Quand le groupe de distribution Metro roule (électrique) avec Bolloré

Le groupe de distribution qui s'adresse aux professionnels de l'hôtellerie-restauration expérimente un nouveau type de véhicules -électrique et fabriqué par le groupe Bolloré-, pour transporter des aliments jusque dans le centre de Paris. Il reste encore bien des réglages à effectuer avant d'envisager sérieusement une adoption à une plus grande échelle.
Marina Torre
La camionnette électrique baptisée "BlueTruck" dispose d'une autonomie de 120 km.

La COP21, pour les entreprises, c'est surtout l'occasion de faire des affaires. Ou du moins d'en parler. Elles ont même un lieu pour le faire : le Grand Palais à Paris, où ont exposées leurs "solutions" contre le réchauffement climatique. C'est là que, pendant qu'au Bourget les négociateurs tentent encore de s'accorder sur un texte final à la veille de la clôture, le groupe Metro a montré ce jeudi 10 décembre des prototypes de camionnette et de voiture électrique produits par le groupe Bolloré et censés lui permettre de réduire son impact carbone.

Tournées d'essais en camions Bolloré

Avec les premiers, il compte organiser des tournées de livraison jusqu'au centre de Paris. Des "BlueTruck", camionnettes de 6 mètres de long avec batterie sur le toit achemineront les marchandises entre ses plateformes logistiques franciliennes et deux entrepôts situés dans le XIIe, l'autre dans le XVIIIe arrondissement de Paris, puis vers une partie des clients. Leur autonomie de 120 kilomètres doit permettre de "circuler toute une journée sans avoir à se recharger", est-il précisé dans un document distribué par le distributeur allemand.

Il ne s'agit pour l'instant que d'un tout petit tour d'essai. Trois de ces camionnettes -sur une trentaine de véhicules à énergie fossile- servent déjà à effectuer ces tournées à Paris et devraient être lancées sur les routes à partir d'avril 2016.

"Pour 25 ou 30% de nos volumes dans ces entrepôts, nos clients se font déjà livrer par nos camions à énergie fossile. Si tout se passe bien l'ensemble de ces camions pourraient passer à l'électrique", indique à La Tribune Benoît Feytit, le directeur général de Metro en France

Il faudra pour cela régler quelques questions de fond et non des moindres. A commencer par celle du prix. Lors d'une conférence de presse conjointe,Vincent Bolloré a assuré que ses BlueBus -qui seront testés par la RATP début 2016- et BlueTrucks ne seront bientôt "pas plus chers que des véhicules thermiques". Notamment grâce à l'utilisation de nouvelles batteries utilisant moins d'énergie pour leur propre fonctionnement. Le vérifier "fera partie de l'expérimentation justement mais je suis confiant sur ce sujet", lui a répondu Bruno Feytit.

Du froid, du fixe et du mobile

Une autre point devra être réglé : celui de la réfrigération, cruciale pour le respect de la chaîne du froid. La question en suspens sur ce point : les boîtes réfrigérées contenant la marchandises devront-elles être fixes ou mobiles?

En attendant d'y répondre, des voitures électriques version Bolloré équiperont des commerciaux. Et pour étoffer ses offres de services Metro envisage aussi d'offrir des abonnements d'un an au service d'auto-partage Utilib à ses clients. Ces derniers auraient encore à payer les trajets effectués dans ces véhicules utilitaires pour transporter les marchandises achetées dans ses magasins-entrepôts.

Le dirigeant de la filiale française du groupe allemand va même plus loin et songe à utiliser de plus grands camions en développement. Mais il s'agirait cette fois d'assurer son propre ravitaillement, ce que l'autonomie annoncée de 250 km rendrait peut-être envisageable s'il ne s'agissait pas pour l'instant d'une indication pour les seuls déplacements urbains.

Mutualiser la logistique

Il ne s'agit encore que de prospective. A plus court terme, les solutions les plus souvent envisagées pour réduire l'impact carbone de la distribution consistent tout simplement à mutualiser davantage les transports jusque dans les centres-villes. Ce qui une fois encore, n'est pas sans poser problème.

"Sur l'amont, nous mettons des choses en commun, sur l'aval, c'est plus compliqué", reconnaît Bruno Feytit. En l'occurrence, l'aval, c'est-à-dire la livraison jusque dans les établissements des professionnels qui achètent leur produits alimentaires dans un centre de distribution "cash & carry", nécessite là encore le respect d'une stricte réglementation sanitaire. Ce qui n'est pas forcément incompatible avec l'usage d'énergies moins émettrices de CO2. Mais pas toujours rentable non plus.

Marina Torre

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Commentaire 1
à écrit le 12/12/2015 à 7:25
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Tiens, un cousin du faux-tramway présenté sur les Champs Élysées ?

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