
A quelques jours du résultat du référendum de la direction d'Air France sur sa proposition d'augmentation salariale (+2% en 2018 et +5% de 2019 à 2021), qui permettrait de court-circuiter les revendications de l'intersyndicale (+5,1% pour la seule année 2018), la mobilisation des pilotes, qui était minoritaire puisqu'elle concernait grosso-modo un tiers des pilotes, s'effondre. Obligatoires 48 heures avant la grève conformément à la loi Diard, les déclarations des grévistes pour la grève de ce jeudi 3 mai que communiquera mercredi la direction, font état, selon nos informations, d'une mobilisation des pilotes de seulement 18,8%, contre 27,2% pour la dernière journée de grève le 24 avril. Par rapport au 11 avril, la baisse est même de 17 points.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette chute, comme l'incompréhension (voire l'exaspération) de voir la grève continuer pendant la consultation, la lassitude de ne pas avoir obtenu ce qu'ils souhaitaient initialement (+6%) après 12 jours de grève qui ont amputé les salaires de mars et d'avril, mais aussi l'agacement de voir le bureau du SNPL rester dans une logique intersyndicale alors que la direction propose de négocier en parallèle des hausses de rémunérations supplémentaires spécifiques pour les pilotes, en échange de mesures apportant de la valeur à la compagnie (sans demander de hausse de productivité).
Plus de vols seront assurés
La mobilisation baisse aussi chez les autres catégories de personnels. Celle des hôtesses et stewards ne fléchit que légèrement (-1,9 point par rapport à la journée du 24 avril à 18%) tandis que celle des personnels au sol baisse de près de 6 points par rapport à la dernière journée de grève, à 10%. Du coup, la compagnie, qui était parvenue à assurer 75% des vols lors des précédentes journées de grève, prévoit de réaliser 85% de son programme de vols jeudi.
Pour rappel, les syndicats de pilotes ont également appelé à la grève pour les 4, 7 et 8 mai. Pour l'heure, le coût de la grève s'élève à 300 millions d'euros.
Les négociations spécifiques pour les pilotes n'avancent pas
Cette démobilisation des pilotes intervient alors que les négociations entre la direction et les syndicats de pilotes sur des mesures spécifiques n'avancent pas. Hier, après quelques échanges, les syndicats ont demandé à 14h30 une interruption de séance et ne sont jamais revenus dans la salle de réunion. A 18h00, les négociateurs de la direction ont acté la fin de la réunion.
Les syndicats de pilotes refusent en effet de négocier cette partie tant que la direction ne se sera pas engagée à augmenter toutes les catégories de personnels de 5,1%. Ces mesures spécifiques comprennent le déplafonnement du nombre d'avions de Transavia France (40 avions aujourd'hui), l'entrée de l'A350, ou encore la hausse de prime de commandement pour les commandants de bord d'A320.
Pour les deux premières années d'exploitation de l'A350 (été 2019-été 2021), la direction propose, sur la base du volontariat, aux pilotes d'A330, d'A340 ou d'A350 qui peuvent postuler à un passage sur B777 (sur lequel la prime de vol est supérieure) de rester sur leur type d'avions en alignant la prime de vol sur celle du B777.
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