SNCF : la grève continue, les syndicats le gouvernement s'affrontent

Le troisième jour de grève à la SNCF se fait sous le feu des critiques du gouvernement qui dénonce une action illégitime et veut des suites judiciaires. De leur côté, les syndicats accusent le gouvernement de jouer "le pourrissement".
(Crédits : Reuters)

Le mouvement social à la SNCF perturbait à nouveau la circulation des trains dimanche pour son troisième jour avec un risque d'enlisement, les syndicats continuant de défendre le "droit de retrait" à la suite d'un accident, face à la direction et au gouvernement qui dénoncent une "grève sauvage".

"La reprise est progressive, nette en Ile-de-France, sur les trains grandes distances et dans certaines régions", mais "très difficile" dans certaines régions, comme l'Occitanie ou la Champagne Ardenne, a indiqué à l'AFP la direction de la SNCF, qui soulignait notamment une amélioration "sur la ligne D où il y avait un train par heure hier et aujourd'hui nous avons un trafic normal". Sur les trains Ouigo, "la SNCF prévoit de faire circuler au moins 18 trains, voire 22, contre quatre samedi et 50 un dimanche habituel".

La totalité des Intercités vers Bordeaux supprimés

A la gare Saint-Charles à Marseille dimanche matin, tous les regards étaient tournés vers les écrans d'affichage. Et pour les voyageurs à destination de Madrid, à 08h01, c'était la déception. Train supprimé, comme la totalité des Intercités vers Bordeaux, la majeure partie des TER et la quasi-totalité des Ouigo.

Au total, seuls 17 trains étaient encore proposés, principalement des TGV. "Mais en fait rien n'est garanti jusqu'au départ du train", explique à un voyageur une salariée de l'entreprise publique, en gilet rouge: "Le conducteur du train doit rejoindre sa machine environ 20 minutes avant le départ, et ce n'est qu'à ce moment que nous pouvons savoir si le train pourra effectivement partir".

Elisabeth, 63 ans, avait prévu de regagner Paris samedi, pour une soirée à l'Opéra Bastille. Elle a finalement dû reporter son départ à dimanche mais n'en veut pas aux conducteurs ayant décidé de "poser leur sac" pour obtenir la présence d'un contrôleur dans tous les trains: "Je ne savais pas qu'ils étaient la plupart du temps seuls ans leurs trains, et je me dis qu'ils ont raison".

L'incident de Charleville-Mézières, à l'origine de la grève

"On est dans une situation de blocage", résume Didier Mathis, de l'Unsa ferroviaire, pour qui "s'il n'y a pas d'avancée de la part de la direction, on peut supposer que le mouvement va se poursuivre, car le problème de danger n'est pas réglé".

Quant à son collègue de SUD-Rail Julien Troccaz, il juge "difficile de faire des prévisions" pour la suite du mouvement, mais estime que le patron de la SNCF et l'exécutif "jouent le pourrissement total" du conflit.

A l'origine du mouvement, un accident survenu mercredi soir, lorsqu'un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau dans les Ardennes, faisant 11 blessés dont plusieurs hospitalisés. Le conducteur, qui a porté secours aux passagers alors qu'il était lui-même blessé, était le seul agent SNCF à bord du train.

Les syndicats SUD-Rail, CGT-Cheminots, FO-Cheminots et la Fgaac-CFDT, contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs. La direction fait valoir qu'il "existe depuis des dizaines d'années". Le ton est peu à peu monté entre l'exécutif et la direction, d'une part, et les syndicats de l'autre.

Le gouvernement veut poursuivre les grévistes

Le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé samedi un "détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage" et a "demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites qui pouvaient être données, et notamment judiciaires". Le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, lui a emboîté le pas en estimant dans une interview au Parisien que la SNCF pourrait prononcer des sanctions individuelles contre les cheminots ayant pris part à ce mouvement, que le patron de la SNCF Guillaume Pepy a qualifié de "grève surprise" et jugé "pas admissible".

"Le niveau de violence des déclarations donne le ton de la suite, car c'est difficile de dire +on se met autour de la table+ quand on parle de judiciaire et qu'on nous prend presque pour des criminels", s'insurge Julien Troccaz, de SUD-Rail.

La direction et le gouvernement "n'ont pas compris qu'il y a une colère des agents à propos de la sécurité. Ca n'a rien à voir avec le 5 décembre et les retraites", insiste-t-il en référence à la prochaine journée d'action.

