En mai 2021, la plateforme française de vente de produits électroniques reconditionnés Back Market levait 276 millions d'euros, un montant record pour la French Tech à l'époque, alors qu'elle avait déjà levé 110 millions d'euros en 2020. Pour autant, la startup n'en avait pas fini avec son accélération, car elle remet déjà de l'essence dans les turbines en ce début d'année 2022, avec un nouveau tour de table de 450 millions d'euros -le 5e en 7 ans d'existence.
Sa valorisation s'élève ainsi à 5,1 milliards d'euros, ce qui la place en tête de file des licornes les mieux valorisées de la French Tech. Elle détrône ainsi la néobanque Qonto (4,4 milliards d'euros), qui s'était hissée sur la première place du podium... ce matin même ! Une situation cocasse, symbolique du début d'année tonitruant de l'écosystème français de la tech.
Les investisseurs de Vinted entrent au capital
Aux Echos, le PDG Thibaud Hug de Lazauze explique que cette méga-levée n'était pas vraiment prévue, mais qu'elle s'était plutôt faite par opportunité. La startup avait rapidement bouclé la levée de 2021 et n'avait pas pu faire rentrer à son capital tous les investisseurs intéressés.
Parmi eux, le fonds britannique Sprints Capital, qui a pris la tête du tour de table. Son portefeuille comprend plusieurs places de marché d'ampleur continentale, et surtout une tête d'affiche d'échelle mondiale : la plateforme lituanienne Vinted, sur laquelle s'organise l'achat et la vente de produits (vêtements, livres, accessoires...) de seconde main entre particuliers.
Avec ce nouveau coup d'accélérateur, Back Market compte s'insérer au plus vite sur un marché américain en croissance, et sur lequel Apple hésite à se lancer.
Le frein de la redevance copie-privée moins fort que prévu
Lors de leur précédente levée de fonds, les cofondateurs de Back Market avaient profité de l'attention médiatique pour alerter sur un projet de loi très critiqué qui prévoyait d'étendre la redevance copie-privée (une taxe au profit de l'industrie culturelle) aux produits électroniques reconditionnés. D'après eux, la taxe allait augmenter le prix moyen des smartphones conditionnés d'environ 10%, et forcément, elle allait frapper leur cœur d'activité.
Après plusieurs tentatives d'adoucir la taxe et de multiples rebondissements, racontés en détails par nos confrères de NextINpact, les sénateurs ont finalement adopté le projet de loi. Concrètement, la redevance s'élève à 8,10 euros (hors taxe) sur les smartphones et 9,40 euros (toujours hors taxe) sur les tablettes.
Mais comme le souligne NextINpact, le contrecoup semble finalement moindre pour Back Market. Contrairement à plusieurs de ses concurrents (notamment le français Recommerce), la licorne ne reconditionne pas elle-même, elle ne fait que mettre en relation les entreprises qui reconditionnent les produits avec les acheteurs finaux, en prenant une commission sur la transaction. Or, la majorité des vendeurs ne sont pas français et ne sont donc pas affectés par la loi. Copie France, la société qui perçoit la rémunération de la redevance, pourrait cependant s'emparer de ce cas de figure précis. Mais le risque n'est toujours pas suffisant pour décourager les investisseurs.
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