L'Ile-de-France multiplie les aides à l'industrie... au risque de la confusion

Pour éviter de "retomber dans un Europacity bis", en référence au projet abandonné dans le Val-d'Oise, le conseil régional francilien fait feu de tous bois sur la réindustrialisation et la relocalisation. Entre les dispositifs d'accompagnement, les partenariats bancaires et les appels à projets, les élus considèrent qu'ils apportent un "ensemble assez unique en Europe".
César Armand
L'usine de production de masques du japonais Iris Ohyama qui a bénéficié d'un financement record de 800.000 euros.
L'usine de production de masques du japonais Iris Ohyama qui a bénéficié d'un financement record de 800.000 euros. (Crédits : Iris Ohyama)

Lancement d'une société d'économie mixte Ile-de-France Investissements et territoires, appel à projets "Relance industrie", programme "Investir pour l'avenir"... Depuis le début de la crise sanitaire et même avant, outre des prêts et des subventions, le conseil régional d'Ile-de-France multiplie les dispositifs de soutien ainsi que les clins d'œil aux industriels français et étrangers.

"Ne pas retomber dans un Europacity bis"

Dernier en date: le programme "Investir pour l'avenir - 26 sites clés-en-main prêts à accueillir des projets industriels en Ile-de-France" présenté ce 26 novembre par Choose Paris Region, l'agence d'attractivité de la région Ile-de-France. Il s'agit de 7 terrains avec du bâti neuf ou à réhabiliter et de 19 autres terrains vierges de toute implantation où les industriels ont la possibilité d'avoir un site opérationnel en moins de deux ans. Les fonciers sont préservés de tout recours, étant des terres apportées par l'Etat situées sur des opérations d'intérêt national. "Nous avons mis autour d'une même table tous les acteurs, du préfet de région au conseil régional, pour assurer cette sécurité aux investisseurs", précise le directeur général de Choose Paris Region, Lionel Grotto.

"Nous ne voulons pas retomber dans un Europacity bis", confirme Valérie Pécresse, en référence au projet du Val-d'Oise abandonné par le gouvernement. La présidente de région n'a pas de préférence quant aux filières qui pourraient venir s'y installer. "Elles sont toutes les bienvenues", déclare-t-elle, citant tant les projets "écologiques à haute valeur ajoutée" que tous ceux "liés à la transformation des outils de production". A l'image du développement des énergies renouvelables ou de celui des transports décarbonés. "Si c'est du back-office financier, on prendra aussi", assure-t-elle encore.

"Investir dans l'avenir des Franciliens"

Ce programme s'inscrit en outre dans le "plan Nouvel'R" - "réindustrialisation, relocation, relance et résilience" - de la patronne du conseil régional. En juillet 2020, elle a ainsi lancé un appel à projets baptisé "Relance Industrie" en juillet 2020 destiné aux TPE-PME et ETI portant un projet de relocalisation, d'implantation, de transformation ou de diversification de sites industriels. 75 projets ont finalement été sélectionnés pour un montant total de 42,5 millions d'euros d'aides, dont l'usine de production de masques du japonais Iris Ohyama qui a bénéficié d'un financement record de 800.000 euros.

"Investir dans l'industrie, c'est investir dans l'avenir des Franciliens", a l'habitude de répéter Valérie Pécresse. Dès l'hiver 2019, elle lançait la société d'économie mixte Ile-de-France Investissements et territoires, dont l'objectif est notamment d'accompagner les PME et ETI industrielles en croissance. Depuis son premier conseil d'administration en juillet dernier, cette SEM peut aussi bien acquérir de l'immobilier neuf qu'acheter et rénover des bâtiments existants en ce sens. Aux dires de sa présidente, Alexandra Dublanche, plusieurs "pistes sérieuses" se trouvent déjà dans les tuyaux et restent à "valider" avec ses partenaires : Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France, Banque des territoires Ile-de-France (groupe Caisse des Dépôts), Caisse d'Epargne Ile-de-France et Arkéa Banques Entreprises & Institutionnels.

"Un ensemble assez unique en Europe"

Les entreprises de taille intermédiaires françaises et étrangères sont donc le cœur de cible du conseil régional. N'y-a-t-il pas pour autant un risque de confusion pour les industriels avec toutes ces actions lancées tous azimuts ? "Le projet des 26 sites industriels s'inscrit dans dans la politique globale industrielle de la région Ile-de-France", rétorque Franck Margain, conseiller régional et président de l'agence d'attractivité Choose Paris Region. "Les dispositifs d'accompagnement, les partenariats avec la Banque des territoires, la Banque publique d'investissement, ces sites, constituent un ensemble assez unique en Europe", ajoute-t-il.

"Je ne pense pas", abonde sa collègue Alexandra Dublanche, vice-présidente de la Région chargée du développement économique et de l'attractivité. "Les industriels savent très bien où nous trouver. Sur l'appel à projets "Relance industrie", nous avons eu beaucoup de candidats si bien que nous organiserons une séance de rattrapage en janvier", poursuit-elle. Elle regrette par ailleurs que sur les appels à projet de l'Etat, l'Ile-de-France soit "extrêmement lésée", avec deux projets sur cinquante-cinq lauréats en matière automobile, "alors qu'on est la première région", insiste-t-elle.

Le cabinet de la ministre de l'Industrie s'en défend, citant le nombre de cent primés dans ce domaine. "Le traitement se fait selon une règle assez simple: meilleur arrivé avec un projet de qualité, premier servi", explique-t-on dans l'entourage d'Agnès Pannier-Runacher. "Nous avons beaucoup de lauréats en Bourgogne-Franche-Comté et dans les Hauts-de-France, un seul en Occitanie et aucun en Sud", précise-t-on. "C'est le reflet de la géographie de chaque filière et de la mobilisation des écosystèmes locaux. Rien n'interdit les régions de venir en appui", dit-on encore à Bercy. D'autant que beaucoup de projets restent en cours d'examen: "Ce serait donc une erreur que d'en faire une lecture politique", conclut-on.

César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 26/11/2020 à 20:00
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Une économie mixte, mi-chèvre mi-choux (paix à son âme...)

à écrit le 26/11/2020 à 19:03
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Bonne nouvelle que les élus prennent tout à coup conscience de l’importance de l’industrie et d’être attractif. C’est par contre consternant de se rendre compte qu’il faut se débrouiller pour faire des zones garanties sans contestation juridique pour...

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