Même son de cloche à l'Unsa ferroviaire. Ce n'est pas un mouvement pour faire pression sur le dossier des retraites ou de la réforme de la SNCF, "on n'est pas dans la convergence des luttes. On ne mélange pas tout", insiste Didier Mathis.

"Le droit de retrait aurait dû être réglé en quelques heures si le gouvernement ne s'en était pas mêlé, mais Edouard Philippe veut le pourrissement et use de provocations pour cela", a réagi la CGT cheminots qui, elle, n'entend pas séparer les revendications. Elle appelle à participer "massivement" à la journée d'action du 5 décembre et en y joignant "les sujets d'entreprise, notamment la sécurité". "Vous évacuez la sécurité, vous aurez un conflit généralisé", avertit le syndicat.

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Commentaires 30
à écrit le 28/10/2019 à 14:03
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Ancienne responsable syndicale, des combats, j'en ai menés de nombreux ! Quant à M. Macron, je n'ai jamais voté pour lui ou son parti. Cependant, surtout certains points, les syndicats s’honoreraient à être réalistes ! - Notre système de retra...

à écrit le 21/10/2019 à 19:54
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les syndicats de cheminots invoquent un prétexte de sécurité qui serait lié à l'absence d'un contrôleur , stratégie à la hauteur de leur capacité d'analyse et de leur bonne foi . la sécurité concerne le matériel roulant , le réseau et ses différen...

à écrit le 21/10/2019 à 15:46
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droit de retrait ou pas il doit y avoir un reponsable dans chaque train petit ou grand c'est une question de securite et non pas de rentabilite !! un malaise de passager que fait on?on ne va pas prevenir le conducteur la cabine est inaccessible aux...

à écrit le 21/10/2019 à 11:21
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Dans cette affaire SNCF, il convient de prendre conscience que les dangers connus sont prévisibles, sans contrôleurs formés dans chaque train, * si une attaque violente, avec arme blanche se produit contre des femmes enfants, * si un viol d...

à écrit le 21/10/2019 à 11:19
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Il serait grand temps que les Français fassent un BOYCOTT de cette SNCF qui se prend toujours pour un Etat Bolchevique dans l'Etat Français au travers de ses coco Cgétistes. Pour ma part j'ai décidé de reprendre la voiture au moins pour 3 ans (jusqu...

le 22/10/2019 à 8:47
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Merci revanchard, je rejoins votre point de vue. j'y ai laissé un commentaire du même genre.

à écrit le 21/10/2019 à 7:34
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Les conditions du droit de retrait ne sont absolument pas réunies. Il est temps que l'ensemble des journalistes, commentateurs et politiques le reconnaissent et le disent haut et fort. Un droit de retrait ne joue que face à un danger grave et imminen...

le 21/10/2019 à 9:28
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Bonjour, Ça c’est un jargon juridique et procédurier. Il y a un accident , le chauffeur est seul et il n’a que «  deux bras » Il clair qu’il faut faire des protocoles de sécurité ... Ensuite je suis désolé mais la sécurité n’est pas un concept ind...

à écrit le 20/10/2019 à 22:45
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Nous comprenons les difficultés de la SNCF: une société qui vieillit, deux fois plus de retraités que d'actifs, un personnel à des années lumières de ce que demande aujourd'hui un monde du travail en recherche permanente de productivité, tourné vers ...

le 21/10/2019 à 10:04
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C'est bien prenez votre voiture ,vous aurez plus de chance d'avoir un accident.Vous avez déjà conduit un train avec 800 personnes à bord?sans doute pas. Pour ce qui est du privé allez voir ce qui c'est passé en grande bretagne avec la libéralistion d...

à écrit le 20/10/2019 à 18:10
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Surprenant cette invocation du droit de retrait pour essayer de ne pas avoir de retenues sur salaires en lançant une grève sauvage, pas très glorieux pour les syndicats qui ont lancé ce mouvement détourné. Cela ressemble à une recherche de revanche ...

à écrit le 20/10/2019 à 16:31
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Vive la bagnole et le diesel. Halte à de prétendus services publics qui ne sont que des rentes syndicales

le 22/10/2019 à 8:57
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Tout à fait d'accord avec vous. Des transports en commun de qualité, en France, cela relèvera toujours du mythe. Parce qu'aucun gouvernement n'osera s'attaquer au problème du monopole et du syndicalisme obèse qui paralyse l'activité. En attendant, il...

