Les banques françaises lèvent le pied sur les hydrocarbures non conventionnels

Les six principales banques françaises se veulent en pointe sur la lutte contre le réchauffement climatique. Après les engagements sur le charbon, la Fédération bancaire française entend limiter l’exposition du secteur aux énergies fossiles non conventionnelles comme le pétrole ou le gaz de schiste. Une nouvelle initiative qui s’inscrit dans une longue série d’annonces et de décisions pour décarboner les portefeuilles de crédit.
Les grandes banques française s'engagent à ne plus financer les projets ou les entreprises dans lesquels la part des énergies non conventionnelles serait supérieure à 30%.
Les grandes banques française s'engagent à ne plus financer les projets ou les entreprises dans lesquels la part des énergies non conventionnelles serait supérieure à 30%. (Crédits : Reuters)

Les banques françaises disent stop (ou presque) aux sables bitumineux et pétrole ou gaz de schiste. Dans un communiqué diffusé ce matin, la Fédération bancaire française (FBF) indique que les six plus grandes banques françaises vont cesser, à partir de janvier 2022, de financer « les projets dédiés et les entreprises dont la part d'hydrocarbures non conventionnels dans l'exploration et la production serait supérieure à 30% de leur activité. La semaine dernière, la Banque Postale s'est engagée à devenir « zéro émission nette » de carbone sur l'ensemble de ses activités bancaires à l'horizon 2040.

Ces initiatives s'inscrivent dans un plan de réduction des émissions de carbone du secteur afin de s'aligner sur les objectifs de l'Accord de Paris sur le Climat en 2015 (qui vise à limiter à 2°C le réchauffement). Les banques se sont attaquées en priorité sur le charbon.

Selon la FBF, le financement des entreprises liées au charbon ne représente plus désormais que 2,1 milliards d'euros de crédit, soit 0,16% de l'encours du portefeuille corporate à la fin 2020. Parallèlement, souligne l'association professionnelle, le financement des énergies renouvelables atteint 44,3 milliards d'euros en 2020, en hausse de près de 70% en quatre ans, soit 3,5% du portefeuille de crédit.

La réduction de l'exposition au carbone est devenue ces dernières années un enjeu majeur pour les banques. En avril dernier, plusieurs banques françaises, dont BNP Paribas, Société générale et La Banque Postale ont rejoint l'initiative internationale « Net Zero Banking Alliance », sous l'égide de l'ONU, qui vise une neutralité carbone des portefeuilles de prêts d'ici 2050, avec des objectifs tous les cinq ans à partir de 2030.

Cette initiative vise à la fois à cesser le financement des secteurs à fort impact carbone (charbon) mais aussi à déployer les ressources nécessaires pour accompagner les transitions énergétiques des entreprises, notamment celles qui sont encore fortement carbonées.

Pressions tous azimuts

De fait, la pression s'accroît de toutes part sur le secteur bancaire. Sur les marchés tout d'abord alors que les grands investisseurs internationaux sont de plus en plus exigeants sur les engagements des grandes banques, en particulier dans le financement du secteur des énergies fossiles. Elles le sont tout autant de la part des associations de défense de l'environnement, comme Reclaim Finance et Les Amis de la Terre qui avaient dénoncé, en mars dernier, les banques françaises comme les « les plus grands financeurs européens des énergies fossiles en 2020 ».

Enfin, les régulateurs incitent très fortement les banques sur la question environnementale. La Banque de France se veut très en pointe sur la lutte contre le réchauffement climatique : elle a même bouclé, en juin, le premier stress test climatique sur le secteur en France. Une première mondiale même si la méthodologie et les résultats sont encore loin de faire l'unanimité.

Malgré tout, il existe désormais une prise de conscience du danger de l'inaction. A la fois sur la réputation, la capacité d'attirer de nouveaux talents (la question environnementale devient une préoccupation clé des jeunes diplômés), mais aussi sur le modèle même des banques. Comme l'a récemment souligné l'agence de notation Moody's, le risque climatique peut dégrader significativement la qualité globale des portefeuilles de crédit.

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Commentaires 2
à écrit le 18/10/2021 à 19:21
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Bravo pour cette initiative flamboyante de nos amis banquiers. Et au fait , au passage, possible de faire 0 combine dans les paradis fiscaux? . .

à écrit le 18/10/2021 à 12:40
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Ce n'est pas pour l'écologie, c'est surtout que ce secteur n'a jamais été rentable

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