Nouveau rebondissement spectaculaire dans la saga Elon Musk vs Twitter. À peine deux semaines après avoir signé un accord avec le conseil d'administration du réseau social pour le racheter à un prix de 44 milliards de dollars, Elon Musk fait encore des siennes. Sur son compte Twitter, le milliardaire imprévisible a écrit ce vendredi 13 mai que "le contrat avec Twitter était suspendu dans l'attente de détails qui soutiendraient que les faux comptes et les comptes de spam représenteraient effectivement moins de 5% des utilisateurs". L'action du groupe a plongé d'environ 20% après cette annonce dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de Wall Street, mais s'est ressaisie ensuite et ne perdait que 8% à la mi-journée.
Twitter deal temporarily on hold pending details supporting calculation that spam/fake accounts do indeed represent less than 5% of usershttps://t.co/Y2t0QMuuyn
— Elon Musk (@elonmusk) May 13, 2022
Le réseau social avait avancé cette estimation à l'occasion de l'annonce de ses résultats du premier trimestre fin avril. Si une plus grande partie de ses 229 millions d'utilisateurs quotidiens actifs s'avéraient être des faux comptes, ses revenus publicitaires (qui représentent 90% de son chiffre d'affaires) pourraient diminuer. De son côté, Elon Musk a fait de la lutte contre les "bots" (les comptes automatisés) un des principaux chantiers de son projet.
Deux heures après ce tweet initial, le milliardaire a ajouté dans un second tweet qu'il était "toujours engagé dans le rachat".
Elon Musk ne peut pas annuler le rachat si facilement
Cet énième coup d'éclat d'Elon Musk pourrait n'être qu'un coup de bluff. Comme l'expliquait à La Tribune Karl Hepp de Sevelinges, avocat associé chez Jeantet, également spécialiste M&A : "Elon Musk ne peut pas sortir du contrat, sauf si la sortie est prévue dans le contrat". Ce dernier, plutôt standard, contient une clause de révocation, celle des "événements défavorables significatifs", un terme du jargon pour évoquer "des événements qui mettent en danger l'économie de l'acquisition". Mais le juriste précisait qu'il fallait un désastre financier pour que cette clause puisse être invoquée, évoquant un cas où la société rachetée avait perdu plus de 90% de son chiffre d'affaires et un autre cas où un dirigeant de l'entreprise rachetée s'était servi dans les caisses.
Ce n'est pas tout : Twitter a prévu dans son contrat avec Elon Musk une clause contre les frasques de ce dernier, le citant nommément. Il est prévu que si l'entreprise était affectée d'une quelconque manière par les propos tenus par l'homme d'affaires, cela ne pourrait pas être pris en compte dans les critères de rupture. Autrement dit, même si le milliardaire fait baisser la valeur de l'entreprise à cause de sa communication, il ne pourrait pas, en théorie, s'en servir pour renégocier le prix du rachat. Quoiqu'il en soit, le contrat prévoit qu'en cas de rupture, même justifiée, le milliardaire doit payer 1 milliard de dollars à Twitter.
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