En Île-de-France, les activités économiques inégalement impactées par le Covid-19

Entre un secteur du tourisme, quasiment à l'arrêt, et celui des éditeurs de solutions informatiques, qui tourne à plein régime, les disparités à l'échelle de la région sont fortes, comme l'explique le président du Medef Île-de-France, Daniel Weizmann. Malgré tout, des activités « redémarrent », comme dans le BTP, où le « niveau de reprise est de l'ordre de 30% », estime le patron des patrons franciliens.
César Armand
Le président du Medef IDF, Daniel Weizmann,
Le président du Medef IDF, Daniel Weizmann, (Crédits : Medef IDF)

Un secteur touristique et événementiel totalement à l'arrêt ou presque, une branche automobile "totalement décimée", une formation professionnelle qui tourne à 10% d'activité, des métiers du conseil à 25%, une métallurgie et une ingénierie à, chacune, 50%, une chimie à 75-80% et des éditeurs de solutions informatiques qui tournent à plein régime. C'est la situation économique francilienne que décrit, pour La Tribune, le président du Medef Île-de-France, un mois après le début du confinement. Malgré tout, "nous avons le sentiment que des activités redémarrent", souligne Daniel Weizmann qui déclare que les activités de production chez Airbus tournent à 20-25%.

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Idem dans le BTP: "Nous voyons que les chantiers recommencent, après qu'ils ont mis un coup d'arrêt dès le début pour des raisons sanitaires. Nous avons le sentiment général que le niveau de reprise d'activité est de l'ordre de 30%." Le même pourcentage que celui donné à La Tribune par la présidente de la fédération des promoteurs immobiliers ce 17 avril.

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"Il faudra que chacun se retrousse les manches"

Pour paraphraser le président national du Mouvement des entreprises de France, Geoffroy Roux de Bézieux dans Le Figaro du 11 avril, faudra-t-il par ailleurs "se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire" ?

"Il a juste mis une question sur la table..." soupire le président du Medef IDF. "Les syndicats ont réagi mais la façon de procéder passe par le dialogue social. Tout le monde sait qu'après chaque crise, il y a une reprise d'activité très forte. Si aujourd'hui les soignants sont considérés - à juste titre - comme des héros, demain, il faudra que chacun se retrousse les manches et contribue à la relance de notre pays", ajoute Daniel Weizmann.

Vice-président d'un groupe implanté en Espagne et en Italie, le patron des patrons franciliens estime en outre que notre pays est l'État européen où le confinement a été poussé "au maximum" en termes économiques. "Dans le reste de l'Europe, l'activité ne s'est pas arrêtée autant qu'en France. L'accélération va être forte - du moins, je l'espère - sinon, ce sera dramatique", déclare-t-il.

Relancé sur ces salariés qui doivent faire du télétravail subi, avec des enfants à occuper, et qui ont peur de se retrouver fatigués à la sortie, Daniel Weizmann estime qu'"en réalité, le rythme du télétravail suit le rythme du business".

"L'économie française tourne à 60% et se reflète dans le quotidien des salariés. On vit une période inédite. Ayons une conscience patriotique ! C'est le rôle de tout un chacun de relancer l'économie", insiste-t-il.

Là encore, le président du Medef Île-de-France compare le salaire net garanti à 84%, voire à 100% si l'employeur compense, à "nos voisins européens où la perte en salaire net est beaucoup plus significative".

Un webinar et des coups de fil à la Direccte

Au-delà des petites phrases des uns et des autres, Daniel Weizmann a organisé, le 16 avril, un webinar* avec la Banque publique d'investissement (Bpi) IDF et la Fédération bancaire française (FBF) IDF. Parmi ses 5.000 adhérents en direct via les territoires, "dont beaucoup de PME", 1.000 l'ont suivi et en sont sortis, selon ses dires, "rassurés".

Refus, délais, obstacles, des entreprises rament pourtant face aux banques dans le cadre du Prêt garanti par l'État. "Les banques font remarquablement leur travail", dédouane-t-il. "Mais il y a toujours des cas compliqués. Il faut dire aussi qu'elles voient des dossiers difficiles d'entreprises au bord du dépôt de bilan ou déjà en grosse difficulté avant la crise", martèle le patron des patrons franciliens.

Plus généralement, Daniel Weizmann accompagne ses membres, "noyés dans la quantité d'informations et le changement quasi-quotidien des dispositifs". "Nous intervenons pour en faire le décryptage et sommes aussi actifs sur le terrain auprès des interlocuteurs bancaires et de la Direccte pour remonter des dossiers concrets", dit-il. Tous les trois ou quatre jours, il a en effet le directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) au téléphone.

"Pourquoi pas un CICE bis ?"

Après la crise, "nous n'allons pas reprendre le travail tel que nous l'avons laissé le 16 mars compte tenu des impératifs sanitaires que nous allons devoir gérer pour la protection de nos salariés", considère-t-il. Pour lui, la relance de l'État devra être incitative, ne serait-ce parce que "nous sommes en concurrence" avec nos voisins dont bon nombre ont redémarré dès cette semaine.

"Le tissu économique aurait besoin d'aide pour ne pas se faire distancer. Il faut favoriser l'investissement. Pourquoi pas un CICE bis dans un pacte productif ?" s'interroge-t-il. "En contrepartie d'un abattement des charges sociales, les sociétés seraient incitées à investir dans l'appareil productif."

Comme ses collègues régionaux, le président du Medef Île-de-France juge que les impôts de production "pénalisent" la France. La taxe sur les salaires, les versements mobilités, la contribution économique territoriale, les taxes foncières et la contribution sociale de solidarité des sociétés représentent "70 milliards d'euros quand ils coûtent 10 milliards à l'Allemagne", pointe-t-il.

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Daniel Weizmann imagine également un plan de relance financier. "C'est nécessaire au vu de la fragilité de la trésorerie des entreprises après deux mois de crise. Il faut de la sérénité pour réinvestir", exhorte-t-il. Il mise enfin sur l'épargne accumulée pendant cette période. "La réponse passera aussi par la relance de la consommation".

*En français : webinaire, contraction entre "web" et "séminaire".

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 18/04/2020 à 11:34
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L'économie "d'après" ne sera pas pour plusieurs raisons simples : les grandes puissances ne sont pas prêtes à abandonner un modèle où les politiques ont leurs propres intérêts, ensuite ce modèle a "fonctionné" même s'il est imparfait (notamment l'aba...

à écrit le 18/04/2020 à 3:44
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La caissière du 93, exposée au quotidien, qui rentre se confiner dans un petit appartement épuisée après le boulot, appréciera que les patrons confinés dans leurs villas sur la cote et qui télétravaillent bien à l’abri lui donnent des leçons sur le c...

à écrit le 18/04/2020 à 3:15
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Il est Clair que les pilotes d’avion me sont plus une priorite. Grosse baisse de salaire en vue. Ils peuvent faire greve sans probleme. Une greve dure!

à écrit le 17/04/2020 à 18:52
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"Si aujourd'hui les soignants sont considérés - à juste titre - comme des héros, demain, il faudra que chacun se retrousse les manches et contribue à la relance de notre pays" Oui et les dauphins viennent dans les ports également... mais le rappo...

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