
Si l'année 2021, et les espoirs de reprise qu'elle suscite, ne pourra être que meilleure que 2020, elle n'en restera pas moins catastrophique sur le plan financier pour le transport aérien en général, et pour Air France en particulier. Selon nos informations, le budget élaboré par la compagnie aérienne française pour cette année prévoit une perte d'exploitation de deux milliards d'euros, l'équivalent de 5,4 millions d'euros par jour en moyenne. Si elle se confirme, cette perte sera 45% inférieure à celle de 2020. La présentation en février prochain des comptes d'Air France-KLM de l'année dernière fera apparaître une perte d'exploitation de 3,6 milliards d'euros pour Air France. Interrogée, la compagnie ne fait aucun commentaire.
Le quatrième trimestre, le plus mauvais de l'année
Air France ayant fait état en novembre dernier d'une perte de 2,4 milliards d'euros pour les neuf premiers mois de l'année, la compagnie a donc essuyé une perte de 1,2 milliard d'euros au quatrième trimestre. Celui-ci a donc été plus mauvais que le deuxième trimestre (1 milliard d'euros de perte d'exploitation), pourtant marqué par le confinement au printemps d'une grande partie de la population mondiale et par l'arrêt quasi-total du transport aérien. Le deuxième semestre, qui cet été devait être celui de la reprise, s'est donc soldé pour Air France par des pertes supérieures à celles du premier semestre (2 milliards d'euros contre 1,6 milliard). En effet, en juillet dernier, la direction de la compagnie tablait sur une perte d'exploitation au deuxième semestre de 1,3 milliard d'euros et d'une perte annuelle de 2,9 milliards d'euros, soit 700 millions de moins que la perte enregistrée in fine. Mais l'arrivée en septembre de la deuxième vague de l'épidémie a déjoué le scénario de reprise.
Pas de reprise avant cet été
Basées sur un prix moyen du baril de pétrole plus ou moins similaire à celui de 2020, les prévisions pour 2021 confirment la lenteur attendue de la reprise du trafic aérien, laquelle sera conditionnée par l'amélioration de la situation sanitaire. Celle-ci dépendra du rythme de la vaccination et du maintien ou pas de certaines contraintes aux voyages. Air France n'attend pas de reprise avant l'été prochain. Les effets de la vaccination sur le transport aérien ne se feront pas sentir avant cette période, au mieux. Par conséquent, les deux premiers trimestres de l'année s'annoncent très mauvais. Après un rebond au moment des fêtes de fin d'année, le trafic va retrouver l'atonie qui le caractérisait à l'automne en raison de la montée en flèche des contaminations, synonyme à l'évidence de troisième vague de l'épidémie.
Au final, Air France prévoit cette année de mettre en ligne 60% de son offre (mesurée en sièges kilomètres offerts) qui était la sienne en 2019, et table sur un niveau de trafic (et de recettes) équivalent à la moitié de celui de 2019.
Les pertes financières pourraient être plus lourdes encore puisque les prévisions n'incluent pas l'impact d'une guerre tarifaire à laquelle s'attend la compagnie au moment de la reprise.
Activité partielle de longue durée
Un retour à un bénéfice net n'est pas attendu avant 2023, sous l'effet d'une amélioration de l'environnement et du plan de restructuration d'Air France qui doit apporter, selon la direction, "des bénéfices structurels de 1,2 milliard d'euros d'ici à fin 2022, dont 800 millions en 2021". Pour rappel, le groupe Air France a prévu de supprimer 8.500 postes d'ici à fin 2022 (HOP inclus). Au premier semestre 2021, la direction vise une diminution de 9% des coûts de personnels, soit une baisse de 500 millions d'euros environ. La baisse de la masse salariale passera par le départ de l'entreprise des salariés dans le cadre du plan de départs volontaires pour les personnels au sol ou celui des ruptures conventionnelles collectives pour les personnels navigants. Pour baisser sa masse salariale, la compagnie pourra également compter sur l'activité partielle de longue durée (APLD, 24 mois maximum). Mise en place début janvier pour les personnels au sol et les personnels navigants commerciaux (PNC), elle est encore en discussion avec le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL).
Malgré ces pertes, la compagnie aérienne n'est pas menacée à court terme par un problème de liquidités. S'élevant à 7 milliards d'euros, les prêts bancaires garantis par l'Etat et le prêt direct de ce dernier, obtenus au printemps, lui permettent de tenir plus d'un an. Par ailleurs, la compagnie va profiter de l'opération de renforcement des fonds propres qui se prépare au niveau d'Air France-KLM.
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