Chaud, chaud, la reprise sera chaude !

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Le nouveau rapport alarmiste du GIEC permet-il encore de jouer la carte de la croissance. Et pourtant, l'effet rebond de l'après-Covid arrive, sans doute plus fort encore qu'anticipé, avec l'argent de la relance. Ce n'est pas la moindre des contradictions à résoudre avant de partir en vacances... En attendant l'avion zéro carbone. Et autres articles de la semaine écoulée pour bien préparer votre lundi.
Philippe Mabille

Au risque des variants Delta et Delta Plus près, l'été sera beau et chaud (contrepèterie bien connue chez nos amis belges !).

Pas seulement à cause du réchauffement climatique qui, selon les nouveaux calculs des scientifiques du GIEC, risque de dépasser le pire du pire de toutes les pires prévisions précédentes... si nous ne faisons rien (ce qui est globalement le cas)...

Attention, néanmoins de ne pas tuer tout espoir de changer la donne. Mais même la limitation du réchauffement global à +1,5°C aura des conséquences dévastatrices partout sur le globe, dit le pré-rapport. Il n'est cependant pas trop tard pour limiter cet emballement à venir, par la mise en place de mesures drastiques. Par exemple, une taxe carbone aux frontières, préconise le rapport Blanchard-Tirole remis à Emmanuel Macron cette semaine. Avec quelques propositions décoiffantes aussi sur l'imposition des grosses successions.

Pour l'économie, l'horizon se dégage enfin. La reprise est vraiment là. Après le pic du climat des affaires au mois de mai enregistré par l'Insee, le moral des chefs d'entreprise repasse au vert, souligne Grégoire Normand qui a décrypté la dernière Grande consultation des entrepreneurs (GCE) réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI. L'indice qui mesure l'optimisme chez les dirigeants décolle à 108 points en juin, contre 82 en mai, un niveau inédit depuis octobre 2019. L'accélération de la vaccination et la réouverture de l'économie ont contribué à redonner de la confiance dans les milieux dirigeants à l'approche de l'été.

Le 1er juillet, les montants du plan de relance européen de 750 milliards d'euros, signé il y a un an, vont être versés. La question est de savoir si chaque euro investi créera davantage de richesse, interroge Robert Jules dans sa chronique économique. Il décrypte aussi l'impact des 40 milliards du plan français et y découvre quelques curiosités : 80 millions pour les cathédrales et 30 millions pour les jeunes créateurs. La relance verte, mais pas seulement...

Comme l'événementiel, le tourisme va devoir s'adapter aux nouveaux usages des touristes et des voyageurs d'affaires en devenant hybride. « La frénésie de voyage de loisirs va être délirante ! », souligne Jean-François Rial, le patron de Voyageurs du Monde au Paris Air Forum, le grand événement sur l'aéronautique, l'aérien, la défense et le spatial organisé lundi 21 juin par La Tribune et le groupe ADP.

Pour tous les passionnés, celles et ceux que l'avion, le ciel et l'espace font encore rêver, retrouvez ici le replay vidéo de tous des débats du Paris Air Forum sur notre chaîne Youtube La Tribune TV.

Pour amener ces touristes en ville, au Paris Air forum, on a pu y voir voler le taxi volant électrique du constructeur allemand Volocopter qui a été certifié par l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), une première avant un feu vert commercial espéré d'ici quelques années sur ce marché convoité.

Regardez le vol d'essai au Musée de l'air et de l'espace du Bourget, c'est magique.

Pour qu'il y ait des touristes, il faut aussi relancer l'écosystème de l'aérien qui sort d'un an et demi de crise : Florine Galéron a suivi la conférence sur la réouverture du transport aérien et raconte comment aéroports, avions et pilotes se préparent à reprendre un service presque normal. Prêts pour le grand rush des vacances ?

Pour lutter contre le réchauffement, l'aviation est soumise à beaucoup de turbulences et doit réaliser en dix ans un exploit pour décarboner son empreinte sur la planète. Nous en avons parlé au Paris Air Forum avec six jeunes étudiants passionnés d'aérien et qui envisagent pourtant de moins prendre, voire de ne plus prendre du tout l'avion pour voyager. Retrouvez ici ce débat: même si l'avion continue de faire rêver, cela fait réfléchir. Et vous, vous avez "honte de voler" ?

