Atos s'envole en Bourse avec le ralliement de Walter Butler au plan de sauvetage de Onepoint

Il y a quelques semaines, David Layani, patron de Onepoint, premier actionnaire d'Atos, avait dévoilé son projet pour redresser le groupe. Celui-ci consiste à conserver tous les actifs, retrouver une trajectoire de croissance et assurer la restructuration de la dette. L'entrée du fonds d'investissement Butler Industries a fait grimper le cours de Bourse d'Atos de près de 19%.
Atos a fait état d'une perte nette de 3,4 milliards d'euros en 2023, en grande partie due à une dépréciation d'actifs (Photo d'illustration).
Atos a fait état d'une perte nette de 3,4 milliards d'euros en 2023, en grande partie due à une dépréciation d'actifs (Photo d'illustration). (Crédits : STEPHANE MAHE)

[Article publié le lundi 08 avril 2024 à 07h16 et mis à jour à 12h14, puis 21h55] Semaine cruciale pour Atos. Alors que le groupe d'informatique en difficulté doit présenter ce lundi les paramètres de son cadre de refinancement à ses créanciers, son premier actionnaire, Onepoint (11,4% du capital) a reçu un nouveau soutien. La société d'investissement Butler Industries s'est, en effet, ralliée dimanche au plan de sauvetage d'Atos proposé par David Layani, le PDG de Onepoint.

« Si cette opération aboutit, elle permettra de sauver un fleuron technologique et de consolider son rôle d'acteur majeur sur le plan mondial », a déclaré l'homme d'affaires Walter Butler, patron de Butler Industries, cité dans un communiqué, dévoilant son ralliement à ce plan.

Butler Industries, qui gère plus de 8 milliards d'euros d'actifs, a mené plusieurs restructurations d'entreprises et possède des participations dans des sociétés du secteur de la défense, de la gestion d'épargne et de l'agroalimentaire.

Dans un communiqué distinct, David Layani, patron de Onepoint s'est lui, félicité de cette annonce, estimant qu'elle « vient renforcer (son) projet OneAtos », qui doit être présenté au conseil d'administration d'Atos avant fin avril. Pour rappel, David Layani avait dévoilé il y a quelques semaines son projet consistant à conserver tous les actifs du groupe, retrouver une trajectoire de croissance et assurer la restructuration de la dette.

Lire aussiFavorable à la scission d'Atos, Onepoint détient 11,4% de son capital

Le titre du groupe informatique Atos bondissait de plus de 25% à la Bourse de Paris lundi, au lendemain de l'annonce par le fonds Butler de son ralliement au plan de sauvetage proposé par l'entreprise Onepoint. Vers 11h30, l'action bondissait de 28,30% à 2,49 euros, dans un marché en hausse de 0,58%, avant de finir en clôture sur une hausse de près de 19%. Depuis le 1er janvier, la capitalisation boursière du groupe a fondu de près de 65%.

Restructuration de la dette d'ici juillet

Atos est plombé par une dette colossale. Cette dernière s'élève à près de 4,6 milliards d'euros, dont 3,65 milliards d'euros d'emprunts et d'obligations à rembourser ou refinancer d'ici fin 2025. Or, le groupe a vu deux opérations qui devaient lui apporter de l'argent frais s'effondrer coup sur coup.

D'un côté, la fin des négociations avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour la vente de la branche Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d'infogérance. De l'autre, le retrait d'Airbus, à qui le groupe espérait céder ses activités de « big data » (mégadonnées) et sécurité (BDS), qui comprennent notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l'armée française.

Atos a fait état d'une perte nette de 3,4 milliards d'euros en 2023, en grande partie due à une dépréciation d'actifs. Le groupe informatique français, qui a perdu 80% de sa valeur boursière en un an, est assisté par une mandataire ad hoc dans sa procédure amiable de conciliation avec ses créanciers. L'entreprise veut restructurer sa dette d'ici juillet.

Réunion cruciale ce lundi

Le soutien de Butler Industries à Onepoint intervient alors qu'une semaine cruciale démarre pour Atos. Lourdement endetté et en pleine crise, le groupe informatique français doit en effet présenter ce lundi les paramètres de son cadre de refinancement à ses créanciers, après l'échec de la vente d'une partie de ses activités en mars.

La réunion de ce lundi pourrait « entraîner une évolution de la structure de capital » du groupe, pouvant inclure l'émission de nouvelles actions, « qui entraînera une dilution des actionnaires existants », d'après Atos. Le sauvetage pourrait aussi passer par une transformation de créances en parts de capital de l'entreprise, selon les informations du quotidien Les Échos.

