C'est une volte-face. La Première ministre serbe Ana Brnabic a annoncé jeudi renoncer au projet d'exploitation de mine de lithium qui devait être confié au géant minier anglo-australien Rio Tinto, auquel étaient opposés les écologistes qui ont organisé des manifestations regroupant des milliers de personnes à travers le pays ces dernières semaines.
"Tout ce qui est lié au projet Jadar est terminé", a déclaré Ana Brnabic, se référant au nom de la vallée située dans l'ouest de la Serbie où devait être exploité ce gisement, l'une des plus importantes réserves de lithium d'Europe découvertes en 2004, située dans l'ouest de la Serbie, près de la ville de Loznica. Ce métal dont le principal débouché est en train de devenir les batteries pour véhicules électriques ainsi que les éolienne offshore devrait voir sa demande bondir de 42% d'ici 2040, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Pour la seule Union européenne, les besoins en lithium seront multipliés par 18 en 2030.
Un dossier politiquement explosif
Le dossier était devenu politiquement explosif. En effet, cette décision surprise du gouvernement serbe intervient à quelques mois d'élections législatives et présidentielle, probablement au printemps, l'administration du président Aleksandar Vucic cherchant à s'assurer du soutien des électeurs, l'opposition au projet étant aussi nourrie par un ressentiment rampant contre le gouvernement.
Les écologistes, comme les habitants de la région concernée, accusaient Rio Tinto et le président Vucic d'agir dans le plus grand secret et de refuser de publier les rapports d'impact environnemental. Ils craignaient que la région soit dévastée par l'extraction du métal. Le régime du président Vucic est aussi accusé de fermer les yeux devant les dangers environnementaux que pourraient provoquer certains projets d'investisseurs étrangers.
Un investissement de 2,1 milliards d'euros
Le géant minier anglo-australien qui a acheté des terres dans cette région et attendait d'obtenir le feu vert final des autorités pour commencer l'exploitation de cette mine avait prévu d'investir un montant total de 2,1 milliards d'euros. Selon ses évaluations, le gisement est en mesure de produire assez de lithium pour alimenter plus d'un million de véhicules électriques par an.
Dans un bref communiqué, la compagnie minière indique "comprendre les préoccupations" des communautés locales de la valllée de Jadar qui "peuvent traitées et gérées".
Ce rebondissement illustre la difficulté de l'opinion publique en particulier en Europe à accepter des projets miniers qui sont perçus comme polluants. Et elle est un mauvais signe envoyé aux autorités à travers le Vieux continent qui compte relance l'exploitation de métaux stratégiques pour moins dépendre des importations et des fluctuations de prix qui tendent à s'envoler.
(avec Agences)
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