Droits d'auteur et IA générative : le New York Times attaque en justice OpenAI et Microsoft

« Microsoft et OpenAI ont utilisé notre travail pour développer et commercialiser leurs produits d'intelligence artificielle générative sans avoir la permission du Times », a justifié une porte-parole du quotidien estimant qu'il s'agit donc d'une violation des droits d'auteur en termes de contenu et de travail journalistique.
Le New York Times a lancé des poursuites auprès d'un tribunal de New York.
Le New York Times a lancé des poursuites auprès d'un tribunal de New York. (Crédits : imago images / photothek via Reuters Connect)

[Articlé publié le mercredi 27 décembre 2023 à 15H45 et mis à jour à 16H18]Le New York Times en a après ChatGPT. Le grand quotidien américain a, en effet, lancé des poursuites, auprès d'un tribunal de New York, à l'encontre d'OpenAI, créateur du logiciel, ainsi que de Microsoft, son principal investisseur, pour violation des droits d'auteur, a-t-on appris ce mercredi.

« Comme la plainte l'explique, Microsoft et OpenAI ont utilisé notre travail pour développer et commercialiser leurs produits d'intelligence artificielle générative sans avoir la permission du Times », a déclaré à l'AFP une porte-parole du quotidien estimant qu'il s'agit bien d'une violation des droits d'auteur en termes de contenu et de travail journalistique.

Selon la plainte, le journal estime à « plusieurs milliards de dollars » le préjudice subi, dans les faits et d'un point de vue légal.

« L'IA générative des défendeurs repose sur des modèles d'apprentissage massif qui ont été construits en copiant et utilisant des millions d'articles du Times protégés par les droits d'auteur », explique le quotidien. Plus encore Microsoft et OpenAI « ont donné aux contenus du Times une importance particulière dans la construction de leur modèle d'apprentissage, soulignant une préférence qui reconnaît la valeur de ce travail ».

Le quotidien explique également avoir tenté de négocier avec les deux entreprises afin de « recevoir une compensation adéquate pour l'utilisation de ses contenus », sans succès jusqu'ici cependant.

« Les lois sur les droits d'auteur protègent notre journalisme. Si Microsoft et OpenAI veulent utiliser notre travail pour un usage commercial, la loi les oblige à demander d'abord la permission. Ils ne l'ont pas fait », a insisté une porte-parole.

Interrogés par l'AFP, ni Microsoft ni OpenAI n'ont pour l'heure fait de commentaire.

Levée de boulier des médias

Dès leur arrivée, les génératives ont suscité une levée de boucliers parmi les médias, l'industrie se révoltant contre l'utilisation supposée des articles de presse pour entraîner les IA, sans rémunération. Et en se montrant tout aussi méfiante quant à leur usage au sein des rédactions, jugée trop risquée à cause notamment des hallucinations, ces situations où l'IA présente un mensonge comme une vérité.

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Certains médias ont néanmoins commencé à s'interroger sur les usages pertinents des nouveaux outils nourris à l'IA. C'est justement le cas du New York Times qui avait nommé un directeur des initiatives d'IA avec pour rôle notamment de piloter une petite équipe au sein de la rédaction de l'illustre journal, pour mener des expériences éditoriales autour de l'IA générative.

En outre, mi-décembre, OpenAI avait trouvé un accord avec le groupe allemand Axel Springer, éditeur notamment du tabloïd Bild, pour le rémunérer afin de fournir des contenus du groupe dans les réponses aux requêtes d'utilisateurs de ChatGPT. Selon les termes de ce partenariat présenté comme inédit par les deux acteurs, les utilisateurs posant une question à ChatGPT recevront en réponse des résumés d'articles édités par les marques d'Axel Springer, notamment Politico, Business Insider, et les quotidiens Bild et Welt.

IA act

Il n'en demeure pas moins que la question des droits d'auteur est devenue cruciale pour tous les médias depuis plusieurs mois. Et bien que les créateurs des modèles d'IA ont pour habitude de plaider le « fair use », c'est-à-dire l'usage raisonnable, lorsque la question est abordée, les contours demeurent bien flous.

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Pour y remédier, l'IA Act, qui a été approuvé dans sa version non-définitive début décembre, pose les bases pour mieux encadrer le développement de l'intelligence artificielle, en évitant tant que possible les dérives de ces technologies. Concrètement, le texte reprend les principes des réglementations existantes en matière de sécurité des produits qui imposent des contrôles reposant d'abord sur les entreprises. Le coeur du projet se veut une liste de règles aux seuls systèmes jugés à hauts risques dans des domaines sensibles comme l'éducation, le maintien de l'ordre etc.

Toutefois, les interdictions sont rares, et sont relatives aux applications contraires aux valeurs européennes comme les systèmes de surveillance de masse utilisés en Chine, ou l'identification biométrique à distance des personnes dans les lieux publics.

Ce qui n'avait pas empêché le commissaire européen français, Thierry Breton, à l'origine de ce texte, de saluer un grand pas en avant. « L'Union européenne devient le premier continent à fixer des règles claires pour l'utilisation de l'IA », s'était-il félicité. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, avait, elle, qualifié « ce moment d'historique pour l'Europe numérique », louant une législation « avant-gardiste, responsable, et globale qui fixe des standards mondiaux. »

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 28/12/2023 à 7:51
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on a beau etre de gauche, l'argent, c'est important et justifie ( enfin ' a titre personnel du moins').........est ce que le NY times a porte plainte contre google qui envoie ses crawlers balayers les pages du NY times pour les indexer, et ressortir ...

à écrit le 27/12/2023 à 18:32
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Une chance pour le journalisme de qualité ces deep learning qui seront toujours plus prises au sérieux en se référant à des informations solides qu'aux informations télévisuelles par exemple. D'où l'intérêt de préserver les journaux de références mêm...

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