Retour sur Vivendi

Vivendi Universal redeviendra dans quelques semaines Vivendi tout court. Ce groupe en bonne santé, concentré sur le développement de services numériques vers les mobiles et le haut débit, ressemble à certains égards à celui dont avait rêvé Jean-Marie Messier. Quoique...

Le 20 avril, les actionnaire de VU voteront pour rebaptiser leur groupe Vivendi. Une page d'histoire sera alors définitivement tournée, six ans après la fusion du distributeur français d'eau, de sa filiale télévision Canal Plus et du canadien Seagram, propriétaire des Studios Universal et d'Universal Music. Restructuré à marche forcée, débarrassé de pans entiers d'activités, recentré sur l'Hexagone, à quelques possessions polonaise et marocaine, et une belle participation dans le géant américain NBC Universal près, le Vivendi 2006 est un groupe qui va "mieux que bien".

Et cette fois, ce n'est pas la profession de foi d'un Jean-Marie Messier annonçant dans le même souffle, en mars 2002, une perte colossale. Les résultats 2005, présentés le 1er mars, sont au rendez-vous, en hausse de 55 %, dépassant les 2 milliards d'euros.

La physionomie du groupe et son plan de marche sont pourtant assez conformes au projet rêvé et exécuté avec une mortelle précipitation par l'ex-PDG Jean-Marie Messier. La stratégie de Vivendi, c'est désormais de "tirer parti de la mobilité, du haut débit et de la transition vers le numérique", dans tous ces métiers: la téléphonie avec SFR, la télévision avec Canal Plus, le jeu vidéo et la musique. Des images, des sons, des jeux, des services "innovants", distribués sur tous les écrans, accessibles de partout, pour les abonnés à une marque du groupe.... La doctrine Messier! Tous les groupes médias et télécoms en ont fait leur leitmotiv aujourd'hui.

Sauf que le Vivendi nouveau n'est plus mondial. Et que le fameux portail multimédia, qui devait faire le lien entre toutes les activités, ce Vizzavi qui ne fut jamais à peine plus qu'un nom valorisé des milliards d'euros, manque à l'appel. Quand on l'interroge sur l'absence d'un grand acteur d'Internet dans le périmètre du groupe, Jean-Bernard Levy, le président du directoire de Vivendi, botte en touche: "Internet est partout dans le groupe, on le respire tous les jours". Certes, il n'est plus une activité - de la Vidéo à la demande pour Canal Plus, au jeu en ligne World of Warcraft, en passant par la musique distribuée sous forme dématérialisée pour Universal Musique - qui ne passe pas, à un moment ou l'autre, par la Toile.

Mais la vérité est que les nouveaux maîtres de ce monde là s'appellent Google, Yahoo!, MSN, Skype... Internet n'est pas seulement dans l'air qu'ils respirent. Ils sont Internet. Ces Californiens rescapés de l'éclatement de la bulle ont des positions inexpugnables. Dans ce domaine, il n'existe plus de cibles à la portée d'un Vivendi en bonne santé, mais dont le cours stagne. Ce rêve là semble définitivement devoir être enterré par un Vivendi qui ne sera bientôt plus Universal.

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