Comment Codes Rousseau vient en aide aux auto-écoles de proximité

Comme pour souligner ses ambitions alliant l’humain et les services numériques, Codes Rousseau vient d’implanter son nouveau siège social au sein du pôle Numérimer, dédié aux activités numériques, aux Sables-d’Olonne (85). Aiguillonnée par les plateformes d’apprentissage en ligne, l’entreprise, au lendemain de profondes mutations, affiche un chiffre d’affaires en croissance de 26% depuis 2020.
Plus de 600 simulateurs Oscar 2 ont été déployés depuis 2020 en France, désormais dotée d'un parc de 900 simulateurs.
Plus de 600 simulateurs Oscar 2 ont été déployés depuis 2020 en France, désormais dotée d'un parc de 900 simulateurs. (Crédits : Reuters)

Construit aux Sables-d'Olonne, sur le récent pôle Numérimer, dédié aux activités numériques, le nouveau siège social de Codes Rousseau se veut à l'image de l'évolution de l'apprentissage du permis de conduire, alliant à la fois le physique et le digital. L'un des deux bâtiments est doté d'un studio d'enregistrement dédié aux « live » Twitch et à l'enregistrement de capsules vidéo, l'autre, à la logistique. D'une capacité d'un millier de palettes, ce dernier est capable d'accueillir les 1.300 références (ouvrages et matériels) proposées aux 10.000 auto-écoles françaises. Dont le célèbre Code Rousseau, édité depuis 1937 et... toujours d'actualité.

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 « On vend toujours 400.000 ouvrages du Code B par an. Le papier n'est pas mort même si notre activité repose désormais à 70% sur le numérique », observe Olivier Fretay, le tout nouveau directeur général de Codes Rousseau.

L'objectif est clair : reprendre le flambeau d'une entreprise, qui tente d'esquiver la fronde de la poignée de plateformes en ligne (Ornicar, le Permislibre, En voiture Simone...) dont la puissance des levées de fonds fait trembler les auto-écoles.

« Celles-ci sont en lutte pour leur survie face à des startups, aux ambitions monopolistiques, qui ont parfois levé des centaines de millions d'euros, et dont le seul argument est le prix en proposant des accès quasiment gratuits », dénonce Olivier Fretay.

Les aider à se maintenir en proximité

Dans ce contexte à couteaux tirés, Codes Rousseau a pris le parti de défendre les écoles de conduite de proximité. L'entreprise s'est attachée à leur donner une visibilité sur Internet pour qu'elles puissent vendre, elle aussi, en ligne des contenus à travers sa propre marque, et rivaliser avec les plateformes des startups.

« On fournit beaucoup de services pour l'acquisition des véhicules, des solutions d'assurances, des outils d'aide à la communication, des accompagnements sur les réseaux sociaux... On a largement dépassé le cadre de notre métier d'origine », fait valoir Olivier Fretay.

De fait, lancé il y a deux ans, la chaîne Twitch de Codes Rousseau propose, trois fois par semaine, un rendez-vous ludique et interactif pour réviser ses connaissances. Elle comptait 16.000 followers en mars dernier. Parmi les 10.000 structures de formation en France, 8.000 s'appuieraient sur le matériel et les ouvrages proposés par Codes Rousseau. Le « Club Rousseau » lancé il y a cinq ans, offrant un ensemble de services Premium, compte 2.300 auto-écoles adhérentes.

Il se créerait chaque année deux à trois cents auto-écoles par an et autant disparaitraient au gré de faillites, départs en retraite, arrêts d'activité, etc.

« Pour nous, l'enjeu est de garantir une formation de qualité, de permettre aux auto-écoles de mailler le territoire, afin que les jeunes puissent avoir accès à une offre de formation à proximité de chez eux, surtout dans les milieux ruraux », défend Olivier Fretay.

L'entreprise, qui emploie 100 personnes, a vu croître son chiffre de 14,3 millions d'euros en 2020, à 18,1 millions d'euros en 2022 (+26%). Premier partenaire des auto-écoles de métropole et d'outre-mer pour la formation aux différents permis avec 60% de parts de marché sur les permis auto-bateau-moto, Codes Rousseau entend désormais développer ses collaborations hors des frontières nationales, et notamment en Afrique avec la création de système d'examen théorique et l'édition d'ouvrages de code de la route spécifique pour chaque pays.

