Paris en ligne : pourquoi la FDJ veut racheter ZEturf

Le mastodonte des jeux à gratter veut étendre sa part de marché dans les paris en ligne. La Française des Jeux a annoncé lundi vouloir racheter l’entreprise de paris hippiques ZEturf (qui possède aussi le site de paris sportifs ZEbet). Retour sur cette opération en trois questions.
Maxime Heuze
FDJ
FDJ (Crédits : Regis Duvignau)

La Française des Jeux part à la conquête du pari hippique. C'est le message que veut faire passer le géant des jeux d'argent dans un communiqué de presse annonçant sa proposition de rachat du bookmaker ZEturf. Mais pour le groupe FDJ sorti du giron de l'Etat à la suite de son entrée en Bourse en 2019, les enjeux de ce rachat sont plus vastes.

Qui est ZEturf ?

Fondé en 2001 par le Français Emmanuel de Rohan Chabot, ZEturf est le principal concurrent du Paris Mutuel Urbain (le fameux PMU), avec 20% des parts de marché du paris hippique en France. Avec sa filiale ZEbet, qui commence à se faire un nom dans les paris sportifs en ligne, le groupe a comptabilisé 800 millions d'euros de mises en 2021 pour un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros. Un palmarès loin de celui du mastodonte détenu à 20% par l'Etat, qui affichait plus de 10 milliards d'euros de mises, pour un chiffre d'affaires de 1,21 milliard d'euros... juste pour la période de janvier à juin 2022. Mais ZEturf a un atout considérable, ses activités ne se limitent pas au marché français et se sont aussi développées aux Pays-Bas, en Belgique et en Espagne.

Pourquoi la FDJ veut-elle racheter ZEturf ?

S'il parvient à son terme, le rachat de ZEturf va permettre à la FDJ de mettre un pied dans l'étrier du marché du paris hippique et celui du poker tout en faisant une pierre deux coups en renforçant sa position dans les paris sportifs en ligne avec ZEbet.  « C'est une opération classique dans un marché mature qui n'est plus en pleine croissance et où les gros acteurs font de la croissance externe en rachetant les concurrents », estime Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché chez le courtier IG.

Après une ouverture à la concurrence en 2008, le marché du paris sportif en ligne a bouillonné avec l'arrivée d'une dizaine de sites concurrençant Parions sport, le site de paris en ligne de la FDJ. La période de foisonnement de nouveaux acteurs toucherait-elle à sa fin? « Ce rachat est peut-être un signe que l'activité de ce marché pourrait ralentir avec l'inflation et une éventuelle baisse de consommation des jeux », ajoute l'analyste d'IG. Un scénario qui amènerait alors le marché des paris en ligne à se concentrer entre les mains de quelques acteurs.

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Quelles conséquences aura ce rachat sur l'activité et le cours de la FDJ?

L'annonce du mastodonte valorisé 6,11 milliards d'euros en Bourse a été saluée par le marché. Le cours de l'action FDJ a pris 2% ce mardi 20 septembre 2022. Si la FDJ n'a pas de souci à se faire sur ses activités de jeux à gratter physiques puisqu'elle bénéficie d'un monopole accordé par l'Etat sur tous les points de vente jusqu'en 2044, elle souhaite néanmoins se renforcer sur les paris sportifs dont elle a perdu le monopole en 2008. « L'acquisition [de ZEbet] pourrait augmenter le nombre de mises placées dans les paris sportifs de la FDJ (c'est-à-dire 4,2 Md€), de 20 % », déclarent dans une note, Sabrina Blanc et Christophe Cherblanc, analystes chez la Société générale en charge du dossier. Les deux spécialistes anticipent aussi que ZEturf sera le pilier de la stratégie de lancement du géant français dans le poker en ligne.

Mais pour d'autres experts, cette proposition de rachat est avant tout symbolique. « La FDJ détient 10% de part de marché sur le pari en ligne face aux concurrents Betclic, Winamax et Unibet qui représentent 20% du marché à eux trois. C'est une acquisition stratégique mais pas structurante, ça ne va lui rapporter que 3 à 4% de parts de marché en plus mais c'est symbolique. C'est un message que la société envoie à ses actionnaires pour dire qu'elle est à la manœuvre », fait valoir un observateur. Un message qui aurait pour but de faire oublier la mauvaise performance boursière de la FDJ (-28% sur an un) en leur apportant des perspectives de croissance future.

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Maxime Heuze

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