Airbus prend le contrôle du C-Series de Bombardier pour le faire... décoller

Airbus et Bombardier ont annoncé vendredi que la prise de contrôle du programme C-Series du canadien par l'avionneur européen prendrait effet le 1er juillet. L'objectif est de faire décoller les ventes du C-Series et d'accroître sa production tout en limitant ses coûts. Cette alliance -et celle que négocient Boeing et Embraer- va entraîner une recomposition de l'aviation régionale. Ce sera l'un des thèmes du Paris Air Forum qui se tiendra le 21 juin au Toit de l'Arche de la Défense à Paris.
Fabrice Gliszczynski
Airbus apportera au programme C-Series sa puissance commerciale, son expertise en matière d'achats, de ventes et marketing et de service clients.
Airbus apportera au programme C-Series sa puissance commerciale, son expertise en matière d'achats, de ventes et marketing et de service clients. (Crédits : Regis Duvignau)

C'est fait. Sept mois après l'annonce d'Airbus de son intention de prendre une participation majoritaire dans le programme C-Series de Bombardier, les deux avionneurs ont finalisé leur partenariat et Airbus prendra le contrôle de ce programme d'avions de 100 à 150 sièges le 1er juillet prochain.

 "Toutes les autorisations règlementaires nécessaires à la conclusion de cet accord ont été obtenues", ont indiqué les deux avionneurs et la société publique Investissement Québec, partenaire de l'opération, dans un communiqué vendredi.

Une seconde ligne d'assemblage à Mobile (Alabama)

Airbus disposera pour un euro symbolique d'une participation de 50,01% dans le programme, tandis que Bombardier et la province de Québec conserveront respectivement environ 31% et 19%. Le siège du programme et la ligne d'assemblage primaire resteront basés à Québec, au Canada. Une seconde ligne d'assemblage de C-Series sera établie à Mobile, en Alabama (au sud des États-Unis), où, depuis plus de deux ans et demi, Airbus assemble des A320.

Le programme C-Series a été lancé en 2008 dans l'espoir de permettre au constructeur d'avions d'affaires et d'avions régionaux d'entrer sur le marché des avions de plus de 100 places et de défier Airbus et Boeing sur leur avions d'entrée de gamme (A319, B737-700). Avec ce partenariat, Airbus va bénéficier d'une famille d'avions allant de 110 à 149 sièges (voire 160 en version monoclasse), complémentaire avec ses A320 et A321 (150-220 sièges environ) et en ligne avec sa stratégie de se focaliser sur des avions plus gros, notamment sur le marché du 220-260 sièges si d'aventure Boeing lançait un avion d'une telle capacité.

Complémentarités

Les deux avionneurs ne cessent de mettre en avant leurs complémentarités.

"Ce partenariat réunit deux gammes complémentaires d'avions sur le segment du marché des 100 à 150 sièges, qui devrait représenter plus de 6.000 avions sur les 20 prochaines années", ont-ils précisé.

Cette alliance peut permettre de faire décoller les ventes de l'avion canadien, même si celles-ci ont nettement repris du poil de la bête depuis que Colin Bole, un ancien d'Airbus d'ailleurs, a repris la direction des ventes en 2016. En témoigne la très belle commande de 30 exemplaires signée il y a 10 jours par Air Baltic et les nombreux prospects en cours comme Ethiopian Airlines. Airbus apportera en effet au programme C-Series sa puissance commerciale, son expertise en matière d'achats, de ventes et marketing et de service clients. Cet aspect est fondamental. Car Airbus va proposer en entrée de gamme un avion très compétitif qui aura d'autant plus de chances de se vendre qu'il serait présenté aux compagnies aériennes sous l'étiquette Airbus.

Optimiser la production

Par ailleurs, Airbus va également amener son savoir-faire en termes de production et permettre au programme canadien de réduire les coûts. Harald Wilhelm, le directeur financier d'Airbus, a admis que le C-Series avait de la marge pour être compétitif en termes de coûts. Il estime en effet que l'expérience de l'avionneur européen en termes de gestion de la chaîne des fournisseurs jouerait à plein.

"Je pense qu'il y a un excellent potentiel pour accroître encore la compétitivité et l'efficacité en termes de coûts et de faire (du C-Series) un générateur de trésorerie pour Airbus à l'avenir", a-t-il dit.

L'objectif est de doubler les livraisons du C-Series en 2018 par rapport aux 17 unités livrées l'an passé, précisent les deux groupes dans un communiqué.

"Nous prévoyons une montée en cadence de production parce qu'il y a des problèmes au sein de la chaîne de fournisseurs", a déclaré Philippe Balducchi, chef de la direction du partenariat C-Series, précisant que cette préoccupation n'était pas spécifique à ce programme.

"Nous serons très concentrés sur le fait d'avoir une montée en cadence solide et soutenue dans les années à venir", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique.

En prenant le contrôle du C-Series, Airbus va se retrouver face à Boeing qui est en passe de se rapprocher la partie aéronautique du constructeur d'avions brésilien Embraer, le concurrent de Bombardier.

Fabrice Gliszczynski

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