Pour continuer à voler, l'industrie aéronautique travaille sur l'avion à zéro émission, qui pourrait être opérationnel en 2035. Présent au Paris Air Forum, le commissaire européen Thierry Breton a annoncé la création d'une alliance pour l'aviation du futur qui rassemblera l'ensemble des acteurs du futur écosystème de l'avion propre, notamment pour "promouvoir les investissements nécessaires". Elle devrait voir le jour d'ici la fin de l'année 2021.

Thierry Breton nous a aussi dévoilé sa feuille de route et son plan d'action pour muscler l'Europe dans les technologies d'avenir, qu'il s'agisse d'aéronautique civile et militaire et de spatial, souligne Michel Cabirol« L'Union mettra des moyens pour implanter des usines de semi-conducteurs en Europe », précise le commissaire européen au marché intérieur en affichant un objectif de 20% de puces produites sur le continent d'ici 2030.

S'il est un signe que la reprise économique s'envole, c'est la multiplication des introductions en Bourse, profitant de valorisations exubérantes. Il y a de l'argent, beaucoup, et il faut l'investir, tant qu'à faire, dans des projets rentables et utiles pour la planète. Juliette Raynal a suivi celle du SPAC Transition lancé par le fondateur de Direct Energie, Xavier Caïtucoli, bien entouré avec le banquier d'affaires Erik Maris et Fabrice Dumonteil, du fonds Eiffel Essentiel SLP. Explications pour non-initiés de cette technique financière, qui fait aussi le bonheur de la tech avec le fonds Dee Tech lancé aussi cette semaine.

Faut-il croire au SPAC que certains détracteurs assimilent à une pyramide de Ponzi, mais que ses défenseurs voient comme un levier pour accélérer l'investissement, dans le cas d'espèce dans l'énergie verte qui a des besoins massifs de capitaux pour répondre aux inquiétudes du GIEC citées plus haut.

La reprise économique sera forte, mais elle s'accompagne -et c'est très inquiétant- d'une "fatigue démocratique", révélée par l'abstention massive au premier tour des régionales et des départementales. Y aura-t-il un sursaut de mobilisation dimanche ? Il faut l'espérer mais, comme l'analyse Marc Endeweld dans sa chronique Politiscope, pour Emmanuel Macron, comme pour Marine Le Pen, le jeu tactique de 2022 est sérieusement ébréché. Entre 1986 et aujourd'hui, l'abstention aux élections régionales est passée de 22% à 66%. Autant dire que c'est l'ensemble du système politico-médiatique qui est désormais mis en cause par un tel niveau d'abstention, sur fond de guerre de générations. La politique post-covid pourrait ouvrir la voie à de sérieuses surprises en 2022.

Pour lutter contre l'abstention, de nombreuses voix, notamment dans la macronie, prônent le recours au vote par Internet. Sylvain Rolland en analyse la pertinence et les possibilités techniques. « S'il présente des avantages théoriques certains -modernité, rapidité, solution alternative en cas d'absence le jour du scrutin-, ses nombreuses limites -technique, sécurité, confiance et sincérité du scrutin- n'en font pas une option réaliste pour l'heure », écrit-il. Dans un monde de plus en plus numérique, peut-être faut-il se féliciter qu'il reste encore quelques actes non digitalisés. Numériser le « secret de l'isoloir », est-ce la seule réponse à l'indifférence des électeurs ? Ou ne serait-ce pas plutôt la classe politique qui ne sait pas ou plus les mobiliser ?


Philippe Mabille

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 27/06/2021 à 10:35
Signaler
Ce nouveau rapport alarmiste, qui est un résumé pour les décideurs, ne vaut pas un kopek, car c’est un condensé du volumineux rapport scientifique qui doit encore intégrer 40 000 commentaires, donc qui est à l’état de brouillon. Il a fuité et a été e...

à écrit le 26/06/2021 à 10:23
Signaler
Ça fait 30 ans que la classe dirigeante savait le changement climatique ça fait au moins 30 ans qu'ils savaient et ils n'ont rien fait, le GIEC n'a aucune chance contre tout ces lobbys dégénérés par leur pathologique cupidité qui détruisent le monde ...

à écrit le 26/06/2021 à 9:18
Signaler
Le GIEC avait annoncé que les Maldives allait disparaitre en 2020 il y a 15 ans... Qui valide les membres du GIEC? des incompétents qui font des rapports alarmistes pour justifier leursemoluments. Maintenant regardons l'action des écolo: fermer Fesse...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.