Bernard Madoff  : "j'accuse ! "

Selon le financier américain, condamné pour une fraude géante, certains établissements financiers et fonds d'investissement "devaient savoir" pour son escroquerie.
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Bernard Madoff pense qu'un certain nombre de banques et de fonds d'investissement "devaient savoir" pour le caractère frauduleux du vaste montage financier qui lui vaut de devoir passer le restant de ses jours en prison, rapporte le New York Times.

Dans sa première interview destinée à publication depuis son arrestation en décembre 2008, Bernard Madoff affirme que des banques et des fonds ayant été en contact avec sa société de conseils en investissements "ont fermé les yeux" sur ses activités.

Il leur reproche de ne pas avoir cherché à comprendre les contradictions entre les documents officiels et d'autres informations au sujet de son montage financier, dit pyramide de Ponzi, dans lequel l'argent des derniers investisseurs arrivés servait à rémunérer les plus anciens.

"Ils devaient savoir", déclare Madoff. "Mais leur attitude était du genre 'si jamais vous faites quelque chose de mal, on ne veut pas le savoir'."

Il n'accuse toutefois aucune institution d'avoir eu formellement connaissance ni d'avoir été complice de sa fraude.

Interrogé au parloir de la prison fédérale de Butner, en Caroline du Nord, Bernard Madoff est décrit par le New York Times comme sensiblement amaigri et vêtu d'une tenue kaki de prisonnier.

A 72 ans, il purge une peine de 150 ans de prison pour ce que le parquet a qualifié de montage frauduleux estimé à 65 milliards de dollars, mis au jour en décembre 2008.

Nommé par la justice pour tenter de récupérer l'argent des victimes flouées dans ce montage, Irving Picard a lancé des procédures judiciaires pour tenter d'obtenir plusieurs dizaines de milliards de dollars auprès de sociétés ou d'individus qu'il soupçonne d'avoir profité du montage ou d'avoir contribué à son développement.


Pas de collaboration sur le volet pénal

Parmi les accusés figure notamment la banque JP Morgan Chase , qu'Irving Picard juge "totalement complice" du montage. Ce dernier a déjà récupéré environ 10 milliards de dollars. Il a refusé de répondre aux questions du New York Times.

Par la voix de l'un de ses représentants, JP Morgan juge trop élevée la somme de 6,4 milliards de dollars réclamée par Irving Picard. Elle ajoute qu'elle "n'était pas au courant ni n'a en aucune manière participé à la fraude".

Dans l'interview, Bernard Madoff reconnaît sa culpabilité et juge que rien ne pourrait pardonner ses fautes. Dans un courriel daté du 19 décembre mentionné par le New York Times, il écrit avoir fourni à Irving Picard "des informations dont je savais qu'elles pourraient être déterminantes pour récupérer des fonds auprès des personnes complices du pétrin dans lequel je me suis fourré".

Dix jours plus tard, il a déclaré que "les banques et les fonds étaient complices d'une manière ou d'une autre et les informations que j'ai transmises à Picard lorsqu'il est venu ici l'ont démontré".

Dans son courriel du 19 décembre, Bernard Madoff écrit n'avoir transmis aucune information aux enquêteurs fédéraux travaillant sur le volet pénal de l'escroquerie.

Dans son interview au New York Times, il affirme qu'il n'avait pas imaginé les conséquences sur sa famille de la mise au jour de sa fraude.

Irving Picard a lancé une procédure contre la femme de Bernard Madoff, Ruth, qui pourrait en être ruinée. Mark Madoff, fils de Bernard, s'est suicidé le 11 décembre 2010, deux ans jour pour jour après l'arrestation de son père.

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2011 à 12:50
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ouah ca c'est envoyé!

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