Les Trois Tricoteurs, l'irrésistible ascension du nordiste et de son modèle fabriqué « à la demande »

Après avoir ouvert à Roubaix un « atelier-bar » avec trois machines tricotant à la demande des articles en coton bio ou en laine mérinos, Les Trois Tricoteurs voient aujourd'hui plus grand en prévoyant de mettre en place un atelier de vingt machines d'ici 2026. Le tricotage intégral à la demande séduit aussi bien les particuliers que l'industrie textile.
(Crédits : Les Trois Tricoteurs)

Se faire tricoter sur demande des chaussettes en quinze minutes ou un pull en trente minutes... tout en buvant une bière ou un café ? Ce concept, installé à Roubaix, a cartonné dès son ouverture en juillet 2021. Il n'y aurait, a priori, pas d'autre équivalent en Europe : d'un côté un bar et de l'autre, derrière une vitre, des machines travaillent (presque) toutes seules pour proposer un vêtement éco-responsable, made in Roubaix et zéro déchet (et surtout sans stock).

Sacha Boyadjian, Alexandre Bianchi et Victor Legrain se sont croisés sur les bancs de la prestigieuse école ENSAIT, École Nationale Supérieure Des Arts Et Industries Textiles de Roubaix, une référence internationale de formation d'ingénieur textile. Portés par ce succès, Les Trois Tricoteurs voient aujourd'hui plus grand. D'abord en investissant dès maintenant dans trois nouvelles machines mais surtout, en visant de mettre en place un atelier de vingt tricoteuses d'ici 2026 ! « Nous avions prévu ce développement mais pas aussi rapidement », concède Sacha Boyadjian.

« Aujourd'hui, dans notre bar, vous pouvez essayer les modèles d'exposition d'écharpes, de chaussettes, de gilet, de pull pour choisir la taille », présente Sacha Boyadjian. « Ensuite, vous avez le choix parmi toutes les couleurs exposées et vous pouvez même ajouter le texte de votre choix. Nous programmons ensuite la fabrication sur les machines, qui travaillent alors sous vos yeux ».

Made in Roubaix à petit prix

Parmi les clients des Trois Tricoteurs, on trouve tous les âges, qu'il s'agisse de touristes (l'atelier étant situé à deux pas du célèbre musée de La Piscine) mais aussi des personnes ayant connu l'âge d'or du textile à Roubaix. « Justement, la fierté, c'est de pouvoir s'acheter un peu de made in Roubaix puisque nous restons dans des prix abordables ». A savoir, à partir de 85 euros le pull en laine mérinos de Nouvelle-Zélande ou d'Australie et à partir de 7 euros la paire de chaussettes en coton biologique d'Italie  et polyamide recyclé d'Espagne.

La technique du tricot sans couture permet par exemple de sortir un pull complet en une demi-heure, ce qui permet ainsi de proposer du « made in France » à prix compétitif. Seules quelques finitions à la main (comme par exemple tirer un fil) sont opérées par des personnes en réinsertion. « Surtout la tendance de fond chez les jeunes qui viennent chez nous, c'est de consommer un peu moins mais mieux, et donc d'investir dans un vêtement qui va durer longtemps », constate la cofondatrice.

De grandes marques comme Damart ou Cyrillus

Après un peu plus de deux ans d'existence, Les Trois Tricoteurs s'est faite remarquée auprès des professionnels. « Nous tricotons aussi pour différentes marques : de la toute petite griffe de créateur qui veut faire une petite série à de grosses entreprises comme Damart ou Cyrillus qui commande des centaines voire des milliers de produits (pulls, bonnets, écharpes) : nous commencions à être à l'étroit dans nos locaux du centre-ville, c'est pourquoi nous avons décidé d'investir 800 m2 dans un atelier partagé déporté », justifie la cofondatrice.

Chacune des deux premières machines rectilignes a coûté 150.000 euros, la machine à chaussettes 30.000 euros. « Nous avions monté le financement de départ avec trois banques : la partie BtoC faisait un peu peur dans un contexte de baisse de la consommation générale mais c'est la partie B-to-B qui a convaincu les financeurs. A l'époque, nous avions déjà obtenu les lettres d'intention de plusieurs entreprises ».

Deux millions d'euros

Le nouvel atelier des Trois Tricoteurs comporte, lui, déjà trois nouvelles machines, dont une qui va permettre de tricoter de petits accessoires comme des gants et des headbands et une autre, qui peut sortir de très grandes pièces comme des plaids ou des couvertures. « Les trois banques de départ nous ont suivi pour ce premier investissement mais pour atteindre à terme les deux millions d'investissement du projet final, nous allons devoir faire entrer de nouveaux investisseurs dans le capital de la SAS », explique Sacha Boyadjian. Sachant qu'une machine se rentabilise en moyenne en sept ans.

La répartition de l'activité des Trois Tricoteurs se répartit aujourd'hui de manière équilibrée entre le BtoB, le BtoC et le bar. « Notre business model hybride fonctionne : si on a moins de commandes de professionnels, on peut faire un peu plus de particuliers ou miser plus sur l'évènementiel pour le bar ou la mise en place de nouveaux produits ».

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