Electricité : les grandes entreprises devront donner l’exemple en cas de pic sur le réseau

En pleine crise de l'énergie, une centaine de grandes entreprises françaises ont adhéré mardi au dispositif public Ecowatt, s’engageant par là-même à se montrer « exemplaires » cet hiver, aussi bien via la diminution de leur propre consommation électrique, que par le relais à leurs clients des tensions sur le réseau. Le but : réduire autant que possible le risque de coupure de courant lors des heures de pointe.
Marine Godelier
(Crédits : MG)

C'était l'heure de la convocation des grandes entreprises françaises, ce mardi matin, au siège du gestionnaire du réseau électrique RTE. D'Air France à EDF, en passant par Engie, La Poste, LVMH, TotalEnergies ou encore Carrefour, des dizaines de dirigeants se sont réunis à La Défense dans le cadre de l'appel à un effort national d'économies d'énergie pour éviter les coupures de courant tant redoutées cet hiver. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, était de la partie : « Nous devons tous nous engager, à commencer par les plus puissants », a-t-il lancé, déterminé, au parterre de patrons. Lesquels se trouvaient cernés par deux grands écrans lumineux défilant en boucle...afin de vanter le nouveau dispositif de RTE censé inciter à la sobriété.

Baptisé Ecowatt, celui-ci doit offrir aux usagers une vision en temps réel de l'offre d'électricité disponible dans le pays, grâce à un signal en trois couleurs : vert (normal), orange (tendu) et rouge (très tendu). Alors que cette dernière couleur serait synonyme de coupure si rien n'était fait pour diminuer la demande, près de cent grandes entreprises ont donc notifié qu'elles se mettront en ordre de bataille en cas d'alerte, en adhérant à une charte. L'enjeu, selon Bruno Le Maire : « ne pas rajouter une crise économique à la crise énergétique ».

« Je crois en la force de l'exemple, et à ce titre, vous êtes très précieux par votre capacité à embarquer toutes les entreprises », les a encouragé mardi le président de RTE, Xavier Piechaczyk.

Relayer les alertes et réduire sa consommation

D'abord, en vertu de ladite charte, les entreprises mobilisées relaieront les alertes EcoWatt vers leurs clients, abonnés ou usagers. Et ce, notamment via les fournisseurs d'énergie, les opérateurs de téléphonie mobile, les grands acteurs de l'immobilier, les réseaux bancaires ou dans les transports publics.

Et ce n'est pas tout : elles devront elles-mêmes s'engager à modérer ou à décaler leur propre consommation d'énergie si besoin. Autrement dit, à diminuer l'éclairage, éteindre les écrans publicitaires ou d'informations, ou encore à baisser ou même couper le chauffage en cas de situation de tension sur le réseau.

« En réduisant votre consommation, vous allez permettre aux PME de continuer leurs activités, sans délestages », a ainsi affirmé Bruno Le Maire.

Au vu de la diversité des secteurs des sociétés concernées (logement, transports, médias, industrie lourde, agroalimentaire, grande distribution...), ces leviers pourront prendre différentes formes. On peut par exemple citer la RATP, qui reportera la charge électrique de ses bus en dehors des heures du matin et du soir, ou encore la Poste, laquelle réduira de 17 à 16 degrés la température de ses centres de tri.

Sobriété RTE

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Déployer la sobriété sur le long terme

Mais l'idée serait d'aller plus loin, en élargissant l'horizon au-delà des difficultés d'approvisionnement de l'hiver à venir, a-t-il souligné. Et d'ajouter que « la crise actuelle est plus grave que le choc pétrolier de 1973 ». En filigrane, l'exécutif a ainsi rappelé que le plan s'inscrivait dans un objectif de lutte contre le réchauffement climatique - même si ce dernier n'aura pas suffi à pousser le gouvernement à lancer une vaste campagne de sobriété, contrairement au risque imminent de pénurie. « Pour nous mettre sur la trajectoire net zéro, il faudra économiser 40% de notre énergie à horizon 2050 », a ainsi rappelé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en visioconférence.

« Il n'y aura pas de retour à la normale. Il faut donc construire un nouveau modèle plus économe en énergie. [...] La sobriété n'est pas une stratégie pour passer l'hiver, mais pour passer le siècle », a renchéri Bruno Le Maire.

Par conséquent, les entreprises en question ont dû signer la charte en complément d'actions d'économies, dans la lignée du plan sobriété annoncé la semaine dernière par le gouvernement, et qui doit permettre de réduire de 10% la consommation d'énergie sur les deux prochaines années par rapport à 2019. Reste à voir si ces mesures seront bel et bien proportionnées à l'ampleur du défi à relever.

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Marine Godelier

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Commentaire 1
à écrit le 11/10/2022 à 20:20
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"Nous devons tous nous engager, à commencer par les plus puissants" dit Bruno. Donc, au-delà de la figure de style, Bruno veut faire croire que les puissants n'ont à répondre en premier à leurs grands actionnaires? Relis les propos de ton prophète, M...

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