Naval Group choisit la PME franc-comtoise Selectarc pour ses futurs sous-marins nucléaires

S’entourer de sous-traitants nationaux pour confectionner la prochaine génération de sous-marins nucléaires lanceur d’engins (SNLE), telle est la stratégie de Naval Group. Ce dernier s'associe ainsi avec le dernier fabricant français de produits d’apport de soudage, situé dans le Territoire de Belfort.
(Crédits : Selectarc)

C'est un contrat durable qui illustre la politique de souveraineté nationale en termes de dissuasion nucléaire. En choisissant de travailler avec Selectarc, entreprise familiale de plus de 200 ans et dernier bastion de la filière du soudage en France, Naval Group devient l'un des premiers grands donneurs d'ordre français à concrétiser, au-delà des mots, un projet qui s'inscrit dans la loi de programmation militaire 2024-2030, adoptée en juillet dernier. Ce texte défend une autonomie stratégique, et prévoit une enveloppe de 413,3 milliards d'euros pour les armées, dont 12,5% alloué à la dissuasion nucléaire. Au total, la France compte quatre sous-marins nucléaires lanceur d'engins (SNLE), dont un au moins en mer. Chaque sous-marin est doté de seize missiles stratégiques M-51. Après l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine, en février 2022, la France a même renforcé son niveau d'alerte et déployé trois sous-marins nucléaires simultanément, témoignant de la tension internationale.

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Naval Group (4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 16.000 salariés), constructeur naval de défense et fabricant des navires de la Marine nationale et de sous-marins, n'avait toutefois pas attendu ce contexte géopolitique pour s'entourer d'industriels français comme Selectarc (45 millions d'euros de chiffres d'affaires dont 30% à l'export, 160 salariés). Les discussions entre les deux entreprises avaient débuté dès la fin 2019.

Début du chantier de la 3e génération de SNLE

Afin de marquer la volonté du groupe de s'engager sur le long terme avec la société terrifortaine, le 29 août dernier, Laurent Espinasse et Hervé Darmon, respectivement vice-président et directeur de la souveraineté de Naval Group, se sont déplacés chez Selectarc, dans l'usine de Grandvillars (Territoire de Belfort), où sont notamment fabriquées et assemblées des pièces pour tout type d'industrie, destinées aussi bien aux artisans plombiers qu'aux grands groupes.

« Nous fournissons notamment des produits entrant dans la fabrication des moteurs de TGV ou les fusées Ariane pour ne citer que deux exemples des industries de pointe », précise Jean-François Petitet, directeur des opérations de Selectarc.

Le premier modèle doit entrer en service en 2035. Naval Group a déjà commencé la construction de la chaufferie, à propulsion nucléaire, du futur sous-marin. De son côté, Selectarc planche sur les prototypes. La PME, détenue à 100% par Viellard-Migeon & Compagnie, a pour mission de développer des produits d'assemblage pour les coques des futurs sous-marins français. Les engins doivent résister à la pression de l'eau et être capables d'enchaîner les cycles de plongées et de remontées, durant plus de 40 ans, sans compter le risque nucléaire à bord. Aucun montant de contrats, ni d'investissements n'ont été dévoilés. Validé par la Direction générale de l'armement (DGA), ce partenariat s'inscrit dans le chantier de la troisième génération de SNLE, lancé par Naval Group.

Une commande stratégique

Dans le détail, Selectarc s'est engagé à fournir une pré-série d'ici la fin de l'année. S'ils passent tous les contrôles, la production industrielle pourrait débuter courant 2024. Des délais que devrait pouvoir tenir la PME, puisque cette commande de Naval Group ne représentera que 1% de sa capacité de production.

« Ce n'est pas tant le volume d'activité qui nous intéresse mais le partenariat avec un acteur majeur de la souveraineté nationale, qui renforcera notre notoriété et nous assurera un chiffre d'affaires régulier sur des décennies », nuance Jean-François Petitet.

« L'objectif est de faire progresser l'état de la connaissance en France dans les produits de soudage à hautes performances, car, que ce soit pour les sous-marins ou les porte-avions, le contexte actuel nous l'impose et cela doit s'opérer sur notre sol », poursuit-il.

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Commentaire 1
à écrit le 29/09/2023 à 19:43
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What may do 4 or 6 french subs against several dozens of russian, korean, japan or chinese subs? Nothing. The same with fregattes. Slow, small in number, less armed.

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