L'introduction qui valait 500 milliards

La mise en Bourse de la première banque chinoise, ICBC, a rencontré un succès plus que populaire: elle constitue la plus importante levée de fonds jamais réalisée sur un marché...

Quatre lettres, ICBC, pour Industrial & Commercial Bank of China, symbolisent à elles seules la démesure des attentes des investisseurs à l'égard du miracle économique chinois. Avant même sa première cotation, prévue vendredi à Shanghaï et à Hong Kong, la première banque de la République populaire vient d'inscrire un record, celui de la plus importante levée de fonds de l'histoire, tous pays confondus. Son introduction en Bourse va lui permettre de lever au moins 19 milliards, voire 21 milliards de dollars, le maximum possible au regard des 15% du capital placés dans le public. Une opération indéniablement "populaire": les investisseurs, étrangers et locaux, institutionnels et particuliers confondus, étaient prêts à en acheter pour 500 milliards de dollars au total, 26 fois plus que les sommes levées - c'est l'équivalent de deux fois la valeur boursière de Citigroup, la première banque américaine et la cinquième plus grosse société cotée au monde. Du coup, les analystes prédisent que l'action grimpera d'au moins 10 à 15% lors de sa première séance.

Le mastodonte ICBC déboulera ainsi sur la planète boursière avec une capitalisation de 130 milliards de dollars - c'est-à-dire plus que notre Sanofi-Aventis, la deuxième valeur du CAC 40! De quoi la hisser dans le club des 30 plus grandes valeurs au niveau mondial, rejoignant ainsi PetroChina (au 15ème rang avec ses 195 milliards de dollars) et China Mobile (au 24ème avec 146 milliards). La Chine vient bousculer l'ordre mondial des grandes puissances économiques et boursières, bien souvent au détriment de son voisin nippon. Non contente de battre le record de la plus grosse introduction détenu jusqu'à présent par l'opérateur télécoms japonais NTT DoCoMo, dont le placement avait atteint 18,4 milliards de dollars en 1998, ICBC devrait également détrôner rapidement Mitsubishi UFJ Financial Group de son rang de 5ème banque mondiale. Elle dépassera en tous cas le suisse UBS.

Toutefois, sa valeur boursière ne sera pas du tout représentative de son poids à l'international, où elle s'est encore peu développée - à peine un millier d'agences contre près de 19.000 sur son territoire. Les experts présentent aussi ICBC comme la moins attirante des grandes banques chinoises, en termes de qualité d'actifs et de créances douteuses. Si les montants peuvent laisser rêveur, cet engouement ne saurait cependant surprendre. Car en tant que premier prêteur de Chine continentale, ICBC apparaît comme le véhicule boursier idéal aux investisseurs sinophiles désireux de profiter du boom annoncé du marché du crédit dans l'économie la plus dynamique du monde...

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