Tony Fernandes, le Branson asiatique, du foot et des ailes

Non content d'être aujourd'hui aux commandes de la plus grande compagnie aérienne "low cost" d'Asie, AirAsia, le nouveau Richard Branson malaisien s'investit de plus en plus dans le sport. A la tête de l'écurie de F1 Team Lotus, il vient de mettre la main sur le club de foot anglais des Queens Park Rangers.
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"J'ai vécu à Uxbridge Road, à l'ouest de Londres, et j'ai vu mon premier match de foot à Loftus Road... mais, à l'époque, j'étais bien loin d'imaginer qu'un jour, je serais le patron d'un club de foot britannique." En cette mi-août, Tony Fernandes rêve encore à voix haute. Le patron de la plus grande compagnie aérienne à bas coûts d'Asie, AirAsia, également présent dans la formule 1 avec l'écurie Team Lotus, vient de s'offrir une danseuse... le club de foot anglais des Queens Park Rangers (QPR).

Pour 35 millions de livres - autant dire sans faveur aucune - le tycoon malaisien a fait affaire avec Bernie Ecclestone et Flavio Briatore, en rachetant leurs parts dans le club londonien (66%). Deux compères pas mécontents de quitter le navire, tant leurs relations avec les supporters du club s'étaient détériorées, notamment après la hausse du prix des billets décidée dans la foulée de l'entrée du club en Premier League à la fin de la saison dernière. Tony Fernandes rejoint donc au capital de "QPR" Lakshmi Mittal, patron d'ArcelorMittal, qui détient 33% des parts.

Millionnaire

Décontracté sous ses airs d'adolescent rusé, "accro" aux modes de communication modernes comme en témoigne l'activisme de son compte Twitter, Tony Fernandes compte bien imprimer son style. Un style bien différent. Qui a le don de bousculer le monde en apparence feutré des affaires. John Leahy, directeur commercial d'Airbus, peut en témoigner. Pour annoncer comme prévu une commande de 200 A320 au dernier Salon du Bourget, il a dû s'exécuter à quelques déhanchements sur la piste d'un "dance floor" parisien.

Le jeune millionnaire de 47 ans, à la fortune estimée par Forbes à 470 millions de dollars, aime aussi les paris. Richard Branson, propriétaire de l'écurie de formule 1 Virgin, également présent au capital d'AirAsia X, la filiale long-courrier d'AirAsia, en sait quelque chose. Après avoir perdu le sien, en février dernier, sur qui de Lotus ou de Virgin précéderait l'autre au classement du championnat du monde de formule 1, le patron de Virgin s'est mué en hôtesse de l'air le temps d'un vol entre Londres et Kuala Lumpur.

Souvent critiquée, la méthode Fernandes a, pour l'heure, le mérite de réussir. Dans l'aérien tout d'abord. En quelques années, ce natif de Kuala Lumpur, biberonné à l'économie dans les grandes écoles britanniques - Epsom College puis London School of Economics - avec derrière lui une petite carrière dans l'industrie musicale (Time Warner), a su faire preuve de flair. En 2001, il crée Tune Group avec trois associés. Et rachète pour une roupie symbolique AirAsia, une compagnie alors en faillite. Une occasion rêvée dans un secteur qui amorce sa libéralisation. "Nous voulions créer une marque propre à l'Asean", expliquera alors Fernandes qui, pour ce faire, n'a pas hésité à hypothéquer son domicile. "Nous avons identifié une occasion en or que personne n'avait alors exploitée." Et cela fonctionne : alors qu'elle ne comptait à l'époque que deux avions effectuant des vols depuis Kuala Lumpur, AirAsia est aujourd'hui la plus grande compagnie asiatique à bas coûts. Dix-huit millions de passagers voyagent sur ses lignes dans 65 villes d'Asie-Pacifique. Selon le dernier rapport mensuel, elle devrait dégager un bénéfice net avant impôts de 200 millions de livres.

Synergies

Qu'en sera-t-il de son pari dans le foot ? Après Roman Abramovitch (Chelsea) et la famille Glazer (Manchester United), Fernandes est une des dernières personnalités étrangères à investir dans le foot anglais. "J'ai toujours eu l'envie de m'impliquer dans le football. Ceux qui me connaissent savent que je suis un éternel aficionado de West Ham", souligne-il, faisant référence à un autre club anglais qu'il a tenté, sans succès, de racheter deux mois plus tôt. "QPR est un diamant brut que j'espère bien pouvoir contribuer à polir. En espérant que les supporters auront de quoi être fiers de notre travail."

Pour l'heure, tout est fait pour les rassurer. Au-delà de son entrée dans le capital du club, payée "cash", le nouveau patron prévoit d'investir au moins 10 millions de livres dans le club - y compris dans les transferts - en vue de consolider sa présence en Premier League. A ce titre, Tony Fernandes rêve de faire signer David Beckham, le milieu de terrain du Los Angeles Galaxy.

Autre bon point pour les supporters : il pourra compter sur la présence d'Amit Mittal au sein de son comité de direction. Le gendre du magnat indien de l'acier a indiqué vouloir reprendre ses fonctions après les avoir quittées pour marquer son désaccord sur la politique des tarifs de l'ancienne direction.

Enfin, le nouveau patron table déjà sur d'importantes synergies. Team Lotus est d'ores et déjà sponsorisée par AirAsia. Et les maillots des joueurs des Rangers se couvrent de rouge et de blanc, les couleurs de la compagnie.

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