Le vol Air France AF011 commence à parler : pas de problème sur le Boeing

EXCLUSIF- D'une simple remise de gaz mal maîtrisée, le vol AF011 est devenu une affaire mondiale suite à une suspicion de dysfonctionnement sur le Boeing 777 mis en lumière par un enregistrement diffusé sur Internet. Pourtant, selon des premiers éléments recueillis par La Tribune, le "Quick access recorder" (QAR) montre qu'aucune défaillance n'est imputable à l'avion. Explications.
Le Boeing 777 n'aurait pas connu de défaillance lors du vol AF011 du 5 avril.
Le Boeing 777 n'aurait pas connu de défaillance lors du vol AF011 du 5 avril. (Crédits : Christian Hartmann)

« On a remis les gaz donc, problème de commandes de vol, l'avion (un Boeing 777, NDLR) a fait à peu près n'importe quoi ». Adressée à la tour de contrôle après un incident de vol le 5 avril en phase finale d'atterrissage à Roissy, la phrase-choc d'un des pilotes d'Air France de l'AF011 a fait grand bruit. Et pour cause. Interceptée et diffusée sur Internet, elle a fait le tour du monde, inquiétant non seulement Boeing, mais aussi un grand nombre de compagnies aériennes utilisant cet avion qui s'est vendu comme des petits pains depuis une trentaine d'années.

Lire ici l'incroyable histoire du B777

Et cet incident, qualifié de grave par le Bureau Enquêtes Analyses (BEA) lequel, à l'instar du NTSB américain, a ouvert une enquête, n'a pas fini de faire du bruit. Car l'affaire n'est peut-être pas aussi claire qu'un blocage de commandes soudain. Selon plusieurs sources concordantes en effet, les premières données récoltées par Boeing et communiquées à Air France, ne laissent entrevoir aucun dysfonctionnement des commandes de vol du Boeing 777.

Ces éléments sont issus du Quick access recorder (QAR) - enregistreur à accès rapide. Ce dispositif enregistre des données similaires à l'enregistreur de données de vol (FDR) - l'une des fameuses "boîtes noires" avec l'enregistreur phonique (CVR). Mais, au contraire de ces dernières, dédiées uniquement aux enquêtes en cas d'accident, le QAR est dédié à l'analyse des données de vol dans une optique d'amélioration de la sécurité des vols mais aussi d'optimisation des opérations et de la maintenance. Comme son nom l'indique, le QAR permet une extraction rapide et facile de ces données de vol brutes. Celles-ci sont régulièrement téléchargées et envoyées aux équipes de la compagnie aérienne et de l'avionneur. D'où la rapidité de leur traitement en comparaison des données du FDR et du CVR actuellement en cours d'analyse par le BEA, qui s'est saisi de l'affaire en la qualifiant "d'incident grave".

L'avion a répondu normalement

Et donc, selon les premières analyses transmises par Boeing à Air France, rien n'indique qu'il y ait eu un dysfonctionnement des commandes de vol. Le constructeur américain a ainsi signifié à la compagnie que "l'avion de référence a répondu de manière appropriée aux commandes de l'équipage de vol". Selon les données de vol, les pilotes ont mal interprété une situation et n'étaient pas coordonnés. Ces éléments viennent donc en contradiction avec leurs déclarations.

Conformément aux procédures d'Air France, la descente s'est faite en pilotage manuel, là où Boeing et d'autres compagnies privilégient le pilotage automatique avec une reprise des commandes à un certain niveau. Pour une raison encore inconnue qui pourrait, selon certains experts, être une simple approche non stabilisée, les pilotes ont remis les gaz, alors que l'avion se trouvait à seulement 335 mètres du sol selon le site Flight Radar. Provoquant une déviation de la trajectoire vers la gauche, cet enchaînement a provoqué l'incompréhension des pilotes, sans qu'il n'y ait, apparemment, de défaillance mécanique. Agissant sous un fort facteur de stress, après un vol fatigant en provenance de New York, et dans des conditions météorologiques difficiles, les pilotes n'auraient pas réussi à appréhender correctement la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Une remise de gaz non conforme

Selon nos informations, la remise de gaz n'a pas été conforme à la procédure avec des confusions sur la répartition et l'exécution des tâches. Celle-ci est pourtant très encadrée comme l'a rappelé Air France à l'AFP : "la remise de gaz est définie par les autorités, les constructeurs aéronautiques et Air France comme une procédure normale qui va dans le sens de la sécurité". L'interrupteur TO/GA ("take-off/go-around"), permettant d'ajuster la puissance des moteurs pour le décollage ou la remise de gaz aurait ainsi été enclenché quatre fois. Pour autant, la sécurité de l'appareil n'aurait néanmoins pas été engagée durant cette séquence, qui n'aurait jamais suscité un tel emballement médiatique sans cet enregistrement sonore.

Néanmoins, Air France va devoir maintenant expliquer la séquence, alors qu'elle s'était empressée de féliciter ses pilotes pour leur manœuvre face à ce qui semblait alors être une défaillance de l'avion. Interrogés, ni Air France, ni Boeing n'ont fait de commentaires, tandis que le BEA a seulement précisé que les analyses étaient toujours en cours.

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Commentaires 10
à écrit le 16/04/2022 à 9:46
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Lorsque l'on compare le nombre d'accidents (dont mortels) entre Air France et British Airways, compagnies similaires, nous sommes obligés de constater que la première présente de mauvais résultats...

le 17/04/2022 à 0:18
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Au cours de l’année 2019 ( dernière année représentative du transport aérien) British Airways comptabilise une quarantaine d’incidents dont certains beaucoup plus grave que celui relaté dans cet article, comme le vol BA 2167 du 5 mai 2019 : 14 blessé...

à écrit le 08/04/2022 à 18:57
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Air France, un emblème assez significatif de la faillite des zèlites (celles qui montent dans la hiérarchie par excès de zèle, pas par compétence) de ce pays... Y-a-t-il un pilote qui comprend l'avion...

le 09/04/2022 à 21:21
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Mais oui, c'est la faute à Macron, d'ailleurs tout le monde sait qu'il est pilote chez Air France... Décidément, le moindre prétexte est bon pour raconter n'importe quoi !...

à écrit le 08/04/2022 à 16:02
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Je cite : " le QAR est dédié à l’analyse des données de vol dans une optique d’amélioration de la sécurité des vols " …pas à une "enquête" dont les conclusions sont rendues en cinq minutes par une presse incompétente . Le QAR n’enregistre pas la dur...

à écrit le 08/04/2022 à 15:11
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Idem Rio Paris ? c'est la faute à la machine ?

le 10/04/2022 à 2:01
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Ni Airbus ni Air France ni le SNPL... la faute aux victimes d'avoir offert leur confiance à celle qui ne la méritait pas: la France.

le 14/04/2022 à 19:13
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Rien a voir avec Rio Paris ou la machine a une grande part de responsabilité

le 16/04/2022 à 3:24
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"Rien a voir avec Rio Paris ou la machine a une grande part de responsabilité" Des mecs laissent un avion en decrochage sur 10km et c'est la machine... A un moment, il faut savoir se remettre en question !

à écrit le 08/04/2022 à 8:47
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Clarisse devait être au commande LOL

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