Amazon, le grand retardataire de l'intelligence artificielle générative

Anthropic, un des grands concurrents d'OpenAI, a annoncé ce lundi qu'il recevait un investissement colossal d'Amazon, qui pourrait dépasser les quatre milliards de dollars à terme. Mais malgré ce montant, le géant de la tech va rester minoritaire dans l'actionnariat de la startup. De quoi s'interroger sur la stratégie d'Amazon, parti avec plusieurs foulées de retard sur Microsoft, Google et Meta dans la course à l'intelligence artificielle générative.
François Manens
Amazon a investi quatre milliards de dollars dans la startup d'IA générative Anthropic.
Amazon a investi quatre milliards de dollars dans la startup d'IA générative Anthropic. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

Dans la course à l'IA générative, Microsoft a dégainé en premier, grâce à sa relation privilégiée avec OpenAI. Google a rapidement emboîté le pas, suivi par Meta. Ces géants de l'intelligence artificielle travaillaient depuis plusieurs années sur les LLM, des modèles de langage colossaux capables de générer du texte à partir d'une simple consigne. Le lancement de ChatGPT fin novembre 2022 n'a fait qu'accélérer la course déjà en place, et GPT-4 d'OpenAI s'est rapidement imposé comme l'étalon de référence.

Mais une des plus grandes entreprises d'IA au monde, Amazon, a été prise de court, bien qu'elle dispose du plus grand nombre de serveurs informatiques de par sa place de numéro 1 du cloud. Pour combler ce retard, le géant technologique a annoncé ce lundi 25 septembre qu'il investissait au moins 4 milliards de dollars dans la startup Anthropic et son chatbot Claude, un des principaux concurrents d'OpenAI et ChatGPT. Problème : cette participation ne lui offre qu'une place minoritaire dans l'actionnariat de la société, et aucun siège au conseil d'administration.

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Etrange mariage à trois, entre Amazon, Google et Anthropic

Amazon a-t-il réagi trop tard ?  Lors d'une énième levée de fonds en mai, de plus de 450 millions de dollars, Anthropic avait été valorisé à environ 5 milliards de dollars. En tout, l'entreprise américaine a réuni plus de 1,7 milliard de dollars d'investissements depuis sa création en 2021, avant cette entrée fracassante d'Amazon à son capital. D'après Reuters, l'entreprise de Jeff Bezos investit 1,25 milliard de dollars dans l'immédiat, le reste du financement pouvant être déclenché par chacune des deux parties. L'opération lui offrirait en théorie une participation d'au moins 25%, mais les deux partenaires refusent d'indiquer le chiffre précis.

Avant Amazon, Google avait déjà misé sur Anthropic. Son premier investissement de 300 millions de dollars en février lui avait offert 10% du capital, en plus d'un partenariat privilégié avec sa division cloud. Alors qu'il produit ses propres IA génératives dont l'assistant Bard, le géant de la tech avait de nouveau remis au pot dans le tour de table de mai. En résumé, Anthropic semblait lié à Google comme OpenAI l'est à Microsoft : par le biais d'un partenariat exclusif, où le géant échange financement et fourniture de puissance de calcul contre une meilleure intégration des IA de la startup à son cloud et donc une offre commerciale avantageuse. Mais dans le cas d'Anthropic, ce mariage se fera désormais à trois, et la startup a d'ailleurs dû préciser que sa relation avec Google se poursuivra malgré l'entrée d'Amazon.

Concrètement, Anthropic va utiliser les modèles de puces d'Amazon Web Services (AWS) pour une partie de ses travaux, ce qui devrait aider le géant à les améliorer, en plus de renforcer l'intégration de ses modèles d'IA au cloud d'AWS.

Changement de stratégie pour AWS ?

Jusqu'ici, plutôt que de tout miser sur le développement de ses propres IA dans l'espoir de rattraper les performances de GPT-4 (OpenAI), PaLM (Google) ou Llama (Meta), Amazon avait décidé d'ouvrir son écosystème au reste des entreprises de l'IA générative, à coup de partenariats non-exclusifs. Il voulait proposer à ses clients un large choix de technologies d'IA génératives, pour s'adapter au mieux à chaque cas d'étude. Cette stratégie permettait au moins à AWS de ne pas laisser ses deux plus gros concurrents sur le marché du cloud, Google Cloud et Microsoft Azure, avec un atout exclusif.

Pour concrétiser cette volonté, l'entreprise avait présenté courant avril sa nouvelle plateforme, Bedrock. Son rôle : offrir aux entreprises une large boîte à outils pour intégrer de l'IA générative dans leurs applications. À son lancement, la plateforme comprenait un large éventail de modèles prêts à l'utilisation, fournis notamment par des startups partenaires comme Anthropic (déjà !), Stability AI, A21Labs ou encore le Français LightOn.

« Le partenariat avec AWS est gagnant-gagnant. Ils nous mettent au contact de clients potentiels et si nous les signons, ces clients auront besoin de capacité de calcul, et loueront donc des serveurs chez AWS », résumait Laurent Daudet, cofondateur de l'entreprise française d'intelligence artificielle LightOn, dans les colonnes de La Tribune.

En parallèle, Amazon avait également développé sa propre famille de LLM, baptisée Titan, accessible sur Bedrock, mais dont les performances sont restés moindre par rapport aux références du marché.

Mais cette offre, bien que solide, manquait de « l'effet waouh » généré par les startups en pointe sur l'intelligence artificielle générative. Anthropic était ainsi le casting parfait pour combler ce manque. Fondée en 2021 par deux anciens d'OpenAI, les frère et sœur Dario et Daniela Amodei, la startup a immédiatement eu l'image du rival. Un nouveau duel se précise donc sous les projecteurs, avec d'un côté Microsoft et OpenAI, qui font office de leader, face au duo de challenger composé d'Amazon et Anthropic.

François Manens

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Commentaires 2
à écrit le 26/09/2023 à 10:33
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euh, on comprend bien a quoi ca sert pour microsoft ou google, mais on comprend moins a quoi ca sert a amazon.......je veux pas etre mechant mais avant de mettre des milliards faut se demander a quoi ca sert, et tous ceux qui etaient pionniers dans l...

à écrit le 26/09/2023 à 8:38
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C'est certainement l'entreprise qui a le moins intérêt à la découverte d'une véritable IA, même si les autres n'en ont pas non plus mais sont quand même mieux placés. Si jamais une véritable IA naissait elle dirait à amazone qu'avec son commerce elle...

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