Nouveau déboire pour Boeing : le décollage du vaisseau Starliner reporté

Le premier vol avec équipage du vaisseau de Boeing, Starliner, devra finalement attendre. Alors que le décollage était prévu lundi dans la soirée, un problème technique s'est invité et la date de report est encore incertaine. Une mauvaise nouvelle pour Boeing, qui enchaîne les déboires.
Nouveau contretemps pour le premier vol avec équipage du vaisseau Starliner de Boeing (photo d'archives).
Nouveau contretemps pour le premier vol avec équipage du vaisseau Starliner de Boeing (photo d'archives). (Crédits : STEVE NESIUS)

Mission annulée. Voilà un nouveau contretemps pour le premier vol avec équipage du vaisseau Starliner de Boeing : son décollage vers la Station spatiale internationale a été annulé ce lundi seulement deux heures avant le moment prévu du lancement.

Les astronautes américains Butch Wilmore et Suni Williams devaient décoller dans la soirée de Cap Canaveral, en Floride, à bord de la capsule Starliner, qui devait être propulsée en orbite par une fusée Atlas V du groupe ULA. Les préparatifs s'étaient d'abord passés sans problème : la fusée avait été remplie de carburant, la météo était idéale et les astronautes étaient installés dans leur siège. Ils devront finalement encore patienter. Dans le détail, une anomalie a été identifiée sur une valve de la fusée Atlas V, a annoncé le constructeur du lanceur, le groupe United Launch Alliance (ULA).

ULA a indiqué qu'une nouvelle tentative, dépendant de l'analyse réalisée par ses équipes, pourrait avoir lieu vendredi au plus tôt.

« Les équipes ont besoin de temps supplémentaire pour faire une évaluation complète, nous nous fixons comme objectif une prochaine tentative le vendredi 10 mai au plus tôt », a écrit la coentreprise réunissant Boeing ULA et Lockheed Martin sur le réseau social X (ex-Twitter).

S'il s'avère que la valve doit être remplacée, l'opération prendrait « plusieurs jours », a déclaré lors d'une conférence de presse Tory Bruno, le patron de ULA. Il a assuré que ses équipes allaient travailler « toute la nuit » et devraient pouvoir livrer leur analyse mardi matin. Mais « l'équipage n'a jamais été en danger », a-t-il assuré.

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Un enjeu grand pour Boeing et la Nasa

Boeing joue gros sur cette ultime mission test, qui doit permettre à son vaisseau de rejoindre le club très privé des véhicules spatiaux ayant transporté des êtres humains. Elle doit également lui permettre de démontrer que son vaisseau est sûr avant de commencer les missions régulières vers la Station spatiale (ISS). Une fois Starliner opérationnel, la Nasa souhaite alterner entre les vols de SpaceX et Boeing pour acheminer ses astronautes jusqu'à l'ISS.

Pour la Nasa, qui a commandé ce véhicule il y a dix ans, l'enjeu aussi est grand : avoir un deuxième véhicule en plus de celui de SpaceX pour transporter les astronautes américains « est très important », a souligné Dana Weigel, chargée du programme de l'ISS. Cette capacité permettra de pouvoir mieux répondre à « différents scénarios » d'urgence, par exemple en cas de problème sur l'un des vaisseaux, a-t-elle expliqué.

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Dans la tourmente

La réussite de cette mission serait par ailleurs plus que bienvenue pour Boeing, dans la tourmente pour des problèmes de sécurité sur ses avions, et dont le programme de développement de Starliner s'est transformé en saga marquée par les mauvaises surprises et les reports successifs.

En 2019, lors d'un premier test sans équipage, la capsule n'avait pas pu être placée sur la bonne trajectoire et était revenue sans atteindre l'ISS. Puis en 2021, alors que la fusée se trouvait sur le pas de tir pour retenter le vol, un problème de valves bloquées, cette fois sur la capsule, avait encore entraîné un report. Le vaisseau vide avait finalement réussi à atteindre l'ISS en mai 2022.

Boeing avait ensuite espéré pouvoir réaliser son premier vol habité la même année. Mais des problèmes découverts tardivement, notamment sur les parachutes freinant la capsule lors de son retour dans l'atmosphère, ont de nouveau engendré des retards.

« Il y a eu un certain nombre de choses qui ont été des surprises, que nous avons dû surmonter », a reconnu Mark Nappi, responsable chez Boeing. Mais « cela a rendu nos équipes très fortes », a-t-il affirmé. « Il est assez classique que le développement d'un véhicule spatial pour humains prenne dix ans », a-t-il ajouté.

Battu par SpaceX

Seule une poignée de vaisseaux américains ont transporté des astronautes par le passé. La capsule Dragon de SpaceX a rejoint cette liste en 2020, succédant aux mythiques programmes Mercury, Gemini, Apollo et des navettes spatiales.  Après l'arrêt de ces dernières en 2011, les astronautes de la Nasa ont dû voyager à bord des vaisseaux russes Soyouz.

C'est pour mettre fin à cette dépendance qu'en 2014, l'agence spatiale américaine a passé un contrat de 4,2 milliards avec Boeing et de 2,6 milliards avec SpaceX pour le développement de nouveaux vaisseaux. Malgré cette différence de financements, « SpaceX a fini quatre ans avant » son concurrent, n'a pas manqué de rappeler lundi Elon Musk, le patron de SpaceX. « Beaucoup trop de responsables ne sont pas des techniciens chez Boeing », a-t-il taclé.

Alors que l'ISS doit être mise à la retraite en 2030, Starliner comme Dragon pourraient ensuite servir à acheminer des humains vers de futures stations spatiales privées, que plusieurs entreprises prévoient déjà de construire.

La NASA a recours de plus en plus aux entreprises privées. En effet, pendant la Guerre froide, l'agence spatiale américaine dépensait sans compter et se chargeait de superviser chaque mission jusqu'au dernier écrou. Le nouveau paradigme adopté parie lui sur l'économie de marché et la concurrence entre entreprises, afin d'accomplir des exploits pour une fraction seulement des coûts passés.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 07/05/2024 à 9:41
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Le boulon en carton voilà l'avenir du business messieurs ! ^^ Je vous l'avais dit qu'au son de leur cupidité on finirait par en rigoler. Scandale imaginé par notre si talentueux Franquin: https://images.app.goo.gl/YC6NdHPicBgNfrGW9

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