Des actionnaires minoritaires, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (UDAAC), préféreraient, de leur côté, un report des échéances de remboursement de la dette obligataire à échéance courte et un recentrage sur le marché européen avec quelques cessions d'activités de l'entité « Amériques ».

« Le marché n'achètera pas un scénario de continuité », insiste Lionel Melka, associé-gérant chez Swann Capital, pour qui un découpage du groupe est « inévitable ».

Plusieurs acteurs sur les rangs

Pour lui, l'entreprise est constituée de « plusieurs sociétés sous le même toit et il n'y a quasiment pas de synergies entre les différents métiers ». « Ce ne sont pas les mêmes clients, pas le même business », souligne-t-il.

Le patron de Onepoint, David Layani, lui, est seul à se faire le chantre « d'une solution industrielle qui préserve la totalité de l'actif », selon un entretien au Figaro. Il entend rester « l'actionnaire de référence » et s'est dit prêt à participer « à une solution de recapitalisation ».

Malgré l'échec de leurs négociations exclusives, Daniel Kretinsky serait toujours intéressé par Tech Foundations, selon La Lettre, qui lui prête une alliance avec l'entreprise canadienne CGI. Le français Dassault Aviation, en partenariat avec le groupe de conseil en ingénierie Astek, serait, lui, sur les rangs pour reprendre les activités BDS et travaillerait sur le dossier depuis 18 mois, d'après le quotidien en ligne. Contactés par l'AFP, Dassault, l'entourage de Daniel Kretinsky et celui de David Layani n'ont pas souhaité faire de commentaires.

L'État entend, en tout cas, « garantir que les activités les plus stratégiques, sensibles d'Atos » restent « sous pavillon français », a réitéré le Premier ministre Gabriel Attal à l'Assemblée nationale mercredi dernier. Jean-Pierre Mustier, président du conseil d'administration, et Paul Saleh, directeur général, seront auditionnés par le Sénat mercredi.

(Avec AFP)

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Commentaires 10
à écrit le 08/04/2024 à 22:05
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Et M. BRETON, l'ancien PDG qui est parti juste avant l'effondrement, il en pense quoi ?

à écrit le 08/04/2024 à 22:04
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Et M. BRETON, l'ancien PDG qui est parti juste avant l'effondrement, il en pense quoi ?

à écrit le 08/04/2024 à 19:33
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Dommage que la société des super calculateurs ne s'en soit pas servi pour trouver des idées de business. Mais comme alcatel, elle doit tout simplement laisser la place .

à écrit le 08/04/2024 à 13:13
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Il fallait acheter Il y a une semaine et se dépêcher de vendre aujourd'hui.

le 08/04/2024 à 15:41
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atos c'est bull une entreprise prive qui ne fonctionne que sous perfusion de l'etat depuis son origine changement de non mais la philosophie de l'entreprise ne change pas cette societe a absorbe combien de subvention en 50ans c'est dans le genre...

à écrit le 08/04/2024 à 12:13
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Nous ne sommes plus dans "l'économie réelle" mais au sein d'une vulgaire salle des paris spéculatifs. CQFD.

à écrit le 08/04/2024 à 10:52
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Comment une telle entreprise peut elle être de nos jours dans la tourmente, il faut mettre des noms sur les erreurs. Peut être ce rachat abusif en 2021 de DXC Technologie pour quelque 10 milliards de dollars et surtout des dirigeants qui se succèdent...

à écrit le 08/04/2024 à 10:40
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il faut inviter Commissaire européen au marché intérieur , il y connait quelque chose, et puis cela permettrait de redresser cette entreprise, fleuron du pays ! ah ah ah ah ce n'est pas mystifiant d'y penser !??? il peut utiliser l'argent de l'impô...

à écrit le 08/04/2024 à 8:01
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Comment ça ? Un groupe français de Haute Technologie et profondément impliqué dans le Régalien , le secteur de la Défense, en grande difficulté ? On ne verrait certainement pas ça en Chine ou en Russie ! Et notre Président matamore et nos généraux ...

le 08/04/2024 à 10:42
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non, ils ne nomment pas des incompétents a ce niveau ! nous, nous avons Commissaire européen au marché intérieur qui finalement montre que l'incompétence de gestion paie ! d'ici peu, ils ferons appel a des gens du même niveau, c'est pas grave, c'e...

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