Dans le bâtiment, la métallurgie, le numérique, les transports urbains... Les difficultés de recrutement touchent de nombreux secteurs. Représentés en grande pompe lors de la 47e édition de la compétition nationale des métiers Worldskills, qui se déroule du 14 au 16 septembre 2023 au parc Euroexpo de la métropole de Lyon (100.000 visiteurs attendus, dont 40.000 collégiens, événement abondé à 25 millions d'euros par l'Etat), 69 métiers prioritaires sont scrutés par les pouvoirs publics.
Cinq ministres font ainsi le déplacement lors des trois jours du salon avec, comme fil conducteur, les difficultés au recrutement. Dans les transports ferroviaires et urbains, le ministre Clément Beaune a confirmé d'immenses besoins pour les filières, de l'ordre de « 100.000 emplois dans les transports urbains et ferroviaires d'ici 2030 ».
« Ce sont des emplois pour les jeunes, pour les femmes aussi, avec un fort enjeu de féminisation, a-t-il précisé. Les opportunités sont massives, par dizaines, et même centaine de milliers, à côté de chez soi, et où qu'on vive. Les transports, qui représentent aujourd'hui 30% des émissions de gaz à effet de serre, sont également un formidable réservoir d'emplois vers les transformations écologiques ».
Des besoins croissants
Ces difficultés, liées aux conditions de travail (horaires décalés, notamment), à l'ouverture du marché, aux enjeux de formation, questionnent le bon fonctionnement des services de transports publics. Car le souvenir de la rentrée 2022, où 8.000 postes de conducteurs de bus scolaires étaient restés vacants, reste en mémoire. Cette année encore, deux semaines avant la reprise des scolaires, 6.000 postes n'étaient pas pourvus. Si Clément Beaune assure aujourd'hui que « tous les transports scolaires sont assurés partout en France », l'équilibre du secteur reste fragile, sur un fil : « Cela a parfois nécessité de rappeler des jeunes retraités, de mobiliser des agents sur des heures supplémentaires, donc il y a des tensions ».
D'autant que le secteur connaîtra une expansion colossale à l'aune des objectifs de décarbonation : les transports représentent toujours 30% des émissions de gaz à effet de serre. Dans son diagnostic 2022-2023 des besoins en compétences et en formations, l'Union des Transport Publics et Ferroviaires (UTP), premier syndicat professionnel (SNCF, Transdev, Keolis, RATP, etc.), ajoute à ce titre, sur la base des données de l'Ademe, que de 260.000 salariés aujourd'hui, les transports devront employer au moins 300.000 personnes d'ici moins de sept ans. Au total, 50% des besoins se situent en Île-de-France. Les métiers prioritaires sont ceux de la conduite (entre 44.000 et 50.000 besoins selon l'étude) et de la maintenance (entre 10.600 et 14.000).
À Lyon, Keolis entend « innover dans le recrutement »
En région Auvergne-Rhône-Alpes, qui représente 6 à 10% des besoins nationaux en transports urbains, indique l'UTP, la métropole de Lyon figure en rouge « zone tendue », au même titre que les huit autres plus grandes agglomérations de France. Keolis, qui opère sur l'ensemble des supports métropolitains TCL (métro, tramway, bus, funiculaire, Rhône express, liaisons interurbaines, soit 1,69 million de voyages quotidiens), évalue ses besoins de personnels entre 600 et 800 recrutements par an sur les 4.500 agents du réseau. Ils sont destinés à la fois à remplacer les départs à la retraite et à accompagner l'expansion des lignes. « Les trois-quarts concernent les métiers de la conduite », détaille Thomas Falaise, son directeur général. Suivent les métiers de la maintenance et des relations usager.
Si ces besoins sont cette année « couverts », affirme le représentant, Keolis estime avoir pris conscience d'« évolutions dans le recrutement ». La société « forme et recrute », avec financement du permis D. Les cooptations internes, avec prime de 500 euros à la clé depuis cette année, ont également permis l'embauche de 200 salariés. Aussi, l'entreprise affirme mener un travail sur l'aménagement du temps de travail, « au cas par cas ». Résultat : « Nous avons multiplié le nombre d'entretiens, d'une quarantaine au premier semestre 2022 à 130 par mois aujourd'hui », ajoute Thomas Fontaine.
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