Communication chaotique au sommet de l'État. Alors que la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le gendarme du secteur, a annoncé ce jeudi matin qu'elle estimait la prochaine hausse du tarif réglementé de l'électricité (TRVe) en février 2024, « dans une zone de 10, 20% », Bruno le Maire, le ministre de l'Economie, a répondu quelques heures plus tard qu'une telle augmentation de la facture des ménages ayant souscrit à ce type de contrat serait « exclue ».
Pour rappel, la CRE a pour mission de calculer l'évolution théorique du tarif réglementé d'EDF, deux fois dans l'année, en février et en août, en fonction des prix inscrits sur le marché.
Et avant même d'être court-circuitée par le ministre de l'Economie, la présidente du régulateur, Emmanuelle Wargon, avait prévenu que cette estimation n'était que provisoire.
« Sur les TRV, c'est encore un peu tôt pour faire l'équation, puisqu'on fait les calculs de TRV sur la base des prix sur les deux années précédentes, entre autres. Il va donc falloir attendre de constater les prix fin 2023 », avait-t-elle mis en garde.
« Il faudra attendre la fin de l'année pour avoir un calcul solide. Il est encore trop tôt pour calculer le niveau des TRVe en France puisqu'il faudra prendre en compte les prix de marché 2024 jusqu'à la fin de l'année 2023 et les demandes d'ARENH lors du guichet de novembre », a d'ailleurs ajouté la CRE dans un communiqué rectificatif envoyé en début d'après-midi.
Si l'on en croit la réponse de Bruno le Maire, pas besoin, donc, d'attendre fin 2023 pour savoir que le tarif bleu effectivement payé par les consommateurs n'augmentera pas autant.
L'évolution du prix du TRV reste avant tout politique
Car derrière le calcul de la CRE, l'évolution du tarif réglementé est avant tout une question de choix politique. Le régulateur n'a pas le pouvoir de modifier ce tarif, simplement de le recalculer selon une formule prédéfinie, et de proposer une modification conforme aux prix du marché, qui peut être suivie où non par le gouvernement.
« Dans toute cette période de crise, il faut bien séparer le calcul des TRV théoriques, qui est l'application de la formule de calcul, de la décision qui est du ressort du gouvernement », précisait d'ailleurs ce matin Emmanuelle Wargon.
L'Etat a en effet la possibilité de financer une partie de la facture d'électricité des Français au tarif bleu avec son budget. Depuis fin 2021, ce TRVe n'a ainsi plus rien à voir avec le prix payé par les consommateurs particuliers, puisque celui-ci a été gelé par les pouvoirs publics au début de la crise de l'énergie. Ainsi, alors que ce tarif avait subi, en février 2023, une augmentation théorique de presque 100% en raison de la flambée des cours, la hausse des mensualités avait été contenue à +15% via le bouclier tarifaire (avant une nouvelle hausse de 10% en août décidée par l'Etat).
Malgré une volonté affichée de vouloir serrer la ceinture du budget de l'Etat, le ministre de l'Économie a donc déjà décidé qu'il ferait un geste envers les foyers français, tant le sujet est explosif.
(Avec AFP)
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