C'est l'un des sujets qui, aujourd'hui, fait sortir l'état-major d'Iliad, la maison-mère de Free, de ses gonds. Avec sa loi « anti-Huawei », passée en 2019, le gouvernement a décidé de bouter progressivement le géant chinois des équipements télécoms hors du pays. En clair, Huawei n'est pas le bienvenu pour le déploiement de la 5G. Aux yeux de l'exécutif, qui craint des tentatives d'espionnage pour le compte de Pékin, ou des sabotages (comme l'extinction d'une partie des réseaux mobiles), a jugé cette mesure essentielle pour préserver la sécurité nationale. Quand bien même Huawei, de son côté, a toujours clamé que ses infrastructures n'ont jamais été détournées de leurs fonctions sur ordre du gouvernement chinois.
Quoi qu'il en soit, deux opérateurs sont directement concernés par ce dispositif « anti-Huawei ». Il s'agit de SFR et de Bouygues Telecom. Tous deux disposent en effet d'antennes de téléphonie mobile chinoises sur environ la moitié de leurs réseaux 4G respectifs. Lors du passage à la 5G, ils devront donc les retirer. Mais l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'informations (Anssi), qui dépend de Matignon - et qui accorde les autorisations pour l'implantation de nouvelles antennes 5G dans l'Hexagone -, leur a toutefois permis d'utiliser des équipements Huawei, pour quelques années, dans certains territoires. Il s'agit généralement de zones peu peuplées, à l'écart de certaines installations stratégiques (comme des zones industrielles de pointe ou des bases militaires), ou des lieux de pouvoir.
« Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures »
Orange et Free, de leur côté, ont déposé des demandes d'équipements Huawei. Mais ils n'ont essuyé, pour leur part, que des refus. Cette situation irrite au plus haut point l'opérateur de Xavier Niel, qui juge cette situation inéquitable. C'est la raison pour laquelle il a porté l'affaire en justice. Selon L'Express, le groupe a saisi le tribunal administratif de Paris, en mai dernier, pour « faire annuler les autorisations de Matignon délivrées à Bouygues Telecom et à SFR ». Interrogé par La Tribune, Iliad n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
En mars dernier, Thomas Reynaud, le DG d'Iliad, avait tiré à boulet rouge contre les feux verts de l'Anssi à Bouygues Telecom et à SFR pour déployer une partie de leurs réseaux 5G avec Huawei. « Nous n'avons pas obtenu d'autorisation de déployer des équipements Huawei à la différence de deux de nos concurrents, a-t-il insisté. Cela pose question car nous sommes dans une industrie ultra-concurrentielle, et la réglementation doit faire preuve d'équité et de transparence entre les différents acteurs. Soit les équipementiers asiatiques sont autorisés pour les quatre opérateurs, soit ils sont interdits pour tous. Il ne peut pas y avoir, comme aujourd'hui, deux poids deux mesures. »
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