Banquiers et analystes doutent d'une OPA de L'Oréal sur Avon

Le géant mondial des cosmétiques, peu endetté et qui dispose d'un important trésor de guerre grâce à sa participation dans Sanofi-Aventis estimée à environ 5 milliards d'euros, n'a jamais caché ses ambitions de croissance externe.

Banquiers et analystes doutent d'une offre de L'Oréal sur Avon Products, alors que de nouvelles spéculations prêtent au géant français des visées sur le groupe américain. Le journal britannique Daily Mail, qui ne cite aucune source, a fait état de rumeurs d'offre à 44 dollars (31,78 euros) par action sur le spécialiste américain de la vente directe de produits de beauté, provoquant une forte hausse du titre à l'ouverture de la Bourse de New York.

Des rumeurs d'OPA sur Avon avaient déjà circulé la semaine dernière sur les marchés financiers, impliquant L'Oréal mais aussi les deux autres géants de l'hygyène corporelle, Procter & Gamble et Unilever. A ce niveau de prix, une offre du groupe français représenterait une prime de 32,7% sur le cours de clôture d'Avon lundi (33,16 dollars) et valoriserait le groupe à 18,8 milliards de dollars (13,6 milliards d'euros).

L'Oréal s'est refusé à tout commentaire sur ces rumeurs, tandis que personne n'était disponible auprès d'Avon. Le géant mondial des cosmétiques, peu endetté et qui dispose d'un important trésor de guerre grâce à sa participation dans Sanofi-Aventis estimée à environ 5,0 milliards d'euros, n'a jamais caché ses ambitions de croissance externe. "Avec la récente opération d'Unilever, les rumeurs de consolidation du secteur reprennent, c'est assez logique", commente un analyste, faisant référence au rachat par Unilever du spécialiste américain des produits capillaires Alberto Culver. "L'Oréal veut croître vite dans les pays émergents, cela peut passer par une acquisition, mais je doute de celle-là", ajoute-t-il au sujet d'Avon.

PAS LA CIBLE IDÉALE

Un banquier d'affaires interrogé à Paris juge également "peu probable" une telle acquisition. Un autre analyste rappelle que L'Oréal a souvent dit qu'il n'était pas favorable à la vente directe et estime que si un rachat d'Avon "ne peut être totalement exclu", le groupe américain ne constitue pas la cible idéale. Avon présente l'avantage d'être très exposé aux pays émergents (environ 70% de son chiffre d'affaires), mais l'inconvénient d'avoir un modèle déclinant dans les pays développés.

"J'y crois peu et mes clients pas du tout", commente cet analyste, pour qui une telle opération nécessiterait "vraiment un très très gros travail d'explication auprès des investisseurs". Les analystes d'UBS rappellent dans une note publiée ce mardi qu'un rachat d'Avon permettrait certes à L'Oréal d'atteindre plus rapidement son objectif de conquête d'un milliard de consommateurs supplémentaires, mais qu'il porterait à quelque 30% la part de ses revenus tirés de la vente directe, dans laquelle il n'a aucune expérience. En outre, soulignent-ils, Avon rencontre des difficultés en Chine et affronte une concurrence difficile en Amérique latine, notamment au Brésil face à Natura, et en Europe de l'Est face à Oriflame.

A la Bourse de Paris, le titre L'Oréal a clôturé à 81,56 euros par action, en baisse de 0,12%, alors que le CAC a cédé 0,52%. A New York, Avon limitait sa hausse à 2% vers 16h35 GMT, après après avoir pris 5,0% peu après l'ouverture du marché.

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