En ouvrant l'application Uber, les habitants de Denver, aux États-Unis, peuvent ne plus seulement commander une voiture. Depuis le printemps, ils peuvent également acheter des billets de tramway et de bus. Une première pour la société américaine, leader du marché des voitures avec chauffeur (VTC). Et l'illustration de sa nouvelle stratégie de diversification, fixée l'an passé par Dara Khosrowshahi, son directeur général.
Pour proposer cette nouvelle option, Uber s'est associé avec Masabi, une startup britannique spécialisée dans la vente de titres de transport. Ce service, qui gère aussi bien les billets à l'unité que les abonnements mensuels, n'est pour l'instant disponible qu'à Denver. Il devrait rapidement être lancé à Londres. En septembre, Uber a également préparé le terrain à un déploiement encore plus important : dans douze villes, dont Paris, l'application permet désormais de trouver des itinéraires en métro.
L'entreprise ne touche aucune commission sur chaque ticket vendu. L'objectif est ailleurs : devenir l'application que les urbains ouvrent en premier dès qu'ils souhaitent se déplacer. Pour cela, l'ancien patron d'Expedia ambitionne de transformer Uber en « Amazon des transports ». C'est-à-dire, une plateforme multimodale et ouverte à d'autres acteurs qui doit permettre de « choisir l'option la plus rapide ou la moins chère, que ce soit une voiture, un vélo, le métro ou autre », indique-t-il.
Pour Dara Khosrowshahi, nommé en juin 2017 pour succéder au fondateur, Travis Kalanick, poussé vers la sortie après de multiples scandales, ce modèle est une condition indispensable pour remplir la mission fixée depuis la création de l'entreprise : devenir une véritable alternative à la voiture personnelle, qui représente encore 90 % des kilomètres parcourus aux États-Unis. Une nouvelle approche en forme d'aveu : les VTC, même toujours moins chers, toujours plus nombreux et bientôt autonomes, ne peuvent pas répondre à l'ensemble des besoins de mobilité.
Se rendre indispensable
Pour convaincre les automobilistes de délaisser leur voiture, la société fait aussi miroiter des itinéraires « sans friction », permettant d'emprunter différents modes de transport sans jamais quitter son application. Par exemple, ses utilisateurs pourront prendre une voiture pour se rendre à la station de métro la plus proche, puis terminer leurs trajets en trottinette.
À terme, le nouvel Uber offrira donc une multitude d'options à ses clients pour leurs trajets quotidiens, mais aussi pour le week-end, par exemple en leur proposant de louer une voiture.
Plus tard, la société souhaite y ajouter des taxis volants, projet sur lequel elle travaille depuis des années. Et qu'elle rêve de lancer dès 2023.
Uber joue sur deux tableaux afin de devenir l'application indispensable pour le transport. Celui d'opérateur de solution de mobilité, son cœur de métier historique. Et celui d'agrégateur en multipliant les partenariats, par exemple avec l'américain Getaround, qui a racheté Drivy en France (devenu Getaround), pour la location de voitures, ou Cityscoot pour la location de scooters à Paris.
Une double casquette qui se retrouve sur le marché des vélos et des trottinettes électriques en free floating (sans bornes). En 2018, la société a en effet racheté la startup américaine Jump, qui a depuis lancé son offre dans de nombreuses villes. Mais Uber s'est aussi associé avec Lime, un rival direct, dans d'autres villes. Et la société n'exclut pas de nouer des alliances avec d'autres acteurs du marché. « Nous étudions différents modèles », justifie-t-on en interne.
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