables de France (VNF) pour l'installation des câbles.
Conçu pour être éphémère, le téléphérique pourrait toutefois trouver - une fois les 260.000 tonnes de déblais évacuées - d'autres utilisations : par exemple, il pourrait être utilisé pour transporter le bois nécessaire à une chaufferie biomasse située à proximité, songe le maire de Clichy Rémi Muzeau. Il pourra aussi être dupliqué sur d'autres sites de la région, estime Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de l'Île-de-France : mais à condition que les conditions physiques - notamment la proximité d'un fleuve - soient réunies, et que le chantier soit suffisamment important pour amortir des coûts de plusieurs millions.
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