La fin des boîtes manuelles inquiète

Passée du métier d'éditeur papier au numérique, l'entreprise Codes Rousseau s'est profondément transformée en une quinzaine d'années. La digitalisation, menée en lien avec le ministère de l'Intérieur, a permis de synchroniser les outils pédagogiques et de mettre en œuvre les outils d'apprentissage et de gestion appropriés. Comme un ERP (Enterprise Resource Planning), ceux-ci permettent l'inscription de l'élève, la distribution des accès pour l'e-learning, le suivi de l'apprentissage théorique, le contrôle de l'assiduité, le respect des heures réalisées avant l'examen, le suivi du parcours pédagogique...

« La transversalité des flux d'information permet d'avoir des données compilées, des tableaux de bord, des actions correctives et pour l'enseignant, doté de tablettes et non plus de carnets papier, de pouvoir suivre les progrès des élèves », explique Olivier Fretay.

Depuis 2016, des opérateurs, comme La Poste ou Dekra... ont été habilités par le ministère de l'Intérieur et ont obtenu une délégation de services publics pour faire passer l'examen théorique. « Les inspecteurs ont été libérés de cette contrainte pour se consacrer à l'examen pratique», souligne-t-il. Tout comme l'arrivée des simulateurs de conduite à partir de 2014 a dégagé du temps pour les moniteurs.

Avec la mise en œuvre de la V2 (Oscar 2), qui a généré 600 achats depuis 2020, on dénombre aujourd'hui 900 simulateurs en France. C'est mieux, mais encore insuffisant. Dans une profession où les points noirs restent le nombre limité de place aux examens et un taux de réussite relativement bas. Le développement du simulateur Oscar 2, dont le coût est équivalent au prix d'une voiture (20.000 euros) pourrait aussi permettre d'accompagner la transformation du parc automobile, et la fin des boîtes manuelles, redoutée par les auto-écoles. A condition qu'il soit généralisé.

« Aujourd'hui, que ce soit en thermique, en hybride ou en électrique, 60% des achats de voiture se font en boîte auto. Peugeot a même annoncé l'arrêt de la production de la 208 en boîte manuelle à la rentrée prochaine. Les professionnels s'interrogent de savoir comment ils vont pouvoir pallier l'absence de véhicules à boîtes manuelles », explique Olivier Fretay.

La crainte d'un impact sur la conduite accompagnée

L'avantage de la boîte auto est qu'elle pourrait permettre d'améliorer le taux de réussite à l'examen du permis de conduire, qui plafonne depuis des années entre 57 et 59%. Et se rapprocher du taux de réussite de 75% de la conduite accompagnée, qui concentre 20% des candidats, souvent issus d'une population CSP+. Pour le professionnel de l'apprentissage de la conduite, le recours au simulateur va devenir une obligation avec la transformation du parc automobile.

« C'est un moyen de réduire les coûts et de pouvoir accélérer le passage à l'examen pour libérer des places. Et de supprimer le délai de trois mois et des sept heures de formation imposés entre le passage du permis en boite auto et boite manuelle. Et de désengorger le bouchon aux examens », indique Olivier Fretay qui, tout en se méfiant des annonces politiques, dit applaudir des deux mains le recours aux agents contractuels, formés et habilités pour faire passer l'examen, qui figure dans le projet de réforme du permis de conduire.

« Ensuite, tout est question de moyens... », glisse-t-il. A ce jour, 1.200 inspecteurs font passer quelque 1,5 million d'examens chaque année. Quant au permis à 17 ans, s'il le comprend pour les jeunes en alternance, en apprentissage qui ont besoin de mobilité, Olivier Fretay redoute son impact sur la conduite accompagnée dont la réussite repose sur l'apprentissage dans la durée. Or, là, certains pourraient être tentés de prendre un raccourci.

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Commentaire 1
à écrit le 03/07/2023 à 10:15
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C'est pas terrible comme mode d'apprentissage cette simulation c'est encore bien trop éloigné de la véritable conduite.

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