à écrit le 20/10/2019 à 14:57
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Encore une grève incompréhensible, pour leurs privilèges et QUE pour leurs privilèges quoi qu’ils en disent. #MarreDesGrevesDeLaCGT

à écrit le 20/10/2019 à 14:50
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C'est débrayages légitimes sont malheureusement du pain béni pour le gouvernement. En opposant les usagers et les cheminots, le chemin est tout tracé pour une privatisation de la SNCF. La grande démolition continue, la décérébreration s'accentue, l'...

le 20/10/2019 à 18:31
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Qu'il n'y ait plus de conducteurs de trains, cela sera un grand progrès. Fini les grèves sans motif légitime, fini les grèves sur ordre de la CGT. Vive la concurrence, non aux monopoles ! Vive l'Europe qui impose la concurrence, vive l'Europe libér...

le 20/10/2019 à 22:56
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N'ayez aucune crainte: aucun privé ne serait assez fou pour racheter le mammouth: la privatisation e la SNCF, de son personnel et de ces 40 milliards de dettes n'aura pas lieu...

à écrit le 20/10/2019 à 14:34
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Les Cheminots font comme notre premier Ministre pour imposer la limitation de vitesse à 80 km/heure. Ils ont raison.

le 20/10/2019 à 18:21
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Qu'ils aient raison ou pas, cheminot est un métier qui va disparaître avec l'automatisation et la conduite autonome des trains. Et cela sera très bien.

à écrit le 20/10/2019 à 13:52
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Ce ne sont pas les juges qui vont prendre la pelle et la pioche pour rénover la SNCF, entretenir convenablement le réseau, et en faire un vrai service public au service des citoyens et de leur nécessaire mobilité moderne. Le gouvernement est complète...

à écrit le 20/10/2019 à 13:44
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Le message est pourtant clair depuis des années, les transports en communs ça ne marche pas. Chacun doit pouvoir transporter facilement dans des 4x4, pick-up ou autres SUV, sa famille et amis. Et arrêter les malus écologiques stupides, comme dans tou...

à écrit le 20/10/2019 à 13:25
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Lutte d'arrière garde vu que ça se pratique depuis de nombreuses années et dans toute l'Europe . Un copié collé des grèves des pilotes AF qui voulaient un 3 ème homme dans le cockpit du 737 dans les années 70 . De nos jours tous les avions sur tout...

le 21/10/2019 à 8:05
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"De nos jours tous les avions sur toute la planète sont pilotés à 2" pas trop d'accord, pour les longs courriers, ils sont généralement 3 ! "ça s'appelle le progrès et la productivité associée " vous irez le dire aux familles de la triste compagnie ...

à écrit le 20/10/2019 à 13:10
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Vive l'automation et à bas toutes les fonctions publiques , ces nantis qui se gavent sur le dos des contribuables et d'abord des plus pauvres .

à écrit le 20/10/2019 à 12:30
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Bonjour , La sécurité au sein des trains ne devrait pas provoquer un tel climat de confrontation, la sécurité c’est du bons sens , le gvt devrait «  écouter » et trouver une méthodologie pour contrer «  les risques en cas d’accident et les risques e...

à écrit le 20/10/2019 à 12:01
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La CGT, un outil de destruction de plus de la classe dirigeante, il serait temps de penser autrement afin un jour d'avancer enfin et cette attitude ridicule de Philippe ne fait que confirmer qu'ils sont tous paramétrés à anéantir ce service public af...

à écrit le 20/10/2019 à 12:01
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SNCF : la grève continue, Vu par nous passagers des trains rer et autres, ce n'est pas une grève, c'est un DROIT DE RETRAIT pour EXIGER LA SéCURiTé D'ABORD. Le 1er ministre Edouard Philippe s'est fourvoyé dans une intervention inappropriée ;...

le 20/10/2019 à 12:38
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Avez-vous supporté la demande de soumettre à la question Macron portée par l' UPR , "Dossier à faire circuler en masse – DESTITUTION DE MACRON, MODE D’EMPLOI (faites connaître aux députés et sénateurs tous les arguments de notre dossier irré...

à écrit le 20/10/2019 à 11:33
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Venons en aux faits. La mission principale d'un contrôleur et d''un conducteur est d'assurer la sécurité des voyageurs en cas d'accident ou incident afin d'éviter le sur-accident. L'environnement ferroviaire est dangereux, catenaires alimentées en 15...

le 22/10/2019 à 9:02
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D'accord pour alerter sur la sécurité, mais ce n'est pas en prenant les usagers en otage qu'on procède intelligemment. Ah, l'intelligence des syndicats de la SNCF. Quand on est à court de